Espagne: le Robin des bois andalou en marche contre l’austérité


Activiste aux multiples casquettes, Juan Manuel Sanchez Gordillo, surnommé « le robin des bois andalou » déclenche la polémique. Ilveut attirer l’attention sur les victimes de la crise et propose un mode de vie alternatif.
Foulard palestinien autour du cou, barbe poivre et sel à la Karl Marx, Juan Manuel Sanchez Gordillo est en première ligne de la marche ouvrière « Andalousie debout ». Cette marche a sillonné toute la région en signe de protestation contre la politique d’austérité du gouvernement de Mariano Rajoy. Elle est arrivée à Séville le 5 septembre.

A 60 ans, ce militant a organisé des opérations commando dans des supermarchés. Objectif: charger les caddies de produits de première nécessité, partir sans payer et redistribuer le butin aux chômeurs et aux familles sans ressources. « Ce n’est pas du vol, défend-il mais un geste d’insoumission. Pourquoi sauver les banques et oublier les pauvres ? »

Attirer l’attention sur les victimes de la crise
Sanchez Gordillo est devenu l’un des héros d’une désobéissance citoyenne montante contre la dureté des plans d’austérité. Un déclic, alors que jusque là, l’Espagne avait subi une rude série d’ajustements budgétaires avec peu de soubresauts sociaux. Le gouvernement sape les services publics de santé et d’éducation et entraine la suppression de prestations sociales aux plus démunis, tandis que le taux de chômage s’approche de 25%.

Taxé de démagogue, tour à tour applaudi ou décrié, il agace et fascine. Celui que la presse s’est empressée de baptiser « Le Robin des bois andalou » n’en n’est pas à son coup d’essai. Fort d’une longue expérience, le député régional étiqueté Izquierda unida (coalition écolo-communiste), est un militant très actif du syndicat andalou des travailleurs (SAT). Il avait d’ailleurs connu son heure de gloire en lançant un mouvement d’occupation des terres par les journaliers dans les années 80.

« La terre à ceux qui la travaillent »
Un activiste également élu maire depuis 33 ans de Marinaleda, une commune de 2700 habitants, au sud de Séville, vue comme une enclave de résistance dans la Gaule occupée. Ce village où le taux de chômage est proche de 0% (contre 34% en Andalousie) est géré par un système d’assemblées. L’accès au logement est garanti à tous, et la plupart des habitants travaillent – tous au même salaire- pour une coopérative agricole. Celle-ci exploite les terres d’une grande propriété laissée à l’abandon dont ils ont réussi à obtenir légalement l’usage il y a une vingtaine d’années, au nom du principe :  » la terre à ceux qui la travaillent « .

Il n’y a pas si longtemps, l’utopie anachronique de Sanchez Gordillo faisait poliment sourire. Aujourd’hui elle interroge : et si c’était la voie pour échapper à la pression des marchés et aux diktats de Bruxelles ?

Les actes de l’activiste andalou ont été condamnés avec véhémence par les principaux partis politiques. Pourtant, ils suscitent la sympathie des mouvements issus de la protestation des Indignés. Ces derniers prônent la désobéissance civile pour protéger les plus démunis, qu’il s’agisse des médecins qui veulent continuer à soigner les immigrés sans-papiers, malgré la loi qui leur retire l’accès à la santé gratuite, ou encore des collectifs qui défendent l’occupation de logements par les familles surendettées qui se seraient retrouvées sans logis.

Le Robin des bois andalou est toujours dans l’attente d’une éventuelle inculpation. Mais cela ne semble pas vraiment l’affecter.

source :http://www.levif.be/info/actualite/international/espagne-le-robin-des-bois-andalou-en-marche-contre-l-austerite/article-4000174119471.htm