PSA : 8000 LICENCIEMENTS ET UN SITE FERMÉ

Le premier constructeur automobile français a provoqué une onde de choc. Les condamnations sont unanimes tandis que le gouvernement répond expertise, concertation et plan de soutien. 

 

8000 suppressions de postes et la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois en 2014 : l’annonce de PSA Peugeot Citroën a provoqué une onde de choc hier matin. Le premier constructeur automobile français a justifié ce plan par un bénéfice net divisé par deux l’an dernier, une perte nette au premier semestre 2012 (le montant n’a pas été précisé) et une réduction durable des marchés.

Les 8000 suppressions se déclinent en 6500 départs et 1500 reclassements. Outre le site d’Aulnay (3000), celui de Rennes est singulièrement touché (1500), les derniers milliers étant trouvés hors production, dans la recherche et développement et la direction des marques. Sur les 80 000 salariés qui constituent la branche automobile, les 8 000 suppressions représentent donc 10% mais ne disent encore rien de l’impact en terme de sous-traitance, d’intérims et d’emplois induits.
L’annonce a eu l’effet d’une claque. Sur les salariés tout d’abord qui ont laissé éclater colère et inquiétude (lire ci-contre), mais aussi en Seine-Saint-Denis où se trouve le site d’Aulnay. « C’est un séisme économique et social pour un département qui connaît déjà un chômage élevé » s’est inquiété Stéphane Troussel, socialiste pressenti pour devenir président du Conseil général. Le maire, Gérard Ségura, socialiste lui aussi, a d’emblée dit ne pas être « en capacité d’assumer le choc tout seul, avec 400 familles directement concernées et des services sociaux déjà saturés ».

Au seul profit des actionnaires
Pendant que le député socialiste du territoire enrage sur « les aides publiques de plusieurs milliards d’euros perçues ces dernières années par PSA », son homologue communiste, Marie-George Buffet, interroge clairement : « Oui ou non va-t-on laisser la direction du groupe automobile qui a versé 200 millions de dividendes en 2011, décider la mise à mort d’usines modernes au seul profit des actionnaires ? » Les répliques se sont enfin faites sentir au niveau national. Car l’annonce semble confirmer l’érosion de la production automobile, en chute libre depuis les années 2000 et traite aussi de l’activité industrielle en général.
Dans la classe politique, la condamnation a été quasi unanime. « Colère », « choc »… Les mêmes mots reviennent (lire ci-contre). Le député UMP Jacques Myard va même jusqu’à dire que c’est « à inscrire au crédit dramatique de la conception économique de Bruxelles et de son tout concurrence », tandis que l’ancien ministre Bruno Lemaire lâche un « Peugeot est en train de prendre une décision pour des raisons financières sur le dos des salariés ». Un peu tard… Mais l’heure est presque à l’union sacrée, Jean-François Coppé affirmant : « il faut que le gouvernement sache que dans ce domaine, l’opposition est à ses côtés ».

Expertise, concertation et plan
Mais que fait le gouvernement, justement ? Alors que la conférence sociale vient de se terminer et que, comme le déplore Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, « aucune mesure d’urgence a été annoncée » ? Une expertise, une concertation et un plan : tel est le triptyque formulé par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Un expert – Emmanuel Sartorius – doit « approfondir les causes de la situation actuelle du groupe qui conduisent à ce plan et les conséquences d’un tel plan » avec rendu de la copie avant la fin du mois. Une concertation doit être lancée sans délai, avec « comme objectifs premiers la préservation durable de l’emploi et le maintien d’une activité industrielle sur tous les sites français ». En espérant que PSA joue le jeu. Enfin, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, doit présenter « un plan de soutien à la filière automobile » au conseil des ministres du 25 juillet, date du deuxième CCE extraordinaire de PSA. Bref, le gouvernement reste poli et est encore loin de la loi contre les licenciements boursiers ou le moratoire suspensif dans les comités d’entreprises sur les plans sociaux demandés par les syndicalistes et le Front de gauche.

Source : http://www.lamarseillaise.fr/le-fait-du-jour/psa-8000-licenciements-et-un-site-ferme-27478.html