Le Québec commence à voter, succès indépendantiste attendu
Les souverainistes du Parti québecois avaient été chassés en 2003 par les Libéraux de Jean Charest, le Premier ministre sortant.
Les Québécois votaient mardi au terme d’une campagne marquée par un désir d’alternance, après un long conflit étudiant au printemps, qui devrait se traduire par le retour au pouvoir des indépendantistes dans la province francophone. « J’espère qu’on va se débarrasser de l’ancien gouvernement, il est plus que temps de le faire », dit devant un bureau de vote du centre de Montréal Daniel Peterkin, en chemisette dévoilant une musculature impressionnante.
« Je n’ai pas voté pour le PQ (Parti Québécois, indépendantiste), mais j’espère quand même que ce ne sera pas Charest, c’est surtout ça », renchérit devant un autre bureau de vote une étudiante dans la vingtaine, Héloïse Hébert Imbeault.
Une quadragénaire venue avec une pancarte appelant à « voter avec le coeur » rêve d’un Québec indépendant. « Ce serait plus facile à gérer, un petit pays, on pourrait mettre qu’on veut être pour l’environnement, qu’on veut garder nos ressources naturelles, qu’on veut qu’ils ne viennent pas nous les voler ». Derrière elle, une grand-mère d’origine française, Thérèse Boily, est sceptique. « Indépendance ? Je ne suis pas tellement pour ça, moi. Habituellement on change pour pire ».
Près de six millions d’électeurs – dont un million a déjà voté par anticipation – devaient choisir 125 députés de l’Assemblée nationale lors d’un scrutin uninominal à un tour. A 11h30 locales (15h30 GMT), la participation atteignait 8,6%. Si on y ajoutait le vote par anticipation, 16,6%, on parvenait à un total de 25,2%, en forte progression sur environ 17% enregistrés à la même heure en 2008.
Les écarts entre les trois principaux partis – les libéraux du Premier ministre sortant Jean Charest, en place depuis 2003, le Parti Québécois de Pauline Marois et la Coalition Avenir Québec de François Legault – sont réduits, selon les sondages. Ainsi, si la victoire du PQ apparaît probable, il n’est pas certain que ce parti dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale et pourrait être amené à former un gouvernement minoritaire. Quoi qu’il en soit, Mme Marois devrait devenir la première femme à la tête de la province dans l’histoire du Québec.
L’incertitude demeure aussi sur le parti qui arrivera deuxième et pourra former l’opposition officielle. Selon le dernier sondage publié dimanche, le PQ de Pauline Marois rassemblait 33% d’intentions de vote, la Coalition Avenir Québec (CAQ, centre-droit) 28%, et le Parti libéral du Québec (PLQ) 27%. La campagne électorale a porté sur les grands enjeux de la vie de la province, en premier lieu l’économie et l’emploi, les services de santé et la nécessité de combattre la corruption, dont le gouvernement libéral sortant est soupçonné, sans que cela ait jamais été prouvé devant les tribunaux.
Elle a été marquée aussi par la résurgence du débat sur l’indépendance du Québec. Celle-ci est un élément essentiel de l’identité du Parti Québécois de Pauline Marois, qui se garde toutefois d’annoncer la tenue d’un troisième référendum, après les échecs en 1980 et 1995. Enfin, le conflit étudiant sur la hausse des frais de scolarité décidée par les libéraux a cristallisé l’opposition entre le PQ, qui avait pris fait et cause pour les jeunes – et compte en retirer un bénéfice électoral – et les libéraux, favorables à la hausse et flétrissant l’appui des indépendantistes aux étudiants en grève, au nom du droit d’accès à l’éducation.
Les bureaux de vote doivent fermer à 20H00 locales (00h00 GMT mercredi)