Une autre attaque financière programmée contre la Russie : Les compensations

Voilà le moyen imaginé par les ennemis de la Russie pour la mettre économiquement à genou. Il s’agit de demander des compensations astronomiques suite à l’occupation par l’ex URSS des pays baltes notamment de 1941 à 1991. Là encore deux poids, deux mesures. Lorsque c’est la Grèce qui réclame des dommages de guerre, à l’Allemagne, on lui donne une fin de non recevoir…

Explications :

La Russie prête à une guerre des confiscations?

Au Donbass, tirs aveugles, combats, mercenaires et armes lourdes, publications et témoignages ne manquent pas, du moins dans la presse non conventionnelle. D’autres conflits ethniques se préparent en Moldavie, Voïvodine, dans les confins de l’Ukraine et de ses voisins occidentaux : Pologne, Hongrie, Roumanie, sans compter les petits états baltes. De bons conflits ethniques que la mise en place d’un état fasciste ukrainien devrait porter à maturité. Voir par exemple: L’Ukraine installe une batterie de mortier à la frontière de la Transnistrie.

A cette panoplie s’ajoute une réelle guerre financière et économique. Dans ce but les Etats alors inclus à l’Union Soviétique, ou au Pacte de Varsovie, évaluent patiemment, sans grand discernement, les compensations financières qu’ils envisagent d’exiger de la Russie héritière de l’URSS. Les milliards de dollars US, en dizaines ou centaines, croissent et s’envolent au gré des parlements locaux et instances nationales appuyées sur des commissions qui réévaluent l’Histoire. Ou la réécrivent en vue d’acculer la Russie juridiquement devant des instances européennes acquises à ce racket. Une fois condamnée, la Russie rebelle, sûre de son droit, se verra confisquer ses avoirs en Europe et dans le monde occidental… la manœuvre est limpide. C’est une question de temps et d’endoctrinement.

Le professeur d’économie Vladimir Katasonov examine la dynamique de l’impérialisme légal dans le cadre de la guerre économique livrée actuellement à la Russie par l’Occident.

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Dans le texte, « L’Impérialisme légal contre la Russie », le professeur d’économie Vladimir Katasonov introduisait le concept d’impérialisme légal sur base d’un exemple tiré de l’histoire récente de la Russie. Dans le texte ci-dessous, il s’agit d’examiner la dynamique de l’impérialisme légal dans le cadre de la guerre économique livrée actuellement à la Russie par l’Occident et dans quelle direction ce conflit pourrait évoluer.

Dans un précédent article, j’ai commencé à attirer l’attention sur la campagne d’expropriations menée par l’Occident vis-à-vis des actifs russes à l’étranger (État, entreprises privées, banques et particuliers). Cette campagne va prendre de l’ampleur à travers l’allongement de diverses listes noires qui incluent des personnes juridiques et physiques de la Fédération de Russie, ainsi qu’au moyen de diverses actions en justice qui seront intentées devant des tribunaux à l’étranger.

Extorsion au moyen de la falsification de l’histoire de l’URSS.

Tout d’abord, il s’agit de la préparation par une série d’anciennes républiques soviétiques d’exigences de compensations adressées à la Fédération de Russie, suite à « l’occupation soviétique » entre 1940 et 1991. Cette préparation est en chantier depuis plusieurs années en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et aussi en Moldavie. L’auteur a sur la base d’une série de sources diverses, établi un tableau reprenant l’évaluation des compensations exigées.

Exigences de compensations suite aux dommages de «l’occupation soviétique», introduites par des pays proches de la Fédération de Russie
 Pays Montant estimé des dommages Date et source de la déclaration de grief
Lituanie + de € 300 milliards Septembre 2014. Commission d’évaluation des dommages de l’occupation.
Lettonie $ 28 milliards Janvier 2008 Président du pays, V. Adamkus
Estonie $ 100 milliards 2010 Président de la Commission d’évaluation des dommages de                    l ‘ »occupation »
Moldavie $ 28 milliards 2010 V. Stevile, membre de la Commission d’étude du régime totalitaire en Moldavie.

On notera que les évaluations des dommages de « l’occupation soviétique » font l’objet de révisions périodiques, toujours à la hausse. La Lituanie, par exemple, commença voici vingt ans par une estimation de quelques milliards de dollars. Aujourd’hui, les responsables ont décidé de ne pas lésiner et ont établi la somme des dommages à € 300 milliards (par comparaison, on constate que le PIB de la Lituanie s’élevait en 2012 à $ 28 milliards). Il est tout à fait clair que cette exigence d’une extravagance astronomique est le fruit d’une synchronisation avec les sanctions économiques de l’Occident contre la Russie.

Les Exigences de Kiev.

