La Bolivie adopte une Loi de la Terre Mère

oMême si cette initiative n’a eu pour le moment qu’un impact limité au niveau international, elle crée cependant un précédent législatif très original en matière de protection de l’environnement.

En quelques mots, la « Ley de Derechos de la Madre Tierra » bolivienne instaure les droits suivants à la Mère Nature

1. Droit à la vie: droit à la perpétuation de l’intégrité des écosystèmes et des processus naturels qui les soutiennent.

2. Droit à la diversité de la vie: droit à la préservation de la différence et de la variété des êtres qui composent la Terre-Mère, sans être modifiés génétiquement, ni même de manière artificielle, de telle façon que cela puisse menacer leurs existences, fonctionnements et potentiels futurs.

3. Droit à l’eau : droit à la préservation du fonctionnement des cycles de l’eau, à son existence en quantité et qualité nécessaire pour la subsistance des écosystèmes et droit à la protection de l’eau contre la pollution, pour la reproduction de la vie de la Terre-Mère et de toutes ses composantes.

4. Droit à l’air pur: droit à la préservation de la qualité et la composition de l’air pour la subsistance des écosystèmes et droit à sa protection face à la pollution, pour la reproduction de la vie de la Terre-Mère et de toutes ses composantes.

5. Droit à l’équilibre: droit au maintien ou la restauration l’interdépendance, la complémentarité et la fonctionnalité des composantes de la Terre-Mère, de manière équilibrée pour la continuité de ses cycles et la reproduction de ses processus vitaux.

6. Droit à la restauration: droit à la restauration effective des écosystèmes affectés par les activités humaines directes ou indirectes.

7. Droit à vivre sans pollution: droit à la préservation de la Terre-Mère de toute pollution comme les résidus toxiques et radioactifs générés par les activités humaines.

Elle introduit par la même occasion un certain nombre d’obligations légales au niveau institutionnel et inscrit le développement durable dans la vie politique locale et nationale. Cette loi s’inspire directement des croyances et des traditions populaires andines, en particulier celle de la Pachamama. Le culte de la déesse-terre reste très vivant dans les communautés quechuas et aymaras dont l’origine remonte à l’ancien empire Inca (Equateur, Pérou et Bolivie andine, nord du Chili et nord-ouest de l’Argentine). Evo Morales est lui-même le premier président Bolivien élu d’origine amérindienne, et il a déjà consacré une bonne partie de son programme économique à renégocier les contrats passés avec les multinationales qui exploitent les ressources naturelles du pays (gaz, pétrole, industries minières). Dans le même esprit, la Bolivie qui détiendrait la moitié des réserves mondiales de lithium dans la région du Salar de Uyuni préfère pour l’instant ne pas exploiter ces ressources puisque ce territoire mondialement connu attire les touristes en grand nombre.

C’est donc le genre de dilemme auquel le pays se trouve confronté aujourd’hui. En effet, en termes économiques, malgré la richesse de ses ressources naturelles, la Bolivie reste l’un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine. Exploiter ses ressources en lithium favoriserait sans aucun doute un redressement de la balance économique. Mais sous l’angle de cette nouvelle loi de la Terre-Mère, en quoi consiste vraiment la « richesse » d’un pays ? Loi utopique ou vision originale d’un futur durable ? A suivre.

source : Ecolopop

VIA : http://www.2012un-nouveau-paradigme.com/2015/08/la-bolivie-adopte-une-loi-de-la-terre-mere.html