Apprendre autrement dans une école alternative

 

 

Bougies, éponges, plan de travail pour cuisiner, kit pour faire du pain et puzzles du monde, les classes de maternelle de l’institut Jeanne-d’Arc, à Roubaix, sont fournies. Et pour cause : l’école repose sur la pédagogie de Maria Montessori, dont le socle est le matériel. « L’apprentissage passe par la gestuelle, explique Hélène, maman de Ceylian, 5 ans. Par exemple, ils pétrissent la pâte du pain pour ensuite bien tenir leur stylo et écrire. » C’est la troisième année que Ceylian passe avec son « éducateur », Christian. Car ici, on garde le même professeur par cycle : de la petite à la grande section, c’est le cycle 1. Dans la classe de 28 enfants, un tiers seulement vient d’arriver. Cette continuité permet de suivre le développement de l’enfant, mais aussi de gérer une classe plus facilement car deux tiers des enfants étaient déjà là l’année dernière et connaissent les règles. Par exemple, tous les jours, un enfant est en charge du goûter et doit le préparer pour le reste de la classe. Ce matin, c’est Léona, 5 ans, qui s’est saisi d’un économe pour éplucher des concombres.

Jeanne, elle, est nouvelle. Elle ne sait pas encore que pour aller aux toilettes, il faut enfiler le collier de perles vertes. « Quand le collier est suspendu, les toilettes sont libres. L’enfant sait qu’il peut y aller et le signale à ses camarades », explique l’éducateur.

Même collier de perles en classe de CM1-CM2, le cycle 2. Mais les activités ne sont pas les mêmes. Pour la première journée, Béatrice présente le matériel : le meuble orné d’une dent de plastique et d’un poster du corps humain, c’est pour la biologie. Celui avec un globe terrestre s’intéresse à la géographie. Chaque élève peut choisir son thème de travail. Antoine, 8 ans et demi, et Germain, 10 ans, se sont mis aux multiplications. « Parce qu’on aime bien et qu’on est forts », expliquent-ils.

Tous les quinze jours, l’enfant rencontre son professeur pour faire le point. Ils décident ensemble des activités sur lesquelles il faudra insister.

« On ne laisse pas les enfants se reposer sur leurs lauriers, explique l’éducatrice. Ce fonctionnement leur apporte de l’autonomie, de la curiosité et alimente leur esprit de recherche, tout en étant accompagnés par un adulte. » Une méthode qui demande du temps et du matériel, ce qui est rendu possible ici car l’école, de confession catholique, est sous contrat avec l’État.

Dans le public aussi L’école Hélène-Boucher, à Mons-en-Baroeul, est une école publique expérimentale. C’est en 2001 que l’inspecteur de circonscription a décidé qu’une équipe de professeurs applique la pédagogie Freinet dans toutes les classes.

France Lesschaeve est arrivée il y a six ans. « On part de l’expression de l’enfant : dans leurs textes, en danse ou en art, et on y rattache le programme. » Pour l’institutrice, l’intérêt de la pédagogie Freinet réside dans le respect du rythme de l’enfant. « Mais ce qu’il y a de différent avec Montessori, c’est la coopération, les travaux de groupe. Si l’enfant écrit un texte, il aura un retour des autres, un dialogue. De cette façon, les règles du vivre ensemble se mettent en place. » Dans la classe des CP-CE1, l’heure est aux mathématiques. Les CE1 sont en travail individualisé : France leur a donné des ateliers, ils font leurs exercices en autonomie. En même temps, les CP apprennent les chiffres et les nombres. Ensuite, les CP devront être seuls. France s’occupera des plus grands. Un fonctionnement qui semble plaire à Imrân, en CE1, même si, « parfois, il faut aider les CP alors qu’on est occupé ». Tous les enfants ont un « métier » dans la classe, qui change tous les quinze jours. Avec Adam, Imrân était responsable de la météo et de la date. Pendant la récré, ils ont pris un thermomètre pour mesurer la température extérieure. « On part de l’enfant, de son environnement, pour le stimuler et l’impliquer » , explique l’enseignante.

Sur le tableau, on peut voir que les enfants se sont présentés à leurs camarades pour la rentrée. En écrivant leurs prénoms au tableau, France a mis en rouge certaines lettres. Elle a ensuite écrit d’autres mots qui avaient ces mêmes lettres, mettant ainsi en avant leur prononciation. Les murs sont tapissés de chiffres, de posters. Plus loin, un aquarium et quelques ordinateurs trônent sur une table. Avec les moyens du public, une pédagogie se développe et s’épanouit.

 

Merci Séverine

 

source:  http://www.nordeclair.fr/Actualite/2012/09/11/apprendre-autrement-dans-une-ecole-alter.shtml