Que se passe-t-il vraiment sur les marchés financiers ?
Commençons par un exercice de pensée cynique. C’est réellement la conclusion de ce qui se passe au final sur les marchés financiers. Et la conclusion est celle-ci : la valeur des actifs financiers et des monnaies est délibérément rabaissée afin de transférer la richesse de la majorité des gens vers un petit groupe d’élites mondialisées.
Cela semble fou n’est-ce pas ? Voire loufoque, peut-être ? Nous y reviendrons plus loin. Mais d’abord…
Le résultat classique des phases de forte hausse suivies de phases d’effondrement du crédit est de transférer la propriété de biens immobiliers et d’entreprises productives de la majorité des gens vers quelques initiés. Dans notre exercice de pensée, la Réserve fédérale existe pour que cela arrive d’une façon qui n’attire pas l’attention du public sur ce qui se passe réellement. Les initiés — ou toute personne qui sait comment ces choses fonctionnent — vendent au public lors de la phase d’engouement. La phase de panique puis le krach arrivent lorsque le public se rend compte que tout est déjà joué.
Lors de ces phases de fort recul, les prix s’effondrent et la liquidité disparaît. Les biens immobiliers et le cours des actions d’entreprises réelles sont au plus bas. Si votre argent n’a pas été réduit à néant par le krach, tous les bons actifs peuvent à ce moment être achetés à un prix compétitif. Le résultat final est que la classe moyenne finit plus pauvre et que les élites politiques/financières finissent par posséder toutes les bonnes affaires.
▪ L’avènement du féodalisme moderne
Cela arrive à maintes reprises sur les marchés financiers. Les actifs productifs sont lentement amassés par un petit groupe tandis que les revenus de la majorité chutent pour de bon. On peut comparer cela à une sorte de féodalisme moderne où les paysans seraient mieux habillés et possèderaient des iPhones.
Dans ce monde féodal moderne, on ne travaille pas la terre. On travaille sur un clavier d’ordinateur — si tant est qu’on ait du travail. Et si vous n’en avez pas, l’Etat vous verse un salaire symbolique pour vous empêcher de mourir de faim/travailler. La principale amélioration apportée par le système féodal moderne est que le roi ne peut vous tuer sans autre forme de procès. Dans le système féodal moderne, seul le directeur général a le pouvoir de vous priver de vie, de liberté et de la poursuite du bonheur.
Le fait qu’une instance supérieure (le roi) ne puisse décider de vous faire mourir d’une mort arbitraire est la meilleure chose qu’ait apporté ce féodalisme moderne. Jusqu’ici, les seules personnes qui sont tuées ainsi sont les terroristes et les étrangers malchanceux qui ne votent pas aux élections américaines. Pour être juste, quand il s’agit de subsister, il y a beaucoup de calories bon marché dans le monde moderne. Les gens souffrent peut-être de malnutrition avec la nourriture moderne mais ils ne mourront pas de faim. Au pire, ils feront un coma alimentaire ou toute autre grave maladie.
Jusqu’à présent, être un serf financier était supportable. Mais quelque chose a changé après le dernier boom et avec l’effondrement actuel. Lors du krach des valeurs Internet, il y a eu un transfert de richesses. Les gens ont perdu de l’argent certes mais ce n’était pas de l’argent réel. C’était les gains de la bulle, pas des capitaux épargnés pour un plan retraite.
En outre, en réaction à l’éclatement de la bulle Internet, la Fed a abaissé les taux d’intérêt. La politique monétaire mondiale s’est synchronisée. Le résultat de tout cela fut un boom de tous les actifs partout dans le monde. Actions, obligations, biens immobiliers, matières premières… et j’en passe. Quasiment tout a connu un boom.
▪ Pourquoi la crise actuelle est différente
A présent nous en arrivons à ce qui a changé avec cette phase de recul. La phase d’effondrement a débuté en 2009. Mais les autorités ont rapidement découvert que les choses étaient devenues si complexes et avaient pris tant d’importance qu’une correction/un transfert de richesse normal(e) n’était pas possible. Si le fait de faire gonfler les actions Internet puis les regarder s’effondrer passe encore, il est moins aisé de faire gonfler tout le système financier mondial puis le regarder s’effondrer, n’est-ce pas ?
Eh bien en fait si, cela pourrait se faire. Mais il y aurait deux conséquences inévitables. La première serait un effondrement de l’économie mondiale. Car à présent tout le système est interconnecté. Un krach financier se transforme en krach économique… exactement la Grande Dépression que veut éviter Ben Bernanke. Mais ce n’est que le début.
Un krach financier signifie la fin du système monétaire mondial actuel. La dévaluation du dollar américain a joué un rôle essentiel dans le boom du crédit. Mais elle a sapé la stabilité du système du dollar. Qui dit krach du système dit krach du dollar. Qu’est-ce qui arrive après le dollar ? On peut parier que ceux qui bénéficient du système du dollar — la Fed — ne veulent pas le savoir.
Mais la conséquence la plus grave du krach du système — beaucoup plus grave que l’écran bleu de la mort de Microsoft — est que des personnes réelles voient leur vie réelle réellement voler en éclats. Lorsque les économies de la classe moyenne sont détruites via des krachs boursiers, des krachs immobiliers et de l’inflation, les gens finissent beaucoup plus pauvres. Et il ne s’agit là que de la classe moyenne. Les plus pauvres qui ont vécu le krach ont vu leur situation devenir pire qu’elle ne l’avait jamais été.
Terminons cet exercice de pensée ici. Il n’est pas possible que quelqu’un souhaite les conséquences d’un krach du système, n’est-ce pas ? Les seules personnes qui pourraient souhaiter une telle chose sont celles qui voient en cela une occasion de construire un système mondial anti-démocratique à partir des ruines du système actuel…un système avec un seul gouvernement et une seule monnaie et une seule loi qui ne s’applique qu’à ceux qui sont gouvernés et pas aux faiseurs de règles ni aux faiseurs d’argent.
Il n’est pas possible que ce soit ce qu’ils veulent, n’est-ce pas ?
Source : http://la-chronique-agora.com/que-se-passe-t-il-vraiment-sur-les-marches-financiers/