Grèce: arrêté pour blasphème pour avoir caricaturé un moine sur Facebook
L’homme a été arrêté sur l’île d’Evia après que l’unité chargée de la lutte contre la cybercriminalité eut reçu des « milliers de plaintes en ligne (…) en provenance de différents pays à travers le monde« .
La page Facebook ridiculisant le moine Paisios était consacrée au « starets (« ancien », terme désignant un guide spirituel dans la tradition orthodoxe) Pastitsios« , une allusion au pastitsio, une plat grec populaire à base de pâtes et de boeuf. La page Facebook, qui a été retirée de la Toile et n’était pas accessible lundi, montrait un moine avec le visage recouvert de ce mets.
La police a indiqué que la page Facebook avait un contenu « blasphématoire et insultant vis-à-vis du starets Paisios et du christianisme orthodoxe » en général.
La parti néonazi Aube Dorée d’extrême droite avait présenté la semaine dernière une plainte au parlement à ce sujet.
Le moine Paisios, qui a vécu dans l’enclave monastique du Mont Athos – haut lieu de la spiritualité orthodoxe situé dans le nord de la Grèce – est mort en 1994 à l’âge de 70 ans. Il est l’objet d’un culte populaire dans le pays en raison des dons prophétiques qui lui ont été attribués. Selon les fidèles qui le vénèrent, il a prédit l’effondrement de l’Union soviétique, l’invasion de Chypre par la Turquie et l’actuelle crise économique grecque.
« Quel pays a donné naissance à Aristophane? »
L’arrestation a été dénoncée par de nombreux blogueurs grecs comme un acte de censure et une nouvelle page Facebook est apparue, consacrée au « starets Parisios », une allusion à Paris, avec la caricature d’un moine dont la tête est figurée par la Tour Eiffel.
« Rappelez-moi, quel pays a donné naissance à Aristophane (l’auteur satirique de l’antiquité grecque, ndlr) ?« , a écrit un correspondant sur Twitter tandis que d’autres ont comparé la Grèce à l’Iran et à l’Arabie saoudite.
En juillet, le modérateur de la page Facebook avait raconté avoir envoyé à des blogs orthodoxes et nationalistes, à titre de test, une histoire fictive sur un drogué mourant sur son lit d’hôpital sauvé par un miracle du moine Paisios. Le récit a été reproduit sans aucun esprit critique et s’est même retrouvé en première page d’un journal nationaliste, selon lui.
Le blasphème est un délit passible d’une peine allant jusq’à deux ans de prison en Grèce.
Quelque 90% des Grecs sont baptisés au sein de l’Eglise orthodoxe, mais cette dernière, perçue comme riche et peu impliquée dans l’aide aux pauvres, a perdu une partie de son prestige au cours des dernières années.