En 2014 apparurent des exigences d’un niveau qualitatif nouveau. On peut s’attendre à ce que les montants de ces exigences partent rapidement à la hausse. Tout d’abord, ces nouvelles exigences sont établies par le nouveau gouvernement d’Ukraine, arrivé au pouvoir de façon illégale au moyen du coup d’État de février 2014. Fin avril 2014, P. Pretenko, Ministre de la Justice d’Ukraine fit la déclaration suivante : «Synthétisant les informations de nos différents ministères et organismes à propos des pertes encourues suite à l’occupation de la Crimée, le Ministère de la Justice a établi la somme de ces dernières à 950 milliards de grivnas. Ce montant ne tient pas compte du manque à gagner, qui sera rajouté ultérieurement». Le ministre a précisé que la somme indiquée n’incluait pas les montants liés aux ressources minérales et gisements du plateau continental. Compte tenu du cours instable de la grivna, le montant du dommage fut estimé entre $84 et $100 milliards. Ce montant est revu périodiquement à la hausse.

En juin 2014, il se montait à $ 1,08 trillions de grivnas et en juillet à 1,18 trillions. Le 28 juillet, Youri Prodan, Ministre de l’Énergie et de l’Industrie charbonnière remarqua que le déficit généré par la perte des ressources énergétiques de Crimée, y compris les réserves de charbon du plateau continental s’élevait à $ 300 milliards. Au total, Kiev attend des compensations de la part de Moscou, à hauteur de $ 400 milliards. Cela en dépit du fait que selon les données officielles, en 2013, le PIB de l’Ukraine s’élevait à $ 182 milliards. En même temps, l’Ukraine a procédé à l’inventaire des propriétés de l’État russe se trouvant situées sur son territoire, et Kiev a avancé l’argument de la compensation pour la Crimée afin de cesser de payer l’énorme dette de l’Ukraine vis-à-vis de la République Fédérale de Russie. Et le même argument de la Crimée est ressorti dans le cadre des négociations sur le gaz, afin d’obtenir des rabais plus importants. A l’automne 2014, certains membres de la Rada commencèrent à lancer des appels afin que soient préparées des réclamations exigeant de la Russie des réparations suite aux événements en Nouvelle-Russie. La Rada estima le montant requis pour réparer les dommages encourus par l’infrastructure industrielle de la région. Les chiffres évoqués furent de $ 3 à $ 6 milliards, uniquement pour l’industrie. Le redressement de l’économie entière exigerait, selon la Rada, de $ 8 à $ 10 milliards. On proposa d’exiger cet argent de la Russie en l’intégrant dans le cadre d’une compensation globale face aux résultats de «l’agression armée» subie par l’Ukraine de la part de la Russie.

L’objectif final des exigences de compensations : les sanctions «par confiscation».

Les exigences de compensations des anciennes républiques soviétiques adressées à la Fédération de Russie sont l’arme multifonctionnelle de l’Occident. Premièrement, il s’agit d’une arme de guerre idéologique, psychologique et informationnelle, ayant pour but de falsifier l’histoire et d’enfler l’hystérie anti-Russie. Deuxièmement, c’est une arme de guerre économique. En dépit de l’inconsistance ainsi que l’indigence de la documentation du fondement des montants des dommages, ils finiront par être transformés en l’une ou l’autre exigence de compensation qui sera soutenue par les parlements des États «victimes», et seront ensuite mués en actions en justice intentées auprès de tribunaux internationaux. Déjà, on ne nourrit aucun doute quant aux verdicts de ces tribunaux.

Et lorsque la Russie s’abstiendra d’exécuter les décisions de ces derniers, l’Occident organisera une série nouvelle de sanctions économiques. De telles sanctions n’ont pas encore été adoptées. On pourrait les qualifier de «confiscationnelles». Ce pourrait être le gel (par arrêt ou confiscation) des réserves de change de la Fédération de Russie. Si cela s’avérait insuffisant, on pourrait confisquer d’autres actifs localisés à l’étranger.

La Russie est-elle prête à une guerre «de confiscation»?

Selon les données récentes de la Banque de Russie, au 1er octobre 2014,les  actifs  de la Fédération localisés à l’étranger s’élèvent à $ 1410,9 milliards. Les composants fondamentaux de ces actifs se lisent comme suit : investissements directs : $ 466,6 milliards, investissements par portefeuille : $62,7 milliards, investissements dans des instruments financiers dérivés : $ 8,7 milliards, autres investissements : $471 milliards, actif de réserve (réserve de monnaie-or) : $ 454,2 milliards. Le déchiffrage du poste principal « autres investissement » donne : liquidités et dépôts bancaires : $ 161,6 milliards, prêts et emprunts : $ 201,4 milliards, crédits commerciaux et avances : $ 32,5 milliards, autres investissements : $ 23,3 milliards. Ceci ne représente, et de loin, toutefois pas l’ensemble des actifs hors frontières de la Fédération de Russie.

