Des micro-fissures sur les cuves de dix réacteurs nucléaires français


A l’initiative de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire belge (AFCN), des représentants des autorités de sûreté nucléaire de sept autres pays européens (France, Suisse, Suède, Pays-Bas, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni), ainsi que des Etats-Unis, se sont réunis jeudi 16 août à Bruxelles.
Ils doivent examiner la situation de la cuve du réacteur numéro 3 de la centrale de Doel, près d’Anvers, où des milliers de possibles fissures ont été découvertes. Ils devraient se revoir en octobre, quand les résultats d’analysescomplémentaires effectuées en Belgique seront disponibles.

Ces pays avaient été invités car certains d’entre eux possèdent des réacteurs – une vingtaine au total – dont la cuve, comme celle de Doel 3, avait été fournie, il y a une trentaine d’années, par le groupe néerlandais Rotterdamsche DroogdokMaatschappij (RDM), aujourd’hui disparu.

A l’issue de cette réunion, le patron de l’AFCN, Willy De Roovere, a dévoilé l’étendue des « potentielles fissures » détectées en juin et juillet sur la cuve de Doel 3 : elles seraient au nombre de 8 000 et d’une taille d’environ 20 mm.

Ces défauts sont situés dans la masse des cylindres d’acier formant la cuve abritant le cœur du réacteur. Ils sont, selon toute vraisemblance, présents depuis la fabrication de l’acier brut par le groupe allemand Krupp (aujourd’hui ThyssenKrupp) ou sont apparus au moment du forgeage des cylindres par RDM.

Selon M. De Roovere, ces fissures, détectées par capteurs à ultrasons, sont presque parallèles aux parois des cylindres. Elles présentent donc moins de risques pour la solidité de la cuve que si elles étaient perpendiculaires aux parois. Mais leur grand nombre « crée un sentiment de malaise », souligne le directeur de l’AFCN.

LA MOITIÉ DES FISSURES À LA CENTRALE DE TRICASTIN

A l’arrêt jusqu’au 30 septembre, Doel 3 ne sera autorisé à redémarrer que si Electrabel, l’exploitant de la centrale, filiale du groupe français GDF Suez, parvient à convaincre les experts qu’il n’existe aucun risque que ces anomalies se transforment en véritables fissures, par lesquelles de l’eau de refroidissement pourrait s’échapper, mettant à nu le réacteur.

« Ce sera difficile à prouver », a averti M. De Roovere, qui juge la date du 30 septembre peu réaliste et se dit « sceptique » quant à l’avenir de ce réacteur de 1 000 mégawatts. Il a aussi écarté l’hypothèse d’une réparation ou d’un changement de cuve.

L’autorité de sûreté belge a également révélé que c’était suite à la découverte, en 2004, de fissures sur les cuves de réacteurs français, notamment au Tricastin (Drôme), que la Belgique avait décidé de planifier des contrôles plus poussés de ses centrales.

De fait, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française fait état, dans une note de novembre 2010 – passée inaperçue – de la détection, depuis 1993, de 33″défauts sous revêtement » (des fissures situées sous le revêtement interne en acier inoxydable) sur les cuves de 10 réacteurs.

Plus de la moitié d’entre elles (17) affectent le réacteur 1 de Tricastin, les autres se trouvant sur les réacteurs de Fessenheim 1 et 2, Chinon B-3, Gravelines 6, Blayais 2, Dampierre 3, Saint-Laurent B-1 et B-2.

« Les défauts découverts jusqu’à aujourd’hui ne dépassent pas une dizaine de millimètres de hauteur », indique l’ASN, qui estime qu’ils « ne sont pas comparables à ceux détectés à Doel 3 ». Un contrôle supplémentaire, entre les visites décennales réglementaires, a néanmoins été décidé pour Tricastin 1.

Greenpeace s’étonne de la « différence d’approche » entre les autorités de sûreté française et belge, la première considérant que « ces micro-fissures ne sont pas nocives », tandis que la seconde envisage, si ses craintes se confirment, defermer définitivement deux des principaux réacteurs du pays.

Source : LeMonde

Merci Mahamo