Québec: la chef de gouvernement Pauline Marois annule la hausse des frais de scolarité
Pauline Marois, devenue la première femme chef de gouvernement du Québec, a annoncé mercredi qu’elle annulerait la loi spéciale limitant les manifestations et la hausse des frais de scolarité prévue par Jean Charest, mettant fin à six mois de mobilisation étudiante.
« Mon gouvernement va annuler la hausse des droits de scolarité par décret », a annoncé Mme Marois lors d’une conférence de presse à Montréal.
La loi spéciale dite loi 78 « n’aura donc plus lieu d’être, j’ai l’intention de proposer son abrogation et je suis convaincue que les partis d’opposition vont être d’accord », a-t-elle ajouté, assurant qu’elle tiendrait ensuite un sommet sur l’enseignement supérieur.
L’annonce de Mme Marois vient corroborer les dires de la présidente d’un des syndicats étudiants, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, qui a précisé à l’AFP que la promesse de campagne de Mme Marois pouvait être réalisée sans vote au parlement, grâce à un décret ministériel.
« Ça fait longtemps qu’on se bat pour obtenir ce gain, on peut dire mission accomplie », a commenté Martine Desjardins interrogée par la chaîne publique Radio Canada, confirmant que « la majorité des associations étudiantes avaient décidé de retourner en classe ».
La hausse des frais de scolarité, de 82% sur sept ans, décidée par le gouvernement libéral sortant de Jean Charest, a été à l’origine du conflit étudiant déclenché en février dernier et ayant débouché sur une grève des cours et de nombreuses manifestations, parfois violentes.
Cette évolution du conflit a conduit le gouvernement libéral à faire voter le 18 mai une loi spéciale, officiellement censée garantir le libre accès aux cours des étudiants non-grévistes mais imposant aussi des limitations aux manifestations.
Du coup, une partie de l’opinion publique, jusque-là favorable à la hausse des frais de scolarité justifiée par les besoins de financement des universités, s’est retournée contre le gouvernement, jugeant qu’il allait trop loin et empiétait sur les libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression.
Mme Marois a pris fait et cause pour les étudiants, arborant leur emblème, le carré rouge, à l’Assemblée nationale et promettant d’annuler, en cas de victoire aux législatives, les mesures prises par les libéraux.
M. Charest en a tiré argument pour l’accuser de se mettre du côté de « gens de la rue » pratiquant « la violence et l’intimidation ».
Le PQ n’en a pas moins remporté mardi les législatives, d’une courte tête, et Mme Marois doit former dans les prochains jours un gouvernement minoritaire.