Un article de 2007 qui mérite d’être ici :
Marie-Françoise, la grand-mère émeutière du Paris-Bamako – Je recommencerai !
Pour s’être opposée à une expulsion musclée, fin avril à Roissy, une grand-mère de Saint-Nazaire a été poursuivie pour incitation à la rébellion.
Elle était prévenue pour ce motif, le 3 juillet dernier devant le tribunal correctionnel de Bobigny : 1 000 euro d’amende était la sanction réclamée par le procureur.
Acte I : Les faits
Marie-Françoise venait d’embarquer dans l’avion d’Air-France pour le Mali le 28 avril.
Elle allait prendre, pendant cinq semaines, la direction de la Maison du partenariat de Bamako, gérée par l’association Léo-Lagrange, où elle travaille depuis plus de trente ans.
« J’avais remarqué que l’appareil était garé loin de l’aéroport et qu’au pied se trouvait une voiture de police » explique t-elle.
À l’intérieur, deux Noirs sont assis au dernier rang, encadrés par quatre hommes en civil.
Lorsque le commandant annonce l’imminence du décollage ils se mettent à crier.
« Aussitôt, ils ont été violemment ceinturés, un coussin sur le visage pour étouffer leur voix. »
La scène provoque l’indignation d’un premier passager, un homme d’affaires malien (500 euro d’amende demandé par le procureur) qui se lève pour protester contre un tel traitement, imité par plusieurs compatriotes. « C’est là que je me suis levée et que j’ai déclaré d’une voix forte que j’avais honte d’être Française. Que je n’avais pas payé un billet d’avion pour participer à ce genre d’opération honteuse ».
Le calme ne reviendra que lorsque le commandant de bord aura intimé aux policiers de quitter l’avion avec les deux Maliens. « Ils s’exécuteront, mais pour remonter par l’arrière cinq minutes plus tard, accompagnés d’un nombre impressionnant de policiers en uniforme. »
L’énervement est à nouveau à son comble à l’intérieur de l’avion,, un responsable de la Police aux frontières est appelé, qui décidera de faire descendre les deux Maliens mais également « les initiateurs de l’émeute ». « Vous et vous ! » dit-il « en pointant son index vers moi et l’homme d’affaires malien ».
Au poste de Roissy, Marie-Françoise est placée en garde à vue avant d’être transférée, menottée, au dépôt où elle passera la nuit, dans une cellule d’une saleté repoussante, sans eau ni sanitaires, la lumière allumée en permanence pour l’empêcher de dormir. « J’ai été relâchée le lendemain à 17 h. Trop tard pour attraper l’avion de Bamako, si bien que j’ai dû passer une journée de plus à Roissy. »
Cette grand-mère de cinq petits-enfants est indignée par les méthodes de la police qui l’a désignée comme une émeutière, comme l’instigatrice d’une rébellion, elle qui a passé sa vie professionnelle à l’encadrement et à l’éducation de la jeunesse. « À lutter contre l’indifférence, contre le repli sur soi », évoque-t-elle, comme une évidence…
Acte II jugement : la Relaxe
Relaxée ainsi que le franco-malien poursuivi « je recommencerai » a déclaré Marie-Françoise…au nom du « droit à l’indignation : tout citoyen a le droit de dire ce qu’il pense de l’action de la police quand elle emploie des méthodes inhumaines. »
La présidente de la chambre correctionnelle a estimé que ses propos « discutables et excessifs » avaient participé à l’échec de la reconduite à la frontière…mais « ne démontrent pas la volonté de s’opposer de façon violente à l’action de la police. »
Source : http://lesogres.org/article.php3?id_article=3119
Merci Pilippe