Vigilance : Forte augmentation des intoxication pédiatriques au cannabis

Fumeurs, ne laissez pas traîner vos boulettes à portée de vos animaux, et surtout pas de vos petits enfants, cela peut être très lourd de conséquences. Les petits, nous le savons, portent tout à leur bouche et éventuellement ingèrent ce avec quoi ils jouent.  Lorsqu’il s’agit de croquettes pour animaux, c’est sans conséquence. Lorsqu’il s’agit d’un psychotrope qu’il soit naturel ou chimique, le problème devient grave.

Cet article est un article médical, il n’y a aucun jugement moral.  Nous rappelons ici que la consommation de cannabis est interdite par la loi française.

Forte hausse des intoxications au cannabis chez les enfants

Aude Lecrubier

Saint-Denis, France — Sur son site internet, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’inquiète de la hausse des signalements d’intoxications pédiatriques au cannabis observée depuis 2014 [1].

« Ces intoxications touchent principalement les enfants de moins de 2 ans. Elles font le plus souvent suite à l’ingestion accidentelle de cannabis dans l’environnement familial », indique l’agence.

L’ANSM insiste sur la gravité de ces intoxications qui conduisent très souvent à une hospitalisation de plus de 24 heures.

Suite à la hausse des signalements d’intoxications pédiatriques au cannabis par de nombreux médecins, notamment urgentistes, une analyse de l’ensemble des notifications reçues par les Centres d’addictovigilance entre 2010 et 2014 pour les enfants de moins de 10 ans a été réalisée. En parallèle, une requête a été effectuée dans la base nationale des hospitalisations pour rechercher les admissions d’enfants de moins de 10 ans en lien avec une consommation de cannabis.

Des hospitalisations d’au moins 24h

Au total, entre 2010 et 2014, le réseau d’addictovigilance a rapporté 140 notifications d’intoxications pédiatriques au cannabis dont 59 ont concerné la seule année 2014.

En outre, sur 140 notifications, 120 ont débouché sur des hospitalisations d’au moins 24 heures, avec 9 cas graves (situations ayant mis en jeu le pronostic vital et entraîné une admission en réanimation pédiatrique ou en soins continus).

« L’évolution de ces cas a été favorable et à ce jour aucun décès n’a été rapporté. Les manifestations cliniques décrites ont été des troubles cardiaques, ventilatoires et neurologiques », précise l’ANSM.

L’agence indique que la grande majorité des cas concernait des enfants de moins de 2 ans.

Une donnée qui n’a rien d’étonnant alors que le pic des intoxications accidentelles chez l’enfant se situe entre 18 et 36 mois ( voir la vidéo Medscape, Quand suspecter une intoxication chez l’enfant).

Une augmentation de 63% des hospitalisations en un an

En parallèle, les données de la base nationale du PMSI dénombrent 247 hospitalisations liées au cannabis chez les enfants de moins de 10 ans en 2014, versus 151 en 2013. Elles concernent, là aussi, majoritairement les moins de 2 ans.

Les zones les plus touchées sont l’Ile-de-France et le sud (PACA, Rhône-Alpes).

Selon le point d’information : « cette hausse des intoxications pédiatriques se fait en parallèle de l’augmentation de la consommation de cannabis dans la population générale et sans doute également de celle des teneurs en tétrahydrocannabinol (THC) du cannabis qui sont de plus en plus élevées. »

Les moyennes des teneurs en THC ont été multipliées par 3 environ en 15 ans pour atteindre, en 2013, 17,4 % dans la résine et 12,6 % dans l’herbe.

L’agence note que cette tendance ne touche pas que la France. Une augmentation des intoxications pédiatriques au cannabis a aussi été observée en Espagne, aux Etats-Unis, au Maroc, en Israël et en Italie.

Préconisations de l’ANSM

En pratique, en cas d’ingestion ou de suspicion d’ingestion de cannabis, l’ANSM recommande de prévenir immédiatement les structures d’urgences (Samu Centres 15).

Elle rappelle que les principaux signes cliniques retrouvés au cours d’une intoxication aiguë au cannabis sont la somnolence avec des phases d’agitation, des vomissements, des tremblements, des convulsions, une détresse respiratoire, voire un coma.

Devant des troubles neurologiques ou respiratoires inexpliqués chez un enfant ou un nourrisson, l’ANSM incite les professionnels de santé à faire effectuer une analyse toxicologique pour rechercher la présence de cannabis.

A savoir : il n’y a pas d’antidote au cannabis, ni de traitement médical spécifique. Le traitement est uniquement symptomatique.

 

REFERENCE :

1. ANSM. Augmentation des signalements d’intoxications pédiatriques au cannabis par ingestion accidentelle – Point d’information. 19 octobre 2015.

Source : http://www.medscape.fr/voirarticle/3601878?nlid=89505_2401