Nouvelles tensions sur les marchés obligataires
Les taux d’emprunt de l’Espagne et de l’Italie sont remontés lundi sur le marché obligataire, les investisseurs, qui avaient salué la semaine dernière les initiatives de la Banque centrale européenne, reprenant leur souffle à l’orée d’une semaine riche en rendez-vous. Vers 18H00 (16H00 GMT), le taux de référence à 10 ans de l’Espagne, qui évolue en sens inverse du prix de l’obligation, se tendait à 5,704% sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise. Il était de 5,630% vendredi à la clôture. Le taux de l’Italie progressait encore davantage à 5,183%, contre 5,058%. Il faut dire que le produit intérieur brut (PIB) du pays s’est contracté plus que prévu au deuxième trimestre avec une baisse de 0,8%.
La dette de ces deux pays avait en fin de semaine dernière largement profité des annonces de la BCE, qui se tient désormais prête à racheter de manière illimitée leurs obligations sur le marché, pour peu qu’ils en fasse la demande. Les investisseurs, qui attendent maintenant que l’Espagne présente sa demande, optaient donc pour quelques prises de bénéfices lundi, ce qui pesait sur le prix des obligations et faisait remonter leur taux. « Le potentiel de baisse significative (des taux) semble limité » pour les pays les plus fragiles, même si leur dette ne devrait pas trop souffrir, observent les stratégistes obligataire de BNP Paribas.
Un agenda chargé pour la zone euro
De leur côté, les économistes chez Crédit Agricole CIB soulignent que l’évolution du marché obligataire « va dépendre des événements à risque au programme dans les prochains jours », notamment politiques. L’agenda est en effet chargé, ne serait-ce qu’en zone euro, avec mercredi la décision de la Cour constitutionnelle allemande sur le MES, le nouveau fonds de secours européen, ainsi que les élections aux Pays-Bas. Le gouvernement allemand reste persuadé que le MES, tout comme le pacte budgétaire, est en accord avec la Loi fondamentale allemande.
Les stratégistes de BNP Paribas notent aussi que « la réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine va accaparer l’attention du marché », alors que la Fed se réunit mercredi et jeudi. « Les attentes restent élevées en ce début de semaine quant à de nouvelles mesures de relance », selon BNP Paribas. Ces espoirs ont été renforcés par la publication vendredi de chiffre de l’emploi à la peine en août.
Parmi les autres pays de la zone euro, l’Allemagne voyait son taux grimper à 1,547% (contre 1,519%). Le pays a une nouvelle fois emprunté à un taux négatif sur une échéance de six mois. Le taux de la France montait à 2,250% (contre 2,207%), après un emprunt de 7 milliards à court terme, avec des taux négatifs à échéance 3 et 6 mois. Le président français François Hollande, qui a abaissé la prévision gouvernementale de croissance pour 2013, a annoncé dimanche 20 milliards d’euros de nouvelles hausses d’impôts l’an prochain, pour réduire le déficit comme prévu, pour un effort total de 35 milliards d’euros.
Hors zone euro, le Gilt britannique se tendait à 1,731% contre 1,684% la veille. Aux Etats-Unis, le rendement des obligations à 10 ans montait à 1,671% contre 1,668%, tout comme celui à 30 ans à 2,832% contre 2,825%. Le taux à trois mois reculait légèrement à 0,10% contre 0,11%. Sur le marché interbancaire, l’Euribor à trois mois est tombé à un nouveau plus bas historique à 0,261% contre 0,265% la veille. Le Libor libellé a reculé à 0,404%, contre 0,408% vendredi.
Source : http://lexpansion.lexpress.fr/economie/nouvelles-tensions-sur-les-marches-obligataires_333417.html