Afghanistan: un site bouddhiste majeur bientôt détruit pour une mine de cuivre

Windshift : Souvenez vous, en 2001, les talibans détruisaient les 3 monumentaux bouddhas de Bamiyan, sous les cris  de la communauté internationale, et justifiant en partie notre ingérence… 11 ans plus tard, une guerre bien placée au milieu, un autre site majeur, un sanctuaire bouddhiste s’étendant sur plus de 10 km carrés et recelant de nombreux trésors va être démoli par la China Metallurgical Group Corporation pour y faire une mine de cuivre…Soit un site qui sera extrêmement pollué et dont les afghans ne tireront jamais bénéfice culturel ou financier…N’y a t’il pas comme une odeur d’injustice la ? 
Après les Bouddhas de Bamiyan, chefs d’œuvre de l’art gréco-bouddhique dit du Gandâra, dynamités par les talibans en 2001, un autre site archéologique majeur est menacé en Afghanistan, celui de Mes Aynak. Il devrait disparaître d’ici la fin de l’année pour permettre l’exploitation du cuivre.

Souvenez-vous : quelques mois à peine avant les attentats du 11 septembre 2001 et le déclenchement de la guerre contre le terrorisme, le monde entier s’était ému de la destruction par les talibans, alors au pouvoir en Afghanistan, des trois monumentaux bouddhas de Bamiyan. Ces vestiges impressionnants des temps pré-islamiques, témoins d’une civilisation née de la rencontre entre l’Inde bouddhiste et les descendants d’Alexandre le Grand, avaient le grand désavantage d’apparaître comme des « idoles » aux yeux des intégristes. Ceux-ci décidèrent donc de les dynamiter. Beaucoup y ont vu la marque de l’obscurantisme des « étudiants en religion », une raison spectaculaire de plus pour haïr leur vision du monde.

Concédé à un conglomérat chinois

Que dire alors du sort qui devrait être réservé d’ici quelques jours à un autre site archéologique majeur, celui de Mes Aynak, un sanctuaire bouddhiste s’étendant sur plus de dix kilomètres carrés et recelant d’innombrables trésors ? Mes Aynak , c’est une véritable cité taillée dans la montage à 2500 mètres d’altitude, des temples, des monastères et des milliers de statues bouddhistes. Le site, qui était idéalement situé sur la Route de la Soie, fut sans doute un haut lieu de commerce et de pèlerinage. Ses vestiges, datés du IIIème au VIIème siècle sont à peine exhumés.

Ce site majeur était connu. Mais il était tombé dans l’oubli avant d’être redécouvert il y a quelques années à peine. Trop tard sans doute… En 2007, la China Metallurgical Group Corporation obtenait la concession du site pour trente ans afin d’y exploiter une gigantesque mine de cuivre à ciel ouvert. Le groupe chinois a mis le paquet : 3 milliards de dollars pour emporter le morceau, mais surtout 100 milliards de dollars de revenus escomptés en extrayant de la montagne le métal tant convoité.

Non sans ingénuité, les Chinois avancent qu’ils n’étaient pas au courant de l’existence du site lorsqu’ils ont obtenu la concession. Auraient-ils modifié leurs plans s’ils l’avaient su ? Se remémorant sans doute l’ampleur de l’émotion suscitée par la destruction des statues monumentales de Bamiyan, ils ont temporisé en 2009, accordant trois années aux archéologues pour fouiller le site et  en retirer les vestiges les plus intéressants avant de laisser les bulldozers faire place nette.

Faire en trois ans le travail de trente années

Ils se sont donc mis au travail, avec la perspective de faire en trois ans et sans matériel adapté, ce qu’il aurait fallu pas moins de trente années pour accomplir. Sous l’égide d’une équipe française soutenue par d’autres équipes internationales, des archéologues afghans s’échinent à extraire les reliques du passé de leur gangue de sable et de roche. Un travail harassant mené dans des conditions d’insécurité extrême : le site est régulièrement attaqué par les talibans et par des villageois expulsés, qui s’en prennent indifféremment aux travailleurs chinois et aux sauveteurs du site.

Le temps est désormais écoulé et les archéologues appellent au secours. Le travail n’est pas terminé. La perte probable de ce patrimoine national semble irrémédiable. De surcroît, certains craignent que d’autre sites, connus ou encore à découvrir, passent systématiquement derrière les intérêts économiques, car le sous-sol afghan aiguise tous les appétits. Ils dénoncent l’accaparement de ces richesses par quelques privilégiés et les atteintes irrémédiables à l’environnement provoquées par l’exploitation minière. Mes Aynak devrait d’ailleurs devenir un site où il ne sera plus possible de mettre le pied, tant il aura été pollué par les activités minières. « Les Afghans ne verront aucun bénéfice« , juge Brent Huffman, l’auteur d’un documentaire sur Mes Aynak, « ils souffriront d’une dévastation irréversible de l’environnement et de la perte définitive d’un héritage culturel inestimable« .

Ironie du sort, Mes Aynak aura été pendant des années un repaire des talibans, qui s’y terraient dans les cavernes. Sans détruire le site.

Source : http://www.rtbf.be/info/societe/detail_afghanistan-un-site-bouddhiste-majeur-bientot-detruit-pour-une-mine-de-cuivre?id=7846585

Appel au secours des archéologues : https://www.facebook.com/buddhasofaynak