Une aide à l’ Espagne accordée par téléphone à la dernière seconde avant la descente aux enfers, cela suffira t-il ? Et pour combien de temps ?
En échange de son aide, la zone euro impose aux banques de présenter des plans de restructuration conformes aux règles sur les aides d’Etat et mettre à l’écart leurs actifs douteux dans une structure de défaisance.
La zone euro a donné vendredi son feu vert au plan d’aide aux banques espagnoles, qui prévoit une enveloppe pouvant aller jusqu’à 100 milliards d’euros, a indiqué l’Eurogroupe dans un communiqué. « Les ministres (des Finances de la zone euro) ont à l’unanimité donné leur accord à l’aide financière pour recapitaliser les banques en réponse à la demande de l’Espagne le 25 juin dernier », indique le communiqué. Ils ont estimé que « fournir un prêt à l’Espagne pour recapitaliser ses banques est nécessaire pour garantir la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble ».
La décision a été prise lors d’une brève conférence téléphonique qui a commencé vers 12H00 (10H00 GMT) et qui était uniquement consacrée à ce sujet.
L’aide sera octroyée via le Fonds de soutien de la zone euro (FESF) puis le Mécanisme de stabilité (MES), appelé à lui succéder rapidement. Elle sera ensuite transmise au Fonds public d’aide pour les banques espagnoles, le Frob.
« Les besoins spécifiques des banques seront déterminés sur la base d’un audit (…) qui doit être finalisé en septembre », souligne le communiqué de l’Eurogroupe, sans donner de détails sur le calendrier des versements. Le FESF va en attendant « mettre de côté 30 milliards d’euros » fin juillet, en cas de besoin urgent de recapitalisation des banques espagnoles cet été, comme déjà annoncé.
Inspections de la Commission
En échange de son aide,la zone euro va imposer des conditions strictes « qui se concentreront sur le secteur financier »: les banques espagnoles devront présenter des plans de restructuration conformes aux règles sur les aides d’Etat et mettre à l’écart leurs actifs douteux dans une structure de défaisance, ou « bad bank ».
La régulation et la supervision bancaire devront également être renforcées. Cela pourrait passer par des inspections de la Commission européenne dans tout établissement bancaire espagnol, d’après un projet de mémorandum qui a fait l’objet de fuites. En outre, « le mémorandum a établi clairement que l’Espagne doit respecter ses engagements pour corriger son déficit excessif de manière significative d’ici 2014 et doit appliquer les recommandations macroéconomiques » de Bruxelles, a souligné le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn dans un communiqué à part. « Le lien entre ces exigences et le programme pour le secteur financier est délibéré et pertinent », a-t-il affirmé. « Ce n’est que grâce à une action sur tous ces fronts que l’Espagne peut créer la stabilité financière et l’économie dynamique et compétitive capables de faire reculer le chômage de manière constante et durable », a-t-il ajouté. Concernant les exigences macroéconomiques, « les progrès seront suivis de près et régulièrement », a prévenu l’Eurogroupe.
Même en ayant obtenu un plan d’aide « sur mesure », l’Espagne est gagnée par la contestation face au nouveau tour de vis imposé par son gouvernement, pour réduire son déficit et revenir dans les clous européens : une marée humaine a envahi jeudi soir le centre de Madrid, pour dire non au nouveau plan de rigueur qui impose une hausse de la TVA, ainsi que de sévères coupes budgétaires.
Le feu vert de la zone euro était largement attendue, sachant que les Parlements allemand et finlandais –qui pouvaient s’opposer à ce plan d’aide–viennent de l’approuver. Le Bundestag allemand a donné son feu vert jeudi et le Parlement finlandais vendredi matin. Helsinki a au préalable trouvé un accord avec Madrid sur des contreparties pour garantir sa participation à ce nouveau plan de sauvetage.
L’approbation de la zone euro survient au moment où les taux d’emprunt espagnols sont repassés au-dessus de 7%, un niveau difficilement soutenable dans la durée. De nombreux analystes craignent au final que le plan d’aide mis sur pied par la zone euro ne soit pas suffisant.
Source : les Echos