Ces plantes qui nous soignent : l’argousier

Décoratif et plante de choix dans la pharmacopée, l’argousier est facile à faire pousser à peu près n’importe où (1).

Très utilisé et depuis fort longtemps par les civilisations anciennes notamment en Chine, les bienfaits de l’argousier sont multiples. Bourré de vitamines, ce buisson tout banal est particulièrement connu pour traiter les brûlures, mais bien d’autres maux encore…

Argousier (Hippophae rhamnoides) - Baies

Noms communs : argousier, saule épineux, olivier de Sibérie, faux-nerprun, ananas de Sibérie.
Nom botanique : Hippophae rhamnoides, famille des éléagnacées.
Nom anglais : Sea buckthorn.
Nom chinois : Star-bu (nom tibétain).

Parties utilisées : les baies, dont on tire du jus et des extraits huileux; les graines, pressées à froid pour en extraire l’huile; les feuilles et l’écorce, dont on tire des extraits.

Habitat et origine : Cet arbuste dépasse rarement 3 à 4 mètres de haut, mais certaines variétés peuvent atteindre 20 mètres. L’argousier est originaire d’Europe et des régions montagneuses et tempérées de l’Eurasie. En Asie, l’argousier est très répandu en Chine et dans les régions de l’Himalaya. On le trouve aussi en Russie, en Mongolie et jusque dans les pays scandinaves. Il est cultivé au Canada et en Chine, notamment pour prévenir l’érosion des sols. Au Québec, une petite population d’argousier semble s’être naturalisée dans la région de Malartic (Abitibi) où les dépôts miniers sont propices à sa croissance.

Indications

Traiter les brûlures, les affections et les blessures cutanées (usage externe).
En médecine traditionnelle asiatique
– traiter les troubles digestifs, cardiovasculaires et des voies respiratoires ainsi que diverses affections de la peau et des muqueuses (usage interne).

Posologie de l’argousier

Les données scientifiques et cliniques sont insuffisantes pour suggérer un dosage. L’argousier est offert sous plusieurs formes (jus, capsules, extraits, miel, gelée, etc.) et son huile, incorporée dans des pommades et des onguents, est utilisée en application externe.

Historique de l’argousier

L’utilisation médicinale des baies d’argousier remonte à l’Antiquité. Les Grecs l’utilisaient pour accélérer la prise de poids des chevaux et lustrer leur pelage, d’où son nom latin hippophae, qui signifie « cheval » et « briller ».

En Médecine traditionnelle chinoise (MTC), japonaise ou tibétaine, de même qu’en médecine ayurvédique (Inde), on emploie encore beaucoup l’argousier, notamment comme tonique, et pour soigner toutes sortes d’affections de la peau et des muqueuses. En association avec d’autres plantes, il est également utilisé pour traiter certains troubles cardiovasculaires (notamment les troubles de l’agrégation plaquettaire), les troubles digestifs, l’indigestion, les inflammations des poumons et les menstruations irrégulières ou douloureuses. Pratiquement toutes les parties de l’argousier sont employées en médecine traditionnelle : outre les baies et les graines, on prépare également des extraits de feuilles et d’écorce.

La Chine compte 300 000 hectares de vergers et 150 usines de transformation. Dans ce pays, plus de 200 produits différents sont fabriqués à partir de l’argousier. En Europe, plusieurs denrées alimentaires en contiennent (jus, confitures, suppléments vitaminiques, boissons alcoolisées, aliments pour le bétail, etc.) de même que plusieurs produits pharmaceutiques (suppositoires, pommades, etc.). Lors des Jeux olympiques de Séoul, 2 boissons à base d’argousier (Shawikang et Jianibao) avaient été approuvées comme boissons officielles pour les athlètes chinois.

L’ananas de Sibérie

Dans les pays de l’ex-Union soviétique, l’argousier est d’abord un aliment. On l’y appelle « ananas de Sibérie » en raison de la saveur de ses baies juteuses. Elles sont très riches en vitamine C (de 100 mg à 300 mg en moyenne par 100 g de baies, et jusqu’à 600 mg/100 g pour certaines espèces), en vitamine E et en caroténoïdes (bêta-carotène et lycopène notamment). Les cosmonautes russes prenaient régulièrement du miel d’argousier pour préserver leur bonne forme physique.

Les fruits de l’argousier contiennent également plus de 18 acides aminés, des acides gras essentiels divers, des phytostérols ainsi que plusieurs minéraux et oligo-éléments (azote, phosphore, fer, manganèse, bore, calcium, etc.). On en extrait le jus, mais on les emploie surtout pour confectionner des compotes, confitures et gelées diverses.

