Inde : la Cour suprême dénonce les essais cliniques illégaux
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La Cour suprême indienne a accusé des groupes pharmaceutiques de se servir de citoyens comme « cobayes » pour des essais cliniques, sans leur consentement, et a demandé au gouvernement de produire un rapport. Mais les autorités rechignent à agir et les auteurs de ces tests demeurent peu inquiétés.
L’Inde est régulièrement touchée par des scandales liés à la pratique de tests pharmaceutiques sur les populations les plus démunies. Les personnes utilisées à ces fins ne sont souvent pas informées de la nature des essais auxquels elles se prêtent, ou si elles le sont, leur niveau de connaissance ne leur permet pas de donner leur consentement éclairé.
Un gouvernement laxiste
Les juges de la plus haute juridiction du pays, R.M. Lodha et A.S. Dave ont estimé « extrêmement regrettable que des essais cliniques puissent avoir lieu et que des gens meurent. » Ils en ont appelé aux responsabilités des autorités gouvernementales : « quelles mesures ont-elles été prises ? », se sont-ils interrogés, ajoutant que « des êtres humains sont traités comme des cobayes ».
Ils ont aussi dénoncé la lenteur du gouvernement, à qui ils reprochent de ne pas avoir remis à temps un rapport sur les pratiques des groupes pharmaceutiques après une requête déposée par un groupe de médecins et une association relative aux droits de la santé.
Cette plainte faisait suite à un scandale qui avait provoqué la colère dans la province de l’Etat de Madhya Pradesh. Selon les plaignants, des patients qui s’étaient rendus au centre médical local pour des soins de routine, avaient été utilisés pour tester des médicaments visant à traiter des dysfonctionnements sexuels. Le rapport en question faisait état de plus de 200 patients soumis à ces tests sans que leur consentement ne soit préalablement recueilli.
Beaucoup à gagner, très peu à perdre
Les associations s’inquiètent depuis longtemps de la situation. Elles craignent en effet que le pays ne devienne une véritable plaque tournante des essais cliniques illégaux. Les géants pharmaceutiques peu scrupuleux sont attirés par des « tarifs » indiens en matière de tests médicamenteux défiant toute concurrence, comparativement aux pays occidentaux. Ils profitent également d’un vide juridique dans le pays et de condamnations frisant habituellement le ridicule pour les médecins qui se prêtent à ces crimes.
Les douze médecins accusés d’être impliqués dans le scandale de l’État de Madhya Pradesh s’étaient vus condamnés à une amende de 5 000 roupies, soit 72 euros.