Un chasseur d’oiseaux repenti


Après avoir longtemps traqué les oiseaux, un ancien chasseur n’attrape désormais plus que des touristes, venus les admirer dans un refuge qu’il a fondé en Equateur, un pays hébergeant près d’un sixième de toutes les espèces de la planète.

En 2005, Angel Paz, un paysan de 47 ans, a changé son fusil d’épaule en s’apercevant que des touristes étaient prêts à venir du monde entier pour découvrir ces volatiles dans sa réserve privée située en pleine forêt tropicale, dans le localité de Nanegalito, à seulement 90 kilomètres au nord de Quito. « Avant je les chassais. Aujourd’hui, je les protège. Je leur donne à manger et eux ils me permettent de nourrir ma famille », confie à l’AFP ce petit homme d’origine indienne, capable d’imiter le son d’une centaine d’espèces différentes.

 

Six mois à peine après sa création, son refuge baptisé « La Paix des oiseaux » avait déjà attiré des touristes des Etats-Unis, d’Angleterre, du Canada, mais aussi du Japon ou d’Inde.

En quelques minutes, le visiteur peut se retrouver entouré d’une vingtaine de colibris de tailles ou de couleurs différentes, dont certaines espèces très rares ou en voie d’extinction comme l’« Érione à robe noire », de son nom savant « eriocnemis nigrivestis », surnommé « oiseau-mouche » en raison de sa petite taille. « Un touriste voulait vraiment venir ici et quand il a fait le voyage et est arrivé, il n’en croyait pas ses yeux et il a fondu en larmes sous le coup de l’émotion », raconte Angel Paz. L’un de ses oiseaux préféré provient également d’une espèce menacée, la gralaria antpitta, qu’il a lui-même surnommé « Shakira », en référence à la star colombienne de la pop, pour sa manière rythmée de remuer la queue.

Dans cet espace de 25 hectares perché à 1.400 mètres d’altitude, l’ancien chasseur a réuni pas moins de 220 espèces d’oiseaux qu’il nourrit avec des fruits et des lombrics. Grâce à la variété de ses micro-climats, des forêts humides au sommet des Andes perpétuellement enneigé, le pays latino-américain est un gigantesque paradis pour les oiseaux, abritant quasiment la moitié de toutes les races de colibris du continent américain.

« Il existe en Equateur environ 1.600 espèces d’oiseaux, qui représentent 13% de la population des oiseaux dans le monde », explique à l’AFP l’ornithologue et guide Roberto Cedeño, qui a passé plus de vingt ans à observer les oiseaux.

Le tourisme lié à l’observation des oiseaux est devenu un commerce de plus en plus florissant. Le coût d’un voyage à travers le pays pour découvrir les différentes espèces coûte en moyenne 2.500 dollars, billets d’avion non inclus. Les seuls services d’un guide spécial peuvent coûter jusqu’à 200 dollars par jour, un budget qui ne dissuade pas les passionnés d’oiseaux, notamment en Europe ou aux Etats-Unis, où les clubs d’ornithologues amateurs sont nombreux.

« Les oiseaux sont des joyaux dans la forêt et il y a des gens qui, au lieu d’images, préfèrent collectionner les observations de ces trésors », assure Roberto Cedeño.

source: http://www.herbi-mag.com/2012/06/un-chasseur-doiseaux-repenti/