Le montant officiel des actif doit être doublé, à tout le moins. Les actifs ne sont pas constitués des seuls capitaux dont la sortie est légalement enregistrée par la Banque Centrale, mais aussi et surtout par les capitaux qui sortent via les canaux «de l’ombre». Tous ces canaux sont surveillés en Occident et au moment requis, la provenance russe des actifs illégaux peut être identifiée de manière à ce que les tribunaux occidentaux puissent les saisir. Cela ne présente aucune difficulté. Une vaste gamme de prétexte peut être invoquée : de la «propagande anti-américaine», à «l’atteinte aux droits des minorités sexuelles», jusqu’à «l’occupation soviétique» et «les dettes non-éteintes du gouvernement tsariste».

Compte tenu de l’acuité de l’actuelle confrontation entre la Russie et l’Occident, il s’indique que les autorités de Russie fassent l’impossible pour soustraire les actifs hors frontière à des sanctions mises en œuvre par voie de confiscation. On a commencé à y travailler, mais très peu et lentement. Selon   les données de la Banque de Russie, les actifs hors frontière de la Russie s’élevaient au 1er juin 2014 à $ 1514,4 milliards. Il semble que l’on soit parvenu , au troisième trimestre à obtenir une diminution de $ 103,5 milliards, c’est-à-dire 7% ; c’est peu. On dit que si l’Occident commence à confisquer les actifs russes à l’étranger, la partie russe répliquera en expropriant les actifs occidentaux en Russie. Ce serait inefficace car il existe un déséquilibre entre les actifs russes hors frontières et les actifs étrangers en Russie. Comme on l’a mentionné, les premiers atteignaient au 1er octobre 2014 la somme de $ 1410,9 milliards, alors que les seconds s’élevaient à $ 1178 milliards. Le déséquilibre s’affiche donc à $ 232,9 milliards, sans tenir compte du montant réel nettement plus important car s’y ajoutent les actifs russes parvenus à l’étranger par des voies détournées. Pour au moins ne pas perdre la guerre des confiscations, il faudrait que les actifs de la Russie à l’étranger soient réellement moins élevés que les actifs étrangers en Russie.

Que faire ?

La première exigence est une rapide «déoffshorisation» de l’économie de la Russie. Elle peut être produite par un oukase du Président de Russie, exigeant le retour des actifs de l’économie russe dans la patrie. Physiquement, ces actifs se trouvent ici, en Russie. Ils sont matérialisés dans des entreprises de production, des chemins de fer, des hauts-fourneaux, des puits de pétrole, des centrales électriques, des dépôts de minéraux, etc. Toutefois, de jure, ces actifs sont en Occident, reprises dans les comptes de sociétés «parallèles». Pour que ne se répète pas l’histoire des actifs de Youkos, il faut que les actifs reviennent de jure en Russie. Ils le peuvent et ils le doivent. Et vite. Il suffit d’un mois pour ré-enregistrer une société offshore. Certains consultants juridiques proposent des « services en urgences » qui  réalisent le travail en 24 h.

Quant aux oligarques et autres entrepreneurs qui ne seraient pas disposés à procéder à cette opération, il conviendrait de les aider à prendre la difficile décision. C’est possible. Il suffit de préciser dans l’oukase qu’à défaut de réenregistrement endéans le mois, les actifs physiques de l’entreprise sont nationalisés. Il ne faut pas craindre que de telles nationalisations provoquent une détérioration des relations entre la Russie et l’Occident, car cette détérioration a déjà atteint un point tel qu’elle ne pourra plus s’amplifier. Les nationalisations sont le moyen le plus important pour mobiliser la société et l’économie, tant dans les conditions d’une guerre « froide » que celle d’une guerre « chaude ». Ce qui se passe aujourd’hui en ce qui concerne les relations entre la Russie et l’Occident rappelle la situation qui prévalut pendant la première moitié de 1918, lorsque les anciens alliés de l’Entente se préparaient à intervenir en Russie mais n’étaient pas encore passés à l’acte. En Russie la cinquième colonne était déjà à l’œuvre, représentée par les entreprises à capitaux étrangers, faisant le jeu de l’Entente et minant la situation de l’intérieur. C’est exactement cela qui poussa les bolcheviks à commencer dès le printemps 1918 à nationaliser les propriétés étrangères sises en Russie. Et la Russie survécut.

Source.

http://www.russiesujetgeopolitique.ru/la-russie-prete-a-une-guerre-des-confiscations/