Le « coup de massue » du gouvernement contre l’agriculture bio
Vous l’aurez compris, la politique française agricole favorise les agro-industries. Sur ce sujet encore l’on peut se poser la question du pourquoi de cette volonté impopulaire d’industrialiser notre agriculture. Plutôt que l’excuse de l’austérité invoquée, s’agirait-il là encore de répondre aux normes européennes qui préparent au TAFTA ?
L’agriculture bio, victime de l’austérité ?
Les aides financières au maintien à la production biologique ont baissé de 25%. C’est ce qu’indique l’arrêté du 27 février 2015 publié au Journal officiel par le ministère de l’Agriculture. Des aides versées, au passage, avec trois mois de retard ! Ces coupes interviennent alors que le gouvernement annonce un doublement des surfaces cultivées en bio en France d’ici 2017 – en passant de 1 à 2 millions d’hectares, soit de 4 à 8 % de la surface agricole utile. Dans un communiqué, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), les Chambres d’agriculture, le syndicat Synabio et l’Union de Coopératives agricoles (Coop de France) dénoncent un véritable « coup de massue ».
« Ce signal politique est incohérent pour une agriculture qui concilie production-alimentaire de qualité et respect de l’environnement et qui est au cœur de l’agro-écologie pourtant si chère à notre ministre », écrivent-ils [1].
Le ministère de l’Agriculture se défend de chercher à baisser les aides à la production biologique [2]. « Entre les crédits du ministère et ceux du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural), le montant des aides permettant de soutenir la conversion ou le maintien en bio sera de 160 millions d’euros en moyenne sur 2014/2020 pour atteindre 180 millions d’euros en fin de période. A comparer aux 90 millions d’euros consacrés à ces aides en 2012, c’est bien un doublement des aides », précise le ministère de Stéphane Le Foll. Mais pour l’instant, il manque de l’argent : face à des demandes de producteurs bio atteignant 117 millions d’euros, le budget actuel n’est que de 103 millions.
La Confédération paysanne met en parallèle les 14 millions d’euros manquants pour les aides bio avec les « 6,8 millions dégagés pour la fécule de pomme de terre et [les] 15 millions pour l’industrie volaillère bretonne ! » [3], frappée par de nombreux plans de licenciements.
« Ce choix est un signal fort pour l’agro-industrie et un vrai recul pour une agroécologie paysanne digne de ce nom. »
Le ministère de l’Agriculture justifie ces diminutions par le besoin de maintenir les aides allouées à la « conversion », considérées comme une « priorité » par le gouvernement. Avec l’entrée en vigueur cette année de la nouvelle politique agricole commune, le ministère souligne que « tous les agriculteurs qui se convertissent seront aidés dans toutes les régions. Sur l’aide au maintien, la possibilité d’un ciblage sera laissée » à celles-ci. Pas de quoi rassurer les associations comme la filière bio : « De nombreuses régions […] n’ont pas attribué les moyens suffisants pour les aides au maintien, voire les aides à la conversion. […] Les producteurs bio seront encore dépendants d’arbitrages budgétaires, avec la seule garantie de l’incertitude ! », estime la Fnab. Difficile dans ces conditions de structurer des filières biologiques, leviers incontournables d’une transition agro-écologique réussie.
Sylvie Chapelle pour :
http://www.bastamag.net/Le-coup-de-massue-du-gouvernement-sur-l-agriculture-bio