« Observer la loi », l’application des délateurs
L’application « Observer la loi » a fait discrètement son apparition sur la boutique AppStore le 3 octobre dernier. Rapidement repéré et déjà très controversé, l’outil permet à ses utilisateurs de dénoncer les agissements contraires à la loi et favoriserait donc l’émancipation d’un nouveau genre de délation.
Développée en collaboration avec le site « Enquête et Débats », réputé proche de la droite radicale voire de l’extrême droite, l’application« Observer la loi » a pour but avoué de « faire remonter des informations sur l’application de la loi » en France et entend contribuer à une « révolution du journalisme 2.0 ». Les concepteurs la définissent comme suit:
« Notre but, en tant que journalistes, est de permettre une enquête et un débat de grande ampleur sur l’application de la loi dans notre pays sur plusieurs lois votées par la représentation nationale.
Nous ne prenons parti ni sur le bien fondé de ces lois, ni sur le bien fondé de leur application, nous voulons permettre au grand public et au reste des médias de mieux connaître la réalité telle qu’elle est sur ces questions.
Aucune rédaction, même constituée de plusieurs centaines de journalistes, n’est en mesure de mener à bien une enquête exhaustive sur les incivilités dans notre pays, mais les gens sont désormais en mesure de le faire eux-mêmes, grâce à cette application. »
Sous cette couverture altruiste, l’application permet pourtant à tout utilisateur de smartphone de dénoncer les agissements contraires à la loi de ses concitoyens et l’initiative favoriserait donc la délation. Les thèmes ciblés sont en outre clairement mis en évidence: la législation anti-tabac, le tapage nocturne, les infractions en matière de stationnement et… le port du voile intégral.
Quand l’utilisateur repère l’une de ces « incivilités », il est invité à la signaler avant de définir le lieu des faits sur la carte. Il est en revanche (heureusement) impossible de lier une photo au témoignage.
L’application risque en tout de susciter l’indignation des observateurs et des internautes. Le débat a déjà commencé sur Twitter et ne devrait pas tarder à s’étendre partout ailleurs dans l’Hexagone…