L’État vole au secours du Crédit immobilier de France
Le gouvernement est contraint d’apporter sa garantie au petit prêteur immobilier en difficultés. Son PDG a quitté ses fonctions après un conseil d’administration de crise.
Encore une crise dont le nouveau gouvernement se serait bien passé. Après la nouvelle dégradation infligée mardi par Moody’s, le sort du Crédit immobilier de France (CIF) était scellé. Faute d’avoir trouvé une solution d’adossement, le prêteur a appelé l’État à la rescousse.
«Pour permettre au groupe CIF de respecter l’ensemble de ses engagements, l’État a décidé de répondre favorablement à sa demande de lui octroyer une garantie», a indiqué samedi le ministère de l’Économie, confirmant une information du Figaro. «Cette garantie sera mise en place sous réserve de l’autorisation de la Commission Européenne et du Parlement, qui sera saisi dans le cadre de la plus prochaine loi de finances», précise le communiqué de Bercy. Comme lors de l’octroi de garanties publiques à Dexia, le gouvernement a besoin de l’aval de Bruxelles dans le cadre de la procédure des aides d’État.
Les pouvoirs publics soutiennent l’établissement centenaire afin d’éviter toute panique sur un gros émetteur français. Car si le CIF est un petit réseau bancaire avec ses 300 agences, plus de 30 milliards d’euros d’emprunts portent sa signature. Or,l’abaissement de la note par Moody’s donnait la faculté aux investisseurs de se faire rembourser certaines lignes obligataires. De ce fait, l’établissement, incapable de se refinancer depuis la première dégradation de sa note en février dernier, s’acheminait à grands pas vers la crise de liquidité. Vendredi soir, un conseil d’administration du CIF en a tiré les conséquences.
Des actifs de bonne qualité
Les pouvoirs publics ont posé des conditions à leur intervention. L’une d’elle a déjà été remplie. Claude Sadoun, le PDG du réseau bancaire, quitte ses fonctions. Son successeur à la direction générale sera choisi par l’État. En échange de son soutien, le gouvernement devrait en outre, selon toute vraisemblance, mettre sous tutelle le CIF, qui ne pourra plus prendre de décisions sans en référer à son sauveteur. À charge pour le groupe bancaire, propriété de 56 Sacicap, sociétés régionales proches des collectivités locales et du monde HLM – de préparer un plan de résolution qui sera présenté à Bruxelles.
Confronté à une crise similaire, le Crédit Foncier de France avait été nationalisé à la fin des années 90. Mais un tel schéma ne semble pas envisagé, à ce stade. Le groupe devrait plutôt être géré en extinction. Un scénario à la Dexia. Ce nouveau sauvetage, en outre, ne devrait pas coûter d’argent au contribuable car le CIF est fortement capitalisé, avec 2,4 milliards d’euros de fonds propres. Les pouvoirs publics, au contraire, pourraient même réaliser un gain, au final, car les actifs de la banque sont de bonne qualité.
Bercy devrait, en tout cas, négocier avec le réseau les conditions de rémunération de la garantie et surtout une clause de retour à meilleure fortune. En attendant, le monde HLM et celui de l’accession sociale à la propriété va se réveiller en état de choc.
Source :LeFigaro