Ce que disent les banquiers quand les micros sont coupés
Dans le jargon journalistique, on appelle ça le « off ». Challenges vous propose un florilège de propos tenus par des dirigeants de banques françaises dont ils ne souhaitent pas qu’on leur en attribue la paternité.
Respecter le sacro-saint « triple off », c’est une règle de base pour tout journaliste qui souhaite établir, puis maintenir, des relations de confiance avec ses sources. Des petites phrases peuvent alors être dites, si l’interlocuteur est absolument certain que lecteur ne pourra lui en attribuer la paternité. J’ai toujours respecté la règle que je ne trahis pas aujourd’hui. Les propos que vous allez découvrir ci-dessous ont bel et bien été tenus mais rien ne vous permettra d’en deviner ni l’auteur ni même l’établissement qu’il dirige.
Depuis quatre ans que je cherche à comprendre quelque chose aux sujets financiers, j’ai toutefois entendu des propos savoureux et, souvent, pertinents prononcées par des banquiers dont on peut dire, comme Adam l’a sans doute dit à Eve, qu’ils vivent « une époque de transition ».
Voici donc un petit florilège de choses entendues. Dans le genre des « brèves de comptoir »…
« C’est chaque fois pareil, quand un nouveau gouvernement arrive, il veut changer le calendrier des vacances scolaires et le Scellier, et en fait, rien ne change. »
« HSBC, quand il y aura une bonne crise immobilière en Chine, ils feront moins les malins. »
« La banque de détail, ça va être un massacre dans les dix ans qui viennent. Je n’ai aucune idée de ce que je fais faire de mes gars dans les agences. »
« Bâle III ? C’est tout con, avant quand on avait 38,5°C on ne pouvait pas sortir, maintenant, quand t’as 37,3°C, tu ne bouges pas. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça. »
« Un bon trader est un trader mort. »
« Les francs-maçons ? Tant qu’ils font leurs conneries le soir ou en dehors des heures de travail, je m’en fous. »
« La Banque Publique d’Investissement ? Si on régionalise le bouzin, ça va être un bain de sang de soutiens abusifs et de pertes sèches. »
« Les mutualistes, ils ont l’air sympa, mais il vaut mieux sortir à reculons si on ne veut pas se retrouver avec un couteau dans le dos en arrivant à l’ascenseur. »
« Les petits actionnaires, c’est les plus emmerdants. Ils posent tout un tas de questions, c’est tout juste s’il ne faut pas leur sortir notre comptabilité analytique. Qu’ils achètent plus d’actions, et on leur répondra. »
« Chez nous on est mauvais sur le nombre de femmes à des postes de responsabilité, en revanche – et je ne fais aucun rapprochement – sur les handicapés, on est très bons. »