Déversement de jus toxiques à côté d’une réserve
Depuis vendredi, une buse d’arrosage géante déverse des jus toxiques à côté de la réserve naturelle des Grangettes dans le canton de Vaud. La Fondation MART se dit révoltée. Il s’agit d’un test, réplique le canton.
La Fondation MART se dit révoltée par la méthode appliquée pour «assainir» l’ancienne décharge des Saviez à Noville (VD). Depuis vendredi, une buse d’arrosage géante déverse des jus toxiques à côté de la réserve naturelle des Grangettes. Il s’agit d’un test, réplique le canton.
Ces lixiviats (jus de décharge contaminés) sont déversés dans les bas-marais des Saviez, juste à côté de l’étang et de la réserve naturelle des Grangettes, a indiqué la Fondation MART (Mouvement pour les Animaux & le Respect de la Terre) dimanche dans un communiqué. Leur teneur en ammonium dépasse de 100 fois les normes autorisées, dénonce-t-elle.
La Fondation demande aux autorités de mettre fin à cette pratique néfaste pour la nature et les animaux. Il semble que la raison de cette pratique inadmissible est purement financière, poursuit MART dans son communiqué.
«Les autorités préfèrent polluer l’environnement plutôt que d’assainir une décharge dans les règles de l’art, à savoir en traitant les jus de la décharge à la station d’épuration du SIGE à Roche».
STEP ou l’Eau froide
La décharge des Saviez a été exploitée par plusieurs communes de la Riviera et du Chablais vaudois depuis les années 1940 jusqu’en 1976. Son assainissement a été décidé en 2007.
La première phase a eu lieu en 2010. Le système de drainage mis en place devait permettre de recueillir les jus de la décharge et de les acheminer à la STEP en cas de concentrations élevées en polluants. Si les jus n’en contiennent pas trop, ils doivent être déversés directement dans la rivière l’Eau Froide à son embouchure dans le Léman.
Ce dernier procédé est exclu pour le moment. Les valeurs limites fixées par l’Ordonnance sur la protection des eaux sont largement dépassées, relève la Fondation.
Coûts en cause
Le traitement des eaux contaminées à la STEP coûte environ 169’000 francs par année, selon la fondation écologiste. Pour en écourter la durée et en réduire les frais, une deuxième phase d’assainissement a été convenue d’entente avec le Service des eaux, sols et assainissement du canton de Vaud (SESA).
Il est prévu d’asperger 100 m3 de jus toxiques cinq heures par jour et 7 jours sur 7 sur une surface de 4’500 m2 autour de la buse géante. L’inhalation de ce jus peut provoquer des problèmes respiratoires, son contact avec la peau, les yeux ou les muqueuses, des rougeurs; et son ingestion, des nausées, des maux de gorge, et des vomissements.
On peut dès lors s’interroger sur les différences de traitements, affirme MART. D’un côté des panneaux mettent en garde la population de ne pas s’approcher de la zone arrosée. Et d’un autre, les autorités ne voient pas de problème à ce que la végétation et les animaux sauvages soient aspergés avec des substances toxiques, ajoute-t-elle.
Oxygénation
La décharge, qui abritait les ordures ménagères des communes environnantes, ne faisait pas partie des priorités en matière d’assainissement, a expliqué à l’ats Jean-François Jaton, chef du SESA. Bien qu’elle ne présente aucun danger, elle l’a été en raison des marécages voisins.
La décharge a été séparée de la réserve par une paroi étanche. Un collecteur drainant récolte les eaux qui sont amenées à la STEP, mais le processus coûte très cher, a relevé le chef du SESA. Les ingénieurs ont donc envisagé de favoriser le processus de dégradation de l’ammonium en l’oxygénant.
Essai
L’aspersion se fait uniquement dans la décharge, et non dans la réserve, comme lorsque l’on arrose son jardin, a-t-il relevé. L’eau est là et on essaie de la traiter le plus naturellement possible par ce procédé.
Il s’agit d’un essai. Il a été mis sur pied pour économiser l’argent du contribuable. S’il n’est pas concluant économiquement ou pour l’environnement, il sera arrêté, a souligné M.Jaton
Source : http://www.tdg.ch/suisse/deversement-jus-toxiques-cote-reserve/story/29877424