PSA : en situation critique le groupe taille dans ses coûts
En raison de l’effondrement de ses ventes en Europe, selon Denis Martin, le directeur industriel, le groupe va restructurer d’autres usines ainsi que des sites tertiaires.
Il y a le feu chez PSA. La fermeture de l’usine d’Aulnay n’est pas la seule mesure drastique que le constructeur s’apprête à prendre. En situation «très très difficile», en raison de l’effondrement de ses ventes en Europe, selon Denis Martin, le directeur industriel, le groupe va restructurer d’autres usines ainsi que des sites tertiaires. PSA, qui avait déjà annoncé à l’automne la suppression de 6000 postes en Europe pour 2012, dont 3500 en interne et 2500 chez des prestataires, puis porté en février son plan d’économies à 1 milliard d’euros, estime que ces réductions de coûts ne sont pas suffisantes, a indiqué jeudi Philippe Varin, le patron du groupe, aux syndicats, rapporte Jean-François Kondratiuk, de la CFE-CGC.
Au-delà d’Aulnay, «il y a un certain nombre de dispositions à prendre vis-à-vis d’autres sites industriels, entre autres celui de Rennes, et concernant nos sites de recherche et développement», a averti Denis Martin, précisant que des mesures concerneraient aussi les effectifs «de structure», via probablement un élargissement du plan de départs volontaires.
Très dépendant de l’Europe – 58 % de ses volumes en 2011 -, le groupe est touché de plein fouet par la chute de ses ventes sur le Vieux Continent, en recul de 15 % sur les cinq premiers mois de l’année. Résultat, la plupart de ses douze usines européennes (six en France) tournent largement en dessous de 75 % de leurs capacités, le seuil minimal pour espérer gagner de l’argent. La situation est critique sur les sites de petites voitures. L’an dernier, les sites d’Aulnay, de Poissy et de Madrid n’étaient remplis qu’à 68 %, 63 % et 60 % de leurs possibilités.
Hémorragie de cash
L’usine de Rennes, spécialisée dans les berlines haut de gamme, est un autre sujet de préoccupation. La suppression annoncée pour cette année d’une équipe de nuit, qui travaillait sur la 508, et la fin de la fabrication de la Citroën C6 pourraient selon les syndicats toucher un millier de personnes. Le groupe étudie la possibilité de confier la fabrication de la C5 à un site allemand de son partenaire Opel. En contrepartie, l’usine bretonne fabriquerait des véhicules des deux groupes sur une plate-forme de voitures compactes. Le groupe cherche aussi des solutions pour son site de Sevelnord, où il construit des véhicules utilitaires avec l’italien Fiat, qui a décidé de se retirer de l’usine. PSA cherche à y localiser un futur véhicule, avec un nouveau partenaire, qui pourrait êtreToyota. Quant au site de Madrid, qui produit des 207, il devrait se voir attribuer un nouveau véhicule.
PSA est entré dans une spirale infernale. Après avoir perdu 500 millions d’euros au second semestre 2011, la division automobile pourrait accuser un déficit de 600 millions au premier semestre, selon la Deutsche Bank, qui estime que la mise en place de la fermeture d’Aulnay coûterait 200 millions d’euros, mais permettrait d’économiser par la suite 100 millions par an.
Plus grave encore, la trésorerie fond à toute allure. Le groupe aurait brûlé 1,6 milliard d’euros de trésorerie sur le seul premier semestre, selon la Deutsche bank. Déjà confronté à ce problème l’an dernier, PSA s’est lancé dans un plan de cession d’actifs de 1,5 milliard, comprenant la vente de son siège social ou la sortie d’une partie du capital de sa filiale Gefco. Ces difficultés ont été sanctionnées par la Bourse. En un an, le titre a perdu 75 % de sa valeur!