Le 1e ministre exhorte les députés à voter massivement pour le traité de l’austérité
Jean-Marc Ayrault a exhorté mardi les élus de gauche à considérer le traité budgétaire européen comme une « étape essentielle » pour réorienter l’Europe vers la croissance et éloigner le spectre d’un effondrement de la zone euro.
Le Premier ministre s’est adressé aux récalcitrants de son camp devant l’Assemblée nationale en expliquant que ce texte, loin de condamner l’Europe à l’austérité, lui ouvrait au contraire de « nouvelles frontières ».
« Ce que je souhaite, c’est que les parlementaires qui ont soutenu François Hollande, qui sont d’ailleurs devenus députés grâce à son élection, comprennent que maintenant ce qui compte c’est d’être solidaires avec son action », a fait valoir le Premier ministre sur RTL
« Oui, l’Europe doit s’engager dans de nouveaux combats, dans de nouvelles frontières. Si elle en a la volonté, elle en a la capacité », a-t-il lancé dans une intervention d’une demi-heure aux accents de discours de politique générale européen, qui devait être suivi d’un débat sans vote.
Les chantiers en cours – de l’éducation à la défense des services publics en passant par la lutte contre la spéculation – ont constitué le corps du discours, que le Premier ministre a émaillé d’appels à la mobilisation de ses troupes.
Approuver ce traité, « cela exige du courage, mais vous en avez, cela exige de l’audace, mais vous en avez », a-t-il dit en conclusion. « Ne passons pas à côté de cette chance historique ».
Malgré quelques votes rebelles chez les écologistes et à la gauche du Parti socialiste, l’exécutif espère faire adopter le texte à l’Assemblée avec les seules voix de gauche lors du vote solennel prévu mardi prochain.
Les centristes et l’opposition de droite voteront en effet massivement la ratification d’un texte hérité du quinquennat de l’ancien président UMP Nicolas Sarkozy.
« Nous le ferons car nous assumons les choix de Nicolas Sarkozy et les choix de la majorité d’hier. Nous le ferons en définitive pour éviter à la France d’être la risée de l’Europe », a déclaré le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, raillant les divisions des socialistes.
Bousculé dans son propre camp, Jean-Marc Ayrault a dit « entendre » les arguments des détracteurs du texte.
« J’entends ! J’entends les doutes, certains bruyants, d’autres silencieux. Je compte parmi les hésitants quelques amis. Je ne leur jette pas la pierre », a-t-il dit.
Il n’a pas manqué de dramatiser l’enjeu d’un vote négatif qui ébranlerait une zone euro déjà en crise.
« La conséquence d’un vote négatif de notre pays, ce serait, vous le savez bien, une crise politique et l’effondrement de l’union monétaire », a dit le Premier ministre.
Pour la « gauche de la gauche », ces arguments sont vains.
« Ce traité n’est rien d’autre, au mot près, que le texte signé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, véritable camisole contre la souveraineté des peuples et des nations, et générateur d’austérité renforcée », a dit le communiste Alain Bocquet.
Quelques minutes avant le discours de son Premier ministre, dans la cour de l’Elysée, le président François Hollande et le Premier ministre finlandais rappelaient leur détermination à consolider l’avenir de la monnaie unique en sortant la Grèce et l’Espagne de l’ornière au plus vite. Une fronde de la majorité parlementaire constituerait un camouflet majeur du début de quinquennat du chef de l’Etat socialiste.
« Formellement, vous allez être appelés à voter sur la ratification du traité. Mais à travers votre vote, c’est sur la réorientation de l’Europe (voulue par François Hollande-NDLR) que vous vous prononcerez », a dit Jean-Marc Ayrault.
« Nous devons inventer les Airbus de demain, éliminer les freins à l’innovation, relever le défi de la compétitivité. L’Europe doit se doter d’une grande politique industrielle, qui ne peut se réduire aux règles de la concurrence », a-t-il dit.
Au delà de la lutte contre la spéculation, qui passe notamment par la séparation des activités des banques, Jean-Marc Ayrault a appelé à résorber la « dette sociale » à l’égard des peuples européens ».
« La France se battra et agira pour cette dette là aussi soit résorbée, comme l’autre », a-t-il dit.
Le traité est contesté par la gauche de la gauche, qui accuse Hollande de ne pas avoir « renégocié » le texte comme promis pendant la campagne et d’entériner ainsi une politique d’austérité. Il reprend la « règle d’or » limitant à 0,5% du PIB le déficit public structurel, qui sera mise en musique dans une prochaine loi de programmation des finances publiques. Quant au projet de loi organique, il crée un Haut conseil des finances publiques placé auprès de la Cour des Comptes qui se prononcera sur les prévisions de croissance du gouvernement et le respect des objectifs fixés.
Ces textes seront ensuite débattus la première quinzaine d’octobre à l’Assemblée.
Source : http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE89107P20121002?pageNumber=1&virtualBrandChannel=0