La série noire continue pour les demandeurs d’emploi, pas d’éclaircie en vue
La situation sur le front de l’emploi en France s’est aggravée en juin pour le 14e mois consécutif, sans éclaircie en vue, selon les experts qui évoquent une « crise sociale », en raison du nombre record de chômeurs de longue durée, constituant le défi numéro un pour le nouveau pouvoir.
Le mois dernier, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité en France métropolitaine a poursuivi sa hausse pour atteindre 2,945 millions de personnes, soit 23.700 de plus qu’en mai (+0,8% sur un mois, +7,8% sur un an), a annoncé mercredi le ministère du Travail.
En incluant les personnes exerçant une activité réduite, ce sont 4,395 millions de Français qui étaient à la recherche d’un travail, un record depuis la mise en place de ces statistiques en 1991. « Cette hausse –48.400 personnes de plus en un mois– est d’une ampleur très importante, plus observée depuis 2009 », souligne Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi.
« Le plus inquiétant est que nous ne sommes pas sûrs d’être dans un pic. La conjoncture risque de se dégrader en 2012 et 2013. On n’attend plus de baisse, la seule inconnue est: la prochaine hausse du nombre de demandeurs d’emplois sera-t-elle plus ou moins forte que la précédente? », pronostique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.
Un avis partagé par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management, qui estime même « que la dégradation pourrait s’accélérer » et prédit une « rentrée tendue sur le front de l’emploi ».
La « mobilisation du gouvernement est entière » « tant pour répondre à l’urgence sociale » que pour mettre en oeuvre « la feuille de route sociale » tracée lors de la grande conférence sociale, a réagi le ministère du Travail.
Ces chiffres « appellent une vigilance accrue dans l’attente de la mobilisation de 80.000 contrats aidés supplémentaires au 2nd semestre » et « confirment également la nécessité des renforts de moyens pour Pôle emploi » (2.000 postes en CDI) annoncés le 2 juillet, écrit-il.
« Drame social »
Outre-mer compris, 4,670 millions demandeurs d’emploi étaient recensés fin juin, avec ou sans activité, soit une hausse de 1,1% en un mois (+6,8% en un an).
Ce sont notamment les chiffres historiques des demandeurs d’emploi de longue durée (plus d’un an) qui alarment politiques et experts.
Ils étaient 1,684 million en juin, et même 1,824 en comptant les DOM, un record depuis qu’ils sont ainsi comptabilisés par le ministère (1996).
Et depuis juin dernier, la proportion de ceux qui n’ont plus d’emploi depuis plus de trois ans a explosé (+21,6%).
« C’est le phénomène le plus inquiétant », selon l’économiste Mathieu Plane, qui évoque « des risques de « basculement vers la pauvreté » et de « crise sociale », Mme Carrère-Gée parlant elle de « drame social ».
Les 50 ans et plus sont toujours les plus touchés : +1,4% en juin (+15,9% sur un an) pour les demandeurs d’emploi sans aucune activité.
Pour favoriser le maintien des seniors dans l’emploi et l’embauche des jeunes en CDI, deux outils seront lancés en 2013, les « emplois d’avenir » à destination des jeunes des quartiers et le « contrat de génération », a rappelé le ministère dans son communiqué.
Concernant les motifs d’entrée sur les listes de Pôle emploi, les fins de CDD et de mission d’intérim sont toujours en hausse, « traduisant l’ajustement de l’emploi au sein des entreprises », relève Philippe Waechter.
Alors qu’une avalanche de plans sociaux est redoutée et que l’actualité est dominée par l’annonce de 8.000 suppressions de postes par PSA, les licenciements économiques n’ont connu qu’une hausse de 0,7% en juin. Ils font toutefois un bond de 7,1% sur un an.