Londres refuse de laisser partir Assange

L’Equateur doit annoncer jeudi s’il accorde l’asile politique au fondateur de Wikileaks Julian Assange, réfugié depuis deux mois dans son ambassade à Londres, mais la Grande-Bretagne a d’ores et déjà averti qu’elle ne l’autoriserait pas à quitter cette représentation diplomatique.

L’Equateur fera part de sa décision jeudi à 12h00 GMT, a déclaré le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patino, au cours d’une conférence de presse mercredi soir à Quito.

Quelle que soit la décision, le Royaume-Uni a averti jeudi qu’il n’autoriserait pas Julian Assange à quitter libre l’ambassade d’Equateur, selon une note rendue publique jeudi par le Foreign Office après une réunion la veille avec des membres du gouvernement de l’Equateur dans la capitale équatorienne.

« Nous devons être absolument clairs sur le fait que si nous recevions une demande de sauf-conduit pour M. Assange, après qu’il aura obtenu l’asile politique (de l’Equateur), ceci serait refusé, conformément à nos obligations légales », est-il écrit dans cette note confidentielle.

Le ministre équatorien, pendant sa conférence de presse mercredi soir, s’était en outre indigné de la menace britannique de donner l’assaut à l’ambassade.

« Mercredi, nous avons reçu du Royaume-Uni la menace expresse et par écrit qu’un assaut pourrait être lancé contre notre ambassade à Londres si l’Equateur ne lui remettait pas Julian Assange », a déclaré le ministre .

« L’Equateur rejette de la manière la plus énergique la menace explicite » britannique, a-t-il affirmé.

La justice britannique avait donné son feu vert à l’extradition de Julian Assange vers la Suède, où la justice veut le juger pour viol et agression sexuelle.

Le Foreign Office a répété mercredi que la Grande-Bretagne était « déterminée » à l’extrader.

« Le Royaume-Uni a l’obligation légale d’extrader M. Assange vers la Suède (…) et nous restons déterminés à remplir cette obligation », a affirmé un porte-parole du Foreign Office.

Julian Assange, un Australien de 41 ans, est accusé par la justice suédoise de viol et d’agression sexuelle. Depuis le 19 juin, il est réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il a déposé une demande d’asile politique, pour éviter son extradition vers la Suède.

Le fondateur de WikiLeaks dit redouter d’être transféré dans un second temps aux Etats-Unis pour y répondre d’espionnage après la divulgation par son site de 250.000 télégrammes diplomatiques américains.

Selon le chef de la diplomatie équatorienne, « la position qu’a adoptée le gouvernement de Grande-Bretagne est inadmissible, tant du point de vue politique que du point de vue juridique ». « Une entrée non autorisée dans l’ambassade d’Equateur serait une violation flagrante de la Convention de Vienne » sur les missions diplomatiques, a déclaré M. Patino.

L’Australie a de son côté implicitement « lâché » Julian Assange jeudi. « Finalement (…) c’est une affaire entre M. Assange et l’Equateur » et « de plus en plus, il semble que ce soit une affaire entre l’Equateur et la Grande-Bretagne », a déclaré la ministre de la Justice, Nicola Roxon, à la radio ABC.

Londres pourrait justifier une telle intervention par une loi de 1987 sur les statuts des locaux consulaires et diplomatiques qui permet de lever l’immunité d’une ambassade sur le sol britannique.

Un appel à manifester devant l’ambassade, située dans le quartier chic londonien de Kensington, a été lancé sur le réseau social Twitter.

Une dizaine de policiers étaient présents jeudi devant l’ambassade.

Le président équatorien Rafael Correa, dirigeant de gauche très critique envers Washington, a affirmé à plusieurs reprises que « s’il s’avérait que la vie d’Assange était en danger, c’était une raison qui justifiait l’octroi de l’asile », soulignant que « la peine de mort pour des délits politiques existe aux Etats-Unis ».

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20120816.AFP5847/londres-refuse-de-laisser-partir-assange-l-equateur-doit-annoncer-sa-decision-sur-l-asile.html