La banquise a fondu d’une surface équivalente à six fois la France
L’étendue de la banquise arctique a été la plus faible jamais mesurée cet été, tombant très au-dessous du précédent record de 2007 alors que la fonte des glaces s’est accélérée sous l’effet du réchauffement, a indiqué mercredi le Centre national américain de la neige et de la glace.
Les images prises par satellite montrent que la banquise s’est réduite jusqu’à 3,4 millions de kilomètres carré au 16 septembre, ce qui paraît être la plus petite superficie de l’année, précise le NSIDC (National Snow and Ice Data Centre) sur son site internet.
C’est également la moitié de la surface minimale que les glaces arctiques occupaient normalement durant l’été il y a plus de trois décennies, selon le NSIDC. « Nous sommes désormais en territoire inconnu », estime le directeur du Centre Mark Serreze. « Alors que nous savons depuis longtemps que la planète se réchauffe et que les changements les plus prononcés sont tout d’abord observés dans l’Arctique, peu parmi nous s’attendaient à ce qu’ils soient aussi rapides », ajoute-t-il dans un communiqué.
« L’accélération de la fonte à la fin de l’été indique combien la couverture de glace est fine », relève Walt Meier, un scientifique du NSIDC dans le Colorado (ouest). « La glace doit être mince pour continuer à fondre ainsi alors que le soleil descend à l’horizon à l’approche de l’automne », ajoute-t-il.
Le NSIDC a observé des changements profonds dans la banquise arctique qui dans le passé était formée de multiples couches de glace accumulées au cours des ans, dont une grande partie persistait plusieurs années.
Un tournant dans l’histoire
Mais dernièrement, la banquise est de plus en plus formée de glace saisonnière, moins épaisse et qui fond rapidement durant l’été. « L’ampleur de la contraction des glaces nous a surpris car nous nous attendions à ce que la fonte dans la mer de Chukchi et à l’est de la Sibérie refroidisse les eaux de surface, qui auraient dû rapidement geler avec la baisse des températures de l’atmosphère », explique Walt Meier.
La diminution des glaces et les moindres chutes de neige au début de l’automne accélèrent le réchauffement de l’Arctique, précise Ted Scambos, un des principaux scientifiques du NSIDC.
« Mais ce phénomène dans l’Arctique pourrait avoir un impact plus étendu sur la planète en accroissant la chaleur et l’humidité dans le système climatique du globe, affectant graduellement le climat dans les zones habitées avec plus de variations et d’extrêmes », prévient-il.
Julienne Stroeve, chercheuse au NSIDC, relève que « les derniers modèles climatiques laissent penser que le pôle nord pourrait être libéré des glaces en été avant 2050 ». Mais « la fonte observée est plus rapide qu’un grand nombre de ces modèles peuvent saisir », indique-t-elle. Pour Mark Serreze, le patron du NSIDC, à ce rythme « on pourrait bien traverser l’océan Arctique en bateau en août d’ici 20 ans ».
Réagissant à l’annonce du centre américain, un responsable de l’organisation Greenpeace, Kumi Naidoo, a estimé qu’il s’agissait d’un tournant dans l’histoire de l’humanité.
« Cette annonce représente un tournant dans l’histoire humaine: en un peu plus de 30 ans nous avons altéré l’aspect de notre planète vue de l’espace et bientôt le Pôle Nord pourrait être complètement libéré des glaces en été », déclare-t-il dans un communiqué. Mais « au lieu de s’attaquer aux causes profondes du changement climatique, la réponse actuelle de nos dirigeants est de regarder fondre la glace… », ironise-t-il.