La démocratie ? Une idée neuve en Europe ?
La crise semble avoir du bon ! Peu à peu, l’idée que l’Union européenne n’est pas un modèle de démocratie fait son chemin. Malheureusement, il aura fallu 50 ans, et la crise pour en arriver là. Et encore, il n’en est pas tiré de conclusion pratique… et démocratique. De ce fait, tout est en place pour un éclatement de l’Union qui risque d’être douloureux, non seulement pour l’euro mais aussi pour les Européens.
Il y avait eu des avertissements. Quand les peuples ont été consultés, il ont, plusieurs fois, répondu « non » à la question posée : Danemark (refus d’adopter l’euro en 2000), Irlande, France, Pays-Bas. Sans vergogne, sauf au Danemark, on les a fait revoter ou bien on a fait adopter par voie parlementaire ce qui avait été refusé par référendum.
Ce n’était pas grave. La « bonne » politique, rejetée, continuait. Après 4 ans de crise, les choses deviennent de plus en plus difficile malgré une vingtaine de sommets, proclamés de la dernière chance, se terminant pas des communiqués auto-satisfaits. Invalidés avant que leur encre ne soit sèche. Et la ligne toujours maintenue.
Cette politique demande, chaque jour, de nouveaux sacrifices aux plus défavorisés pour que les États puissent apurer les dettes des banques, trop importantes pour disparaître, qu’ils ont endossées. Pendant ce temps, les riches sont de plus en plus riches. Donc tout va, presque, bien.
Tandis que les plus voraces ne pensent qu’à soumettre encore plus les peuples à un régime draconien, certains commencent à s’inquiéter. La crise de 1929 a donné 1939 ! Que va donner la crise de 2008 ? Un vent mauvais souffle déjà sur l’Europe. Le partis populistes ou d’extrême droite montent à chaque élection y compris dans les vertueux pays démocratiques de l’Europe du nord.
Même de calmes responsables commencent à perdre leur sang froid. Devant la rigidité allemande, Mario Monti, le compétent, trouve que les gouvernements (sous entendu le gouvernement allemand) devraient savoir mettre au pas leurs parlementaires, peut-être aussi leur cour constitutionnelle ? Un journal italien, tendance Berlusconi, parle du IVème Reich qui veut imposer sa politique à l’Union européenne. Ce qu’elle fait depuis longtemps.
Et quand Mario Draghi et l’ensemble du directoire de la BCE (à l’exception du directeur de la Bundesbank) n’obéit pas aux intégristes financiers, on vient lui rappeler qu’il n’a jamais été élu (comme Mario Monti et ancien de Goldman-Sachs comme lui !). Jusque là, ils ne s’en étaient pas aperçus.
Mais qu’ont décidé les élus ? Que la politique économique de Maastricht qui n’a jamais été totalement appliquée et a échoué, devait être accentuée (0,5% au lieu de 3% de déficit public) ! Que cette « règle d’or” doit être une “disposition juridique de haut niveau”, une loi organique à défaut de l’insertion dans la Constitution (décision du Conseil constitutionnel).Que l’UE était trop démocratique et que les budgets nationaux devaient d’abord être soumis à la Commission européenne avant d’être votés par les parlements nationaux ?
Pour le moment seuls deux États, le RU et la République tchèque ont refusé de signer le traité. Pour éviter un affrontement avec l’Allemagne, F.Hollande veut faire adopter le traité Merkozy.
Que va-t-il se passer ? Les huit juges de Karlsruhe, tout de rouge vêtus, vont-ils bloquer la machine ? Quel va être le facteur déclenchant du grand bouleversement ? Faudra-t-il une explosion ?
L’UE va-t-elle doucement glisser vers le repli multicentrique, l’éclatement ? La montée des sentiments nationalistes ? Ici antigermaniques. Là contre les Pigs. Et l’affrontement (1) ?
Les peuples vont-ils se soulever pour exiger la « règle d’or » du taux maximum admissible de chômage, du partage des richesses et des revenus, du blocage des mouvements migratoires vers les paradis fiscaux ?
Est-il encore temps pour un sursaut démocratique européen ?
1 – « Une nouvelle guerre de religion » entre vertueux protestants et dispendieux catholiques est même annoncée par Massimo Franco dans le Corriere della Sera du 07/09/12 à la lecture du blog de Stephan Richter, président du Global Research Center.
Source : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-democratie-une-idee-neuve-en-122437