Spécial femmes : Ne placez pas vos espoir dans le « viagra » féminin, c’est bidon !

La baisse ou perte de libido au moment de la diminution de la production d’hormones qu’entraîne l’arrivée de la ménopause est un problème souvent tû  mais présent chez de nombreuses femmes et qui peut créer des tensions dans les couples.  De même, ce phénomène existe chez certaines mamans suite à la naissance de leur enfant. Un gros marché potentiel qui  n’a pas échappé à Big Pharma.  Ce dernier tente de médicaliser la question et d’en faire une source de profits, là encore, en dépit des effets secondaires potentiels.

Nous sommes typiquement dans cette injonction à jouir qui fleurit dans les médias féminins depuis quelques décennies, et pousse à se droguer pour se soumettre au désir masculin ! Reconnaître le droit à la jouissance des femmes ne doit pas conduire à une normalisation tyrannique de la libido féminine ! C’est ni plus ni moins abandonner une chaîne pour une autre !

Galadriel

Voici ce qu’en dit un site médical  : (Je vous passe les explications trop scientifiques)

Flibansérine : un «boosteur» de la libido des femmes bien peu crédible

 

SilverSpring, États-Unis – Deux fois retoquée par la FDA, la fameuse molécule destinée à booster le désir des femmes, que l’on croyait même abandonnée, refait parler d’elle. Resoumise aux Autorités américaines du médicament par Sprout Pharmaceuticals, son nouveau mentor, la flibansérine (ADDYI™) vient finalement d’obtenir un pré-accord en vue d’une commercialisation prochaine [1]. Une surprise au vu de données d’efficacité peu convaincantes et d’effets secondaires bien présents.

La flibansérine n’est pas un « Viagra féminin » !

Souvent qualifiée de « Viagra féminin », la flibansérine n’a pourtant rien à voir avec son soi-disant homologue masculin…./…

La flibansérine n’est, ni plus ni moins, qu’un psychotrope – pas un IRS mais un agoniste des récepteurs 5HT1A/antagoniste 5HT2A – développé à l’origine (et sans succès) pour traiter la dépression mais qui aurait montré des effets sur la libido féminine [2]…/…

Un effet placebo majeur…

Développée à l’origine par Boehringer Ingelheim, la flibansérine est un traitement non hormonal indiquée dans le traitement des troubles du désir chez les femmes pré-ménopausées, une pathologie apparue il y a une trentaine d’années et caractérisée par une absence de libido – un désordre nommé trouble du désir sexuel hypoactif et présent dans le DSM jusqu’en 2013. C’est donc la troisième fois que la flibansérine se présente devant la FDA, avec cette fois-ci, semble-t-il des résultats d’efficacité (ou un lobbying, voir encadré ci-dessous) plus probants que précédemment puisque 18 membres du comité ont voté pour et 6 contre …:/…

De façon assez surprenante au vu des chiffres, la FDA évoque des améliorations significatives, mais souligne aussi un important effet placebo, qui a d’ailleurs laissé les membres du comité sceptiques quant à l’effet véritable du produit. Et en effet : si 51% des patientes ont dit avoir vu leur libido grandir, 38 % des femmes du groupe placebo ont rapporté le même phénomène !

Campagne de lobbying actif et…biaisé
Si cette pré-approbation du comité de la FDA fait couler autant d’encre c’est qu’elle intervient après une intense campagne de lobbying menée par des groupes de femmes regroupées sous la bannière Even the Score…par un consultant travaillant pour Sprout Pharmaceuticals [3] ! Leur credo : la FDA est sexiste, elle a accepté des traitements qui bénéficient à la sexualité des hommes et non à celle des femmes, un discours pour le coup biaisé et une accusation réfutée d’emblée par la FDA par la voix du Dr Hylton V. Joffe. Toutes les femmes n’ont d’ailleurs pas adhéré aux arguments de l’organisation soi-disant féministe. Michele Orza, représentante des consommateurs au sein du comité et qui a voté contre, a ainsi expliqué que les femmes avec une faible libido « méritaient mieux ».

…et des interrogations quant aux effets secondaires

Les effets secondaires, comme les vertiges et la sommolence, augmentés en cas de prise concomitante d’alcool, ont eux aussi perturbés le comité de la FDA, qui s’est également inquiété du risque d’hypotension et de syncope liée au produit.

« Les bénéfices sont modestes, et peut-être moins que ça » a commenté le Dr Walid Gellad (University of Pittsburg), membre du panel de la FDA et dont les propos sont rapportés par nos confrères de Medscape International. « Ce qui le place en bonne compagnie avec d’autres médicaments autorisés » glisse-t-il ironiquement, tout en ajoutant : « mais plus sérieusement, je m’interroge sur les effets secondaires ».

Médicaliser ou sortir de la routine ?

Enfin, reste à savoir si une baisse ou un manque de libido relève d’une vraie pathologie ou d’une création de toute pièce (disease mongering) en vue d’imposer un nouveau traitement ? Et s’il faut psychiatriser le désir et médicaliser la réponse à son absence ?

http://www.medscape.fr/voirarticle/3601541

RÉFÉRENCES :

  1. Sprout pharmaceuticals. FDA Advisory Committee Recommends Approval for Sprout Pharmaceuticals’ ADDYI™ (flibanserin) to Treat Hypoactive Sexual Desire Disorder in Premenopausal Women, 5 juin 2015.
  2. Wikipedia. Flibanserin.
  3. Pollack A. Viagra for Women’ Is Backed by an F.D.A. Panel. NewYorkTimes, 4 juin 2015.
  4. Cour F, Bonierbale M. Troubles du désir sexuel féminin . Prog Urol, 2013, 23, 9, 562-574