À l’heure actuelle, l’argousier est un ingrédient de crèmes destinées à soigner les brûlures, les plaies de lit (escarres) et les brûlures causées par des radiations. L’huile d’argousier, tirée de la pulpe des fruits et des graines, est employée pour la confection de produits cosmétiques, car elle a la réputation de régénérer la peau et de retarder l’apparition des rides.

Au Canada, l’argousier est utilisé depuis longtemps dans les Prairies comme haie et brise-vent. Plusieurs projets de culture de l’argousier sont à l’étude au Canada et au Québec afin d’exploiter le potentiel commercial de l’utilisation alimentaire et médicinale de cette plante. Les premières plantations commerciales datent des années 1995.

Recherches sur l’argousier

La recherche sur l’argousier et ses produits dérivés en est encore à ses premiers pas : elle est constituée principalement d’essai in vitro et sur des animaux. Les études cliniques sont très peu nombreuses. En général, les chercheurs attribuent les propriétés thérapeutiques de cette plante aux antioxydants et aux acides gras qu’elle renferme.

Traditionnellement, on considère l’argousier comme un tonique général de l’organisme. C’est ce qu’on appelle aussi un adaptogène, c’est-à-dire une substance qui accroît, de manière générale et non spécifique, la résistance de l’organisme aux divers stress qui l’affectent1.

Usage traditionnel Brûlures et blessures cutanées (usage externe). Quelques essais sur les animaux ont donné de bons résultats pour accélérer la guérison de blessures2,3 et de brûlures4,5. Chez les humains, on dispose d’un seul essai clinique : de l’huile tirée des baies de l’argousier s’est avérée plus efficace qu’un pansement à la gelée de pétrole pour soulager la douleur et aider à la guérison des brûlures de patients chinois6.

Usage traditionnel Eczéma (usage interne et externe). Quelques essais cliniques non publiés ont donné des résultats prometteurs auprès de patients ayant pris, par voie orale, des extraits huileux de baies et de graines d’argousier24. Au cours d’une étude menée en Finlande, des capsules d’huile de graines d’argousier ont légèrement soulagé les symptômes des sujets souffrant de dermatite atopique7. L’application d’une crème à base d’argousier n’a cependant pas fait mieux qu’un placebo au cours d’un essai mené en Allemagne8.

Usage traditionnel Protection cardiovasculaire. L’argousier étant riche en flavonoïdes aux effets antioxydants, on pense qu’il pourrait avoir une action bénéfique sur la viscosité du sang et sur la fonction cardiaque en général9,10. Un essai clinique mené en Chine auprès de 88 patients indique que les flavonoïdes que contient l’argousier pourraient être utiles en cas d’hypertension artérielle, tout en ayant moins d’effets indésirables qu’un médicament antihypertenseur classique (nifedipine)26.

Les résultats d’un essai préliminaire mené auprès de 12 sujets en bonne santé indiquent que l’huile d’argousier pourrait avoir une action antiplaquettaire11. Selon les résultats d’un autre essai, le jus des baies n’aurait aucun effet sur l’agrégation plaquettaire, mais il pourrait augmenter le taux de bon cholestérol (HDL) et réduire l’oxydation associée au mauvais cholestérol (LDL)12.

Divers. Bien qu’un extrait de feuilles d’argousier ait eu une action modulatrice sur les fonctions immunitaires d’animaux de laboratoire13, un extrait des fruits n’a pas été plus efficace qu’un placebo pour prévenir les infections du système digestif ou urinaire auprès de 233 sujets14. Au cours d’un essai sur des sujets souffrant de cirrhose du foie, un extrait d’argousier, pris durant 6 mois, a eu un effet bénéfique sur certains marqueurs sanguins de cette maladie15.

Des données cliniques préliminaires non publiées indiquent que la prise d’un extrait huileux d’argousier pourrait être utile pour protéger les muqueuses des patients atteints du syndrome Gougerot-Sjögren25.

Des résultats d’essais in vitro ou menés sur des animaux indiquent que l’argousier aurait un effet protecteur contre les effets toxiques des radiations16-20, du gaz moutarde (arme chimique)21 et de l’arsenic22. Les chercheurs s’intéressent également aux potentielles propriétés anticancer de l’huile d’argousier23.

Précautions

Contre-indications

  • Aucune connue.

Effets indésirables

  • Aucun connu. Le fruit de l’argousier est consommé depuis très longtemps et il est jugé sécuritaire, mais l’innocuité à long terme des extraits n’est pas connue.

Interactions

Avec des plantes ou des suppléments

  • Aucune connue.

Avec des médicaments

  • Aucune connue.

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(1) –  http://www.gerbeaud.com/jardin/fiches/argousier,1242.html