Heures sup, frais à la Banque Postale, dézonage du passe Navigo… Tout ce qui change au 1er septembre
ECONOMIE – Plus de mauvaises nouvelles que de bonnes pour le portefeuille des Français…
La rentrée s’annonce salée pour le portefeuille des ménages. Après les hausses des prix du train, de l’électricité, du gaz, entre autres, le mois dernier, à compter du 1er septembre les avantages liés aux heures supplémentaires seront enterrés. Fini le «travailler plus pour gagner plus» cher à Nicolas Sarkozy. Si depuis le 1er août, les heures au-delà des 35 heures hebdomadaires sont de nouveau soumises à l’impôt sur le revenu, le véritable changement surviendra samedi, quand elles ne seront plus exonérées de charges. Ainsi, les neuf millions de salariés qui bénéficiaient de ce dispositif verront leur pouvoir d’achat amputé de 500 euros par an en moyenne. Les enseignants, surtout les agrégés, ne seront pas épargnés avec une perte d’environ 20 euros par mois.
>> Notre reportage: «Les perdants, c’est nous, les salariés»
Ce qui aurait pu être une bonne nouvelle pour les consommateurs risque bel et bien de faire «pschittt». En effet, dès samedi, les commissions interbancaires sur les prélèvements et TIP (Titre interbancaire de paiement) seront divisés par deux avant d’être purement et simplement supprimés dans un an, selon une décision de l’Autorité de la concurrence de juillet. Pour le TIP, le montant passera de 7,6 centimes à 3,8 centimes d’euro. Ces commissions, pour certaines, fixées de façon uniforme depuis la fin des années 1960 «augmentent les coûts des banques qui les paient et qui, ainsi, sont apparues susceptibles d’influencer –à la hausse– les tarifs des clients des banques», analyse l’Autorité. Qui dit baisse des frais pour les institutions financières, en théorie, dit ristourne aux clients. Serge Maître, secrétaire général de l’Association française des usagers des banques (Afub) doute qu’elle soit appliquée. Malgré tout, par un autre biais, les consommateurs pourraient en bénéficier indirectement.
Baisse des factures pour les consommateurs?
Ainsi, les entreprises dites «facturières» – qui sont payées par leurs clients par prélèvement automatique ou TIP– comme par exemple les fournisseurs d’énergie, les opérateurs de télécommunications-Internet, les assureurs, pourraient répercuter la diminution et à terme la suppression des commissions interbancaires que leur faisaient payer les banques. «Le montant des commissions réinjectées dans l’économie atteindra ainsi près de 300 millions d’euros par an en année pleine», assure l’Autorité. Ce sont les consommateurs qui sont susceptibles de bénéficier de cette évolution, du fait de la répercussion, par les créanciers, des économies de frais bancaires, par exemple dans leurs prix.» Réponse: dans les mois qui viennent.
Retraits facturés
Etablissement financier toujours, les 10,5 millions de clients de la Banque Postale verront les retraits d’argent effectués dans les distributeurs automatiques de ses concurrents facturés au prix de 0,65 euro par opération, à partir du sixième. «La Banque Postale mène une offensive contre ses clients», peste Serge Maître. Seront particulièrement pénalisés les clients en zone rurale qui doivent parfois faire plusieurs kilomètres pour trouver un distributeur aux couleurs de l’enseigne et qui avaient choisi la Banque Postale pour ses tarifs plus doux. Et parmi eux, surtout ceux qui en raison de faibles revenus, retirent à chaque fois des petits montants par peur d’être à découvert.
Les cartes à débit différé visées
Ce n’est pas tout, les titulaires d’une carte à débit différé verront la date de prélèvement passé du 5 du mois suivant au dernier jour du mois ouvré. Concrètement, les achats réalisés entre le 28 et le 27 septembre seront prélevés le 28 septembre et non le 5 octobre. «Non seulement la banque est susceptible ainsi d’aménager à son profit un volant de trésorerie et liquidités, mais surtout elle n’ignore pas que les salaires et traitements sont perçus par ses clients entre le 29 et le 4 et qu’en décidant unilatéralement de fixer «au dernier jour ouvré du mois» les débits jusqu’alors exécutés le 5, les usagers vont désormais être soumis soit au risque de rejet soit à la facturation de ces très chères commissions d’intervention», enrage l’Afub. Elle dénonce une mesure unilatérale qui selon elle viole l’article 1134 alinéa 2 du Code Civil et appelle les clients de la Banque Postale à boycotter cette décision en exprimant leur refus, ceci par une lettre recommandée au directeur général, Philippe Wahl, et à Didier Moate, directeur activités banque de détail. Pour l’Afub, la taxation de 43euros pour une carte à débit différé apparait désormais sans raison au regard du surcoût par rapport à une carte à débit immédiat.
Protestations
L’Afub tout comme l’UFC Que Choisir ont reçu des centaines de courriers de protestation. Comme François B., de Montlouis-sur-Loire (Indre et Loire): «Le paiement du salaire, du traitement, de la retraite de millions de citoyens a lieu vers le 1er de chaque mois. Avancer le paiement du différé revient à mettre en difficulté de nombreux foyers.» «Cette décision est dans la droite ligne de la politique cupide que pratiquent les dirigeants de la Banque Postale depuis quelque temps. Elle va permettre de générer plusieurs millions d’euros de trésorerie pour la banque en gagnant de cinq jours à une semaine sur les débits», abonde le syndicat Sud-PTT. «Après des études préalables, nous avons voulu mettre en place un dispositif qui permettra à nos clients de mieux gérer leur trésorerie en visualisant leurs dépenses et leurs revenus sur un même mois», explique la Banque Postale. Sur les 500.000 titulaires de cartes à débit différé, 90% touchent leur salaire avant le 30 du mois. Et d’après ses calculs, environ 30.000 pourraient rencontrer des difficultés en raison de ce changement. Elle assure trouver avec chacun d’entre eux des solutions individualisées avec des remises d’agios. «On veut les accompagner au mieux avec un impact quasi-nul», plaide un porte-parole.
Les travailleurs les plus aisés n’ont pas été oubliés. Ainsi, dès demain, la fiscalité sur les dirigeants va augmenter. Les fameux parachutes dorés seront soumis aux cotisations sociales dès le premier euro quand ils dépassent 363 720 euros contre 1.091 160 euros auparavant.
Malgré tout, une bonne nouvelle à se mettre sous la dent, mais seulement pour les Franciliens: le dézonage de la carte Navigo le week-end pour les pass mensuels et annuels. Autrement dit, la possibilité pour un usager d’aller partout en Ile-de-France quel que soit son abonnement.