Les régions espagnoles vont-elles précipiter le pays hors de la zone euro?

Après les banques, Madrid doit faire face à la situation financière très critique de plusieurs régions…

L’euro a beau être «irréversible» selon le patron de la Banque centrale européenne dans un entretien accordé au Monde ce week-end, les marchés financiers profitent de l’été pour tester sa capacité de résistance. Après la Grèce, c’est au tour de l’Espagne d’être sous le rouleau compresseur des investisseurs.Ce lundi matin, le taux auquel nos voisins empruntent de l’argent sur dix ans a dépassé 7,55%, du jamais vu depuis la création de la monnaie unique. Problème, ce taux est jugé par l’ensemble des observateurs comme insoutenable pour les finances publiques du pays. Par comparaison, la France emprunte à 2,061%.

Effondrement du secteur bancaire

Déjà pris à la gorge par l’effondrement du secteur bancaire en raison de l’explosion de la bulle immobilière, l’Espagne voit ses régions crier au secours. Les ministres des Finances européens se sont mis d’accord, vendredi, sur une enveloppe qui peut aller jusqu’à 100 milliards d’euros pour recapitaliser les institutions financières. Problème, sa mise en place est très complexe alors que le «pare-feu» de la zone euro, le fameux Mécanisme européen de stabilité (MES), n’entrera pas en vigueur avant septembre. De plus, les révisions à la baisse des projections officielles de croissance du pays (- 0,5% en 2013 contre – 0,2% et 1,2% en 2014 contre 1,4%) rendent très difficile la réussite des objectifs de réduction des déficits du pays. Impossible de demander aux Espagnols davantage de rigueur. En effet, comme le notent les économistes d’Aurel BGC, les tensions sociales et les manifestations se multiplient dans le pays: «Le risque de rejet de l’Europe dans la population est important.» «En somme, les milliards d’euros économisés par une austérité de plus en plus rude sont engloutis instantanément dans les paiements d’intérêts, principal poste de dépense qui continue de gonfler la dette publique du pays», résume l’économiste Marc Fiorentino.

Six régions pourraient demander de l’aide

Et comme si ce n’était pas suffisant, la Communauté de Murcie est devenue dimanche la deuxième région d’Espagne à demander une aide financière au gouvernement central,après celle de Valence vendredi. Au final, près de la moitié des 17 régions espagnoles pourraient demander à puiser dans un fonds spécial de 18 milliards d’euros mis en place par le gouvernement il y a une semaine. En effet, elles doivent refinancer 36 milliards d’euros en 2012. Accusées régulièrement de mauvaise gestion, elles sont les principales responsables de la dérive des finances publiques du pays. La Catalogne, par exemple, a près de 42 milliards d’euros de dette.

Mais en dépit des sommes avancées par les Européens, elles pourraient bien s’avérer insuffisantes pour freiner la contagion. Pourtant, le ministre de l’économie a réaffirmé, lundi, que le pays n’avait pas besoin d’un plan de sauvetage global.

Une intervention de la BCE?

«Seule une intervention massive de la BCE pourrait réellement rassurer les investisseurs», avancent les économistes d’Aurel BGC. En clair, demander à l’institution de Francfort de racheter directement de la dette ibérique pour faire retomber le niveau des taux d’emprunt. Au risque de créer de l’inflation qu’elle est censée combattre.

La situation espagnole souligne crûment, une nouvelle fois, la divergence des économies dans la zone euro. «Partager une monnaie ne suffira pas à assurer la cohésion d’une zone quand, dans le même temps, les écarts de taux de chômage, de taux de croissance ou de compétitivité entre pays n’ont jamais été aussi forts dans l’histoire moderne, souligne Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo securities. La balkanisation financière est bien avancée quand on voit qu’il n’y a presque plus de demande de non-résidents pour la dette» de l’Espagne. «Si les marchés de crédit devaient totalement se fermer pour ce pays, est-on certain que la solidarité européenne s’exercerait à plein, sachant qu’elle impliquerait des sommes autrement importantes qu’en Grèce? Nous avons des doutes sur ce point», estime le spécialiste. L’euro est-elle vraiment irréversible pour l’Espagne?

Source : http://www.20minutes.fr/economie/975357-regions-espagnoles-vont-elles-precipiter-pays-hors-zone-euro#xtor=RSS-145

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