Nestlé et le business de l’eau en bouteille
Selon l’ONU, 900 millions d’humains n’ont pas accès à l’eau potable. Un manque dramatique qui, d’après une experte interrogée dans le film, fait plus de victimes parmi les enfants que les guerres, le sida et les accidents de voitures réunis. Cette situation ouvre aussi aux multinationales de l’eau en bouteille un marché colossal.
« PRÉDATEURS »
L’accusation de Maude Barlow, ancienne conseillère de l’eau pour l’ONU, est sans appel : ces multinationales sont des « prédateurs » à la recherche de la dernière goutte d’eau non polluée dans le monde. Ils « puisent toute l’eau (…) et puis s’en vont. »
Les auteurs de ce documentaire, Urs Schnell et Res Gehriger, se sont concentrés sur Nestlé. Peut-être parce que le géant suisse est le numéro un mondial du secteur avec ses 70 marques dont Pure Life, l’eau la plus vendue à travers les cinq continents.
Peut-être aussi parce que le patron de Nestlé, Peter Brabeck, évoque souvent la responsabilité sociale de son entreprise et comment les populations locales profitent de sa présence.
UNE EAU QU’ELLE PUISE POUR PRESQUE RIEN
Cette enquête menée de l’Éthiopie aux États-Unis et du Pakistan au Nigeria, met son discours fort à mal, d’autant que Nestlé, selon les documentaristes, a refusé de répondre à leurs questions.
Elle décortique la stratégie commerciale de la firme, décrit comment la multinationale valorise aux États-Unis une eau qu’elle puise pour presque rien, comment elle réduit les nappes phréatiques au Pakistan au point de priver les populations locales d’une eau qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter en bouteille…
On regrettera quelques longueurs et lourdeurs de style mais ces quatre-vingt-dix minutes posent bien une question cruciale : à qui appartient l’eau des sous-sols ? Est-elle un bien public ou, comme l’estime Nestlé, un bien marchand ?