Un spectre hante le monde… l’anarchie.

L’anarchie serait-elle une idée neuve ? Souvent perçue comme obsolète par ses détracteurs, la pensée libertaire théorisée par Bakounine, Proudhon, Stirner et d’autres ne s’est-elle pas au contraire revitalisée ces dernières années ? N’aurait-elle pas connu, par exemple, un déplacement sur internet ? Par-delà les quelques collectifs et journaux militants, les Anonymous n’en sont-ils pas la jeune garde, se demande même Olivier Frébourg, directeur des éditions des Equateurs, qui publient le premier volume de l’impressionnante Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure, bréviaire de la pensée libertaire de 2 893 pages écrit dans les années 30.

 

A relire les textes de cette somme explorant des centaines de notions comme “autorité, argent, capital, altruisme, bonté, axiome, besoin, Bourse, camaraderie, célébrité, contrat…”, il saute aux yeux qu’une certaine idée de l’anarchie vibre toujours dans notre époque, ne serait-ce que dans les désirs disséminés dans le monde entier, des Anonymous aux indignés, d’une transformation de la société fondée sur le refus de l’autorité, l’autogestion, l’égalité économique et sociale, l’abolition du salariat, des pouvoirs institués…

Comme le remarquait Noam Chomsky, il n’existe pas de “principes anarchistes fixes”, à la manière d’un catéchisme rigide : l’anarchisme vise surtout à surmonter les structures de domination. En ce sens, les militants d’un internet libre, luttant contre toutes les formes de pouvoir de contrôle, sont un visage, parmi d’autres, de la pensée libertaire : une posture politique vivante dont Sébastien Faure avait saisi la puissance de feu éternelle.

Source : http://www.lesinrocks.com/2012/07/18/actualite/anarchie-internet-jeunesse-11279860/