Coup d’état économique contre l’Espagne

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« nous ne pouvons pas nous serrer la ceinture et baisser notre pantalon en même temps »

 Le ministre Allemand des finances Wolfgang Schauble, s’il insiste le 23 juillet pour que la Grèce « rattrape son retard » sur la résorption de son déficit, indique par comparaison que l’Espagne « se remettra vite sur pied ». Pronostic incendiaire. Là-bas, un autre incendie couve.

Car en Espagne se préparent des semaines explosives pour août et septembre, en témoignent les centaines de milliers de personnes qui ont défilé il y a quelques jours et l’unité d’action qui s’est produite entre les différentes organisations syndicales et les mouvements sociaux qui font le constat que les politiques appliquées appauvrissent, font souffrir la majeure partie de la population, et sont imposées par la dictature des institutions européennes, dirigées par des marchés et des instances économiques qui n’ont pas été élues démocratiquement. D’où une demande de référendum sur le sujet.

Cayo Lara, d’Izquierda Unida,  qualifie de « Coup d’État économique contre la société espagnole » la politique de coupes budgétaires qu’applique le Gouvernement de Mariano Rajoy, prédisant que « face à cette attaque qui se produit, le peuple va descendre chaque fois plus dans la rue car la souffrance augmente chaque fois plus. » 

Face à une « situation d’émergence maximale » et à une société « exsangue », il estime indispensable d’ « arrêter les coupes et s’interroger sur les politiques qui les fondent, vaincre la logique de la stabilité budgétaire et en finir avec l’idée que le déficit et la dette priment sur le bien-être des gens et du pouvoir des droits démocratiques»

« Si, parmi les politiques qu’applique le Gouvernement »,  analyse-t-il, « il existait un atome d’espoir que nous puissions entrevoir une société qui pourrait se refaire dans un laps de temps plus ou moins long, quelqu’un pourrait penser que ça vaut la peine. Mais le problème, c’est qu’on ne connaît aucun pays qui, en pratiquant des politiques néolibérales pour sortir de la crise au moyen de coupes et de réajustements, aient relevé la tête ».

Cayo Lara a lu le 20 juillet une déclaration à l’extérieur du Palais de la Moncloa (Madrid) où se tenait le conseil des ministres espagnols:

APPEL POUR UNE RÉBELLION DÉMOCRATIQUE

« Au cours de notre histoire la plus récente, nous, les citoyens espagnols, hommes et femmes, avons vécu des situations très difficiles qui ont engendré l’humiliation, la douleur et la souffrance, conséquences de l’imposition des privilèges et de l’enrichissement démesuré d’une minorité de la société.

Cette minorité n’a jamais hésité à utiliser toutes les mesures à sa portée, rupture de la démocratie et violation des libertés, pour assurer la concentration du pouvoir et de la richesse dans peu de mains.

Depuis la perte des libertés et pendant les 73 dernières années, toujours dans des conditions très difficiles, les travailleuses et travailleurs,- aux côtés des représentants et représentantes du monde de la culture et des sciences- se sont mobilisés pour défendre la liberté et les conquêtes sociales qui contribuent au bien-être des citoyens espagnols.

Ce n’a pas été facile. Ce fut et c’est encore un processus long et pénible mais ça en vaut la peine.

Les travailleuses et travailleurs, les secteurs les plus combatifs de nos peuples et, avec eux, l’ensemble de la société, nous avons obtenu des conquêtes relatives à l’amélioration des conditions de travail, des services publics, santé, éducation, retraites dignes, une réduction progressive du temps de travail, etc.

En définitive, des améliorations de nos conditions de vie auxquelles nous ne devons ni n’allons renoncer. Toutes ces conquêtes, qui n’ont pas été des cadeaux, sont menacées aujourd’hui par les décisions des nouveaux Gouvernements d’Espagne qui, en application de la dictature de la Commission Européenne, du Fonds  Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne, prétendent nous les supprimer pour sauver les escrocs des banques et les spéculateurs.

Ils réduisent les salaires, ils augmentent les années de travail et les heures par semaine, ils nous expulsent du marché du travail par des licenciements rapides et bon marché, ils détruisent les services publics, de la santé, de l’éducation et de l’aide à la dépendance, ils menacent les retraites, mettent en péril la recherche et la culture et nous laissent sans droits en réduisant les libertés et en limitant la démocratie, qui est aussi une conquête du peuple.

Izquierda Unida considère que le moment est venu d’organiser une rébellion démocratique solide et massive dans laquelle se retrouvent tous les secteurs, collectifs et personnes qui sont soumis à de coupes budgétaires ou qui en souffrent et qui n’ont pas d’autre alternative que de régresser cinquante ans en arrière.

C’est le moment de la résistance, de la mobilisation et du choix pour mettre fin à cette politique qui appauvrit et fait souffrir la majorité de la population espagnole, qui humilie et impose une régression morale qui veut nous arracher notre dignité humaine.

Nous appelons tous les hommes et les femmes d’Espagne, les travailleurs et les travailleuses, le monde de la culture, la communauté scientifique, la jeunesse, les élus, tout le peuple, afin d’organiser une véritable rébellion face à cet authentique coup d’État antidémocratique contre la majeure partie de la société. Cette rébellion doit arrêter les coupes budgétaires et s’interroger sur les politiques qui les fondent,  vaincre la logique de la stabilité budgétaire et en finir avec l’idée que le déficit et la dette priment sur le bien-être des gens et sur le pouvoir des droits démocratiques.

Cette rébellion doit servir à obtenir que le peuple se prononce et prenne entre ses mains les destins du pays pour faire payer la crise à ses auteurs, les spéculateurs, les escrocs financiers acceptés et encouragés par les élites antidémocratiques qui dirigent les destins de l’actuelle politique de l’Union Européenne, de connivence avec la social-démocratie et la droite des pays européens.

Pour toutes ces raisons, nous appelons tous les démocrates à battre le Gouvernement et ses politiques.

Nous appelons tous les citoyens et les citoyennes à rejoindre cette rébellion, à se mobiliser, à participer activement à la lutte pour une autre politique par leurs actions et propositions.

Nous recouvrerons la liberté qu’ils nous refusent.

« Arrêter les coupes budgétaires, la régression sociale et le recul démocratique, c’est possible ! »

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/fatarella/230712/coup-d-etat-economique-contre-la-societe-espagnole