La NINJA génération

NINJA Generation ? Eh oui, la cohorte des 15 à 30 ans. NINJA, un acronyme pour « No Income, No Job, No Asset » (pas de revenu, pas d’emploi, pas d’actifs). Tirée du film « Wall Street – Money Never Sleeps », cette expression résume fort bien le sentiment de cette génération confrontée à l’explosion du chômage, à la précarité de l’emploi et à la médiocrité financière. À quoi peut et doit s’attendre cette génération ?
  • un niveau de vie médiocre ;
  • un salaire médiocre ;
  • des impôts élevés.

Avec le concours des instances gouvernementales et des entrepreneurs, on a réussi à faire passer cet état des choses comme étant la nouvelle normalité. Bienvenue dans le monde réel ! Soudainement, on se rend compte que les jeux vidéo étaient une perte de temps, que tout le monde se fout du nombre de « followers » que vous avez sur Twitter, et que tout le monde n’en a rien à cirer du nombre d’amis que vous avez sur Facebook.

Cette génération, tout comme les précédentes, a cru que le passage à l’université ou les collèges spécialisés allait lui ouvrir les portes du marché du travail. Ce qu’ils ont vraiment découvert, dans les pays où l’accès à l’université n’est pas gratuit ou subventionné en partie par l’État, ce sont des emprunts pour pouvoir étudier, avec en prime, à la sortie, peu de connaissances pertinentes pour pouvoir fonctionner dans une société tournée vers la performance, la consommation et la production de rebuts. Ne l’oublions pas, aujourd’hui, ce n’est plus l’expérience ou le talent qui compte, ce sont les compétences. Cette génération croit encore au rêve américain : vous fréquentez l’université, vous décrochez un bon emploi, vous fondez une famille, vous achetez une maison, et vous voyagez. Tout ça était encore vrai il y a vingt ou trente ans. Ce rêve est maintenant hors d’atteinte pour la majorité des représentants de la NINJA Generation.

Zygmunt Bauman a eu cette réflexion intéressante à propos de ce problème : « L’une des recommandations le plus communément proposées aux jeunes est d’être flexibles, et pas spécialement difficiles, de ne pas attendre trop de leurs emplois, de les prendre comme ils viennent, sans trop se poser de questions, et de les considérer comme une opportunité dont il faut profiter sur le moment tant qu’elle dure, plutôt qu’un chapitre d’introduction à un projet de vie, une question d’estime et de définition de soi, ou une garantie de sécurité à long terme. »

En fait, l’idée est simple : vous devez consacrer votre énergie à vous assurer d’avoir un emploi assuré que vous ne savez même pas sûr. Mais tout n’est pas perdu ! Vous pouvez vous débattre pour vous sortir de cette situation. Après tout, n’êtes-vous pas des Ninjas ?

Pierre Fraser Blog – Mai 2012

Source : http://minuit-1.blogspot.be/2011/03/video-documentaire-classes-moyennes.html