Sémantique politique

Excellent édito de Charles Sannat ce jour

« L’inflation négative grâce à une croissance négative et un gouvernement à la majorité minoritaire ! »

Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Bienvenue dans cette France étouffante et écœurante de 2015, cette France dont la langue est d’une richesse incontestée, d’une subtilité, d’une précision permettant l’expression de toutes les pensées et de toutes les imaginations, la conceptualisation de tous les rêves, oui, nous avons une langue extraordinaire, une langue que l’on peut faire chanter et rimer, une langue qui sait faire rire ou pleurer, une langue à la délicatesse exquise, mais une langue permettant aussi le langage populaire et fleuri, une langue des terroirs et de nos diversités régionales, une langue millénaire, une langue des lumières et des littéraires, une langue d’écrivains mais une langue aussi du quotidien, le français est une langue magique, totalement, indéniablement.

Et pourtant, dans cette France étouffante de 2015, pour mieux euthanasier les pensées il faut tuer notre si belle langue. Et nous assistons à un phénomène qui s’amplifie, celui de l’attentat à la signification, au massacre du sens.

Dans notre France de 2015, les mots ne doivent plus avoir de sens pour ne plus être capables de décrire nos maux. Gare à celui qui désigne avec le mot juste les justes maux dont nous souffrons ! Il sera un « phobe » de quelque chose, il aura commis un terrible « dérapage », il aura eu l’outrecuidance de tenir des propos « nauséabonds », pourtant les mots ne sentent pas contrairement aux maux, tenez, prenez donc la gangrène ! Il parait qu’une jambe infectée pue sacrément !!

Penser fait forcément de vous l’enfant de la « bête immonde au ventre toujours fécond » et nous renvoie fatalement aux heures les plus sombres de notre histoire.

Penser avec des mots fait de vous un « apologiste » du terrorisme sémantique.
La France de 2015 est donc dirigée par un Premier ministre à la majorité minoritaire (sinon on utiliserait pas le 49.3) !

La France de 2015 est un pays qui vit une période de croissance négative.

La France de 2015 c’est la France du vivre-ensemble inversement proportionnel au syndrome « Mc Cain » (celui qui en parle le moins qui en mange le plus, en l’espèce on parle de frites).

La France de 2015 c’est la France de l’euthanasie de la pensée collective et du droit à penser par l’étouffement des mots et de notre si belle langue. Alors on change le sens des mots pour distordre la perception de la réalité.

Désormais la France de 2015 a une inflation négative !
Sauf que l’inflation négative cela n’existe pas plus que la croissance négative ou inversée, ou encore qu’une note de math positivement négative papa… Je n’aurais même pas osé sortir une telle ineptie à mon père même adolescent ! « Papa au dernier contrôle j’ai eu une excellente note négative, du coup je peux bénéficier d’un passage décalé dans le temps au niveau supérieur ». Le paternel, plein de ce bon sens, m’aurait regardé l’air mauvais levant la paupière de son œil gauche me signifiant silencieusement de cesser immédiatement de le prendre pour un demeuré. Pardon, dans la France de 2015 on doit parler de personne à capacités cérébrales réduites.

Oui les prix baissent même si vous ne le percevez pas encore, et oui c’est la déflation !
Et oui tout cela est parfaitement logique. Tout d’abord je ne suis pas en train de vous dire que avez tort si pour vous les prix augmentent, mais la réalité c’est que ce n’est plus vrai et que tout dépend de quoi on parle !

Ceux qui prennent le train ou la RATP savent que les prix montent, de même que les taxes et les impôts, de même que tous les prix issus des machins plus ou moins publics ou para-publics qui ne savent pas faire un budget annuel sans nous offrir une augmentation annuelle d’au moins 3 % !!

D’accord au supermarché vous ne voyez pas encore la baisse, mais objectivement… il n’y a plus de hausse, et les baisses en réalité arrivent et elles seront le résultat des négociations en cours entre les supermarchés et les fabricants.

Vous pouvez négocier un rabais sur votre voiture, votre plein d’essence vous coûte moins cher même si depuis quelques jours il est plus cher qu’au moins cher mais reste moins cher qu’au plus cher (relisez lentement 😉 ) et même les loyers et le prix de l’immobilier sont orientés à la baisse… et c’est logique et cela va durer !

Tant qu’il y aura croissance négative, il y aura inflation négative !
Comme nous vivons dans un monde sémantique de fou, reprenons avec les principes économiques en novlangue.

Tan ke la kroissance est négative alors l’inflation é négative ossi mé c pas grave passque le gouvernment à la majorité minoritaire a dit que l’on ne dit plus état islamique mé « Daesh deux en un », ça fait plus lessive et c’est donc moins inquiétant pour le petit peuple…

En clair, quand on est en récession, eh bien la conséquence logique c’est la déflation (là on parle économie à l’ancienne, ce sont des principes qui datent de l’époque où nous avions encore notre monnaie que l’on appelait le franc).

Bon, pour les plus courageux, vous vous farcirez ci-dessous le résumé de l’INSEE sur les prix négatifs qui baissent dans la hausse parce que les prix sautent par-dessus le marché en raison d’une volatilité non maîtrisée dans le cadre d’une croissance économique dont vous n’avez pas encore vu la couleur…

Pour mes camarades contrariens paresseux, ou pour les vilains qui osent lire ce texte au bureau en prenant ce temps précieux sur le temps de labeur qu’ils doivent au grand patronat, contentez-vous de l’image entre inflation et inflation sous-jacente, et la corrélation presque parfaite entre les deux inflations… L’argument crétin qui consiste à dire que l’inflation est négative parce que l’inflation sous-jacente est encore positive, eh bien c’est crétin car dans le temps l’inflation sous-jacente rejoint la tendance de la réalité… D’ailleurs je me demande en français quelle est la définition de l’expressions « sous-jacent »… Excusez-moi, on me dit dans l’oreillette que je n’ai pas le droit de parler du « français », cela pourrait heurter la sensibilité de certains lecteurs, de certaines communautés, de certaines convictions politiques, religieuses ou personnelles, cela pourrait rappeler que la bête immonde a toujours le ventre aussi fécond que dans les années 30 de l’apologie au terrorisme sémantique qui me fait penser aux heures les plus sombres et blablablablablabla et moi j’emmerde les bien-pensants à la con capables de me pondre « l’inflation négative » en essayant de me faire passer pour un abruti de facho… Si cela ne tenait qu’à moi, je leur souhaiterais une belle déflation dans leur tête, le problème c’est que ce n’est pas ceux qui font les maux et nos mots qui en souffriront mais nos concitoyens, alors je ne peux pas souhaiter la déflation, mais oser parler de déflation négative c’est comme l’hyper-fellation de Rachida Dati, c’est très drôle, mais cela n’existe pas en économie…

source: http://www.lecontrarien.com/