Aide européenne. Les Restos du coeur très inquiets

Windshift : Il y a un an, l’Europe menaçait de réduire de 75 % son Plan d’aide aux plus démunis (PEAD). À quelques semaines de l’ouverture de la campagne hivernale des Restos du coeur, l’heure est de nouveau à la mobilisation chez les bénévoles. Car, selon les informations recueillies par l’association, le PEAD est de nouveau sur la sellette. La décision appartient au Conseil des ministres européens, qui doit voter pour ou contre la   sauvegarde de ce programme en fin d’année… Étranges décisions à l’heure ou on nous parle d’une montée du chômage et de la précarité…

Pour ceux qui n’auraient toujours rien compris au film, signalons donc que la Commission européenne a décidé le 9 juillet de diminuer l’aide alimentaire destinée, dans notre Union de bonne humeur, aux plus pauvres d’entre les nôtres.

Et aussi, l‘Europe va mettre les pauvres à la diète en taillant dans son budget d’aides

Comme on dit en vocabulaire administratif et comptable, il s’agit là d’une diminution drastique. Avant, dans le langage médical, le mot drastique indiquait ce qui ressortait d’une purge fort énergique et, si vous voulez bien, nous allons nous en tenir à cette vision laxative des choses, car voilà: l’aide alimentaire aux plus pauvres européens passera de 513 millions d’euros à 113 millions, c’est un nettoyage, un coup de balai, que dis-je un coup de balai? Un équarissage.

Ah, on le sait bien: il est terrible le petit bruit de l’œuf dur cassé sur le comptoir d’étain, il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim… (c’est du Prévert), mais la loi de la pesanteur aussi est dure certes, mais c’est la loi (c’est du Brassens).

Et c’est effectivement une décision juridique — de la Cour de Justice européenne — qui est à l’origine de cette diminution drastique. En cause : les stocks alimentaires de l’Union autrefois florissants (on avait tout en trop), aujourd’hui désertés (on manque de tout). Ce sont ces produits-là, le beurre, le lait, la farine, qui allaient, par exemple, aux restos du cœur ou aux banques alimentaires. Quand les stocks ont diminué (eux aussi), cette fourniture en nature s’est transformée en subventions en cash.

C’est cela que la Cour de justice conteste, au motif que l’agriculture est une chose et que le social en est une autre. Autrement dit, le pauvre européen n’est utile que s’il peut contribuer à vider les surplus déjà financés. Mais s’il faut payer pour lui remplir l’estomac, au pauvre européen, on lui fera passer le goût de la soupe. Déjà qu’on a payé les concombres que même les pauvres européens ne voulaient pas, de quoi se plaint-on ?

80 millions d’Européens vivent sous le niveau de pauvreté. Le sommet se souciera-t-il du niveau, c’est la question à 500 millions.

(…) Et puis on se dit : heureusement que les Grecs n’ont pas des restos du cœur puisqu’ils n’auront pas de rations non plus.

Et alors, on se demande ce qu’aurait pensé de tout cela Coluche, mort il y a tout juste 25 ans. On pense qu’on sait. On pense qu’il aurait dit : « Putain de Commission ».

Allez belle soirée et puis aussi bonne chance.

Source : http://nouvellesduprogres.skynetblogs.be/archive/2011/07/12/les-dessous-du-sommet-europeen.html