Vraiment n’importe quoi !

CHU de Clermont-Ferrand: La fresque polémique représentant un viol va être effacée

D’abord, corrigeons le titre orienté. Il ne s’agit pas d’un viol mais d’une partouze (1) dont les bulles peuvent suggérer que la dame dont on « s’occupe » est la ministre de la santé. D’accord,  concédons que la fresque  en question n’est pas du meilleur goût. Mais il s’agit d’un lieu privé, inaccessible au public, et de défoulement de carabins. Ceux qui connaissent les chansons de salle de garde, savent que cette très ancienne tradition des étudiants en médecine ne fait pas dans la dentelle, plutôt  même dans la gauloiserie pornographique.   Le problème est qu’un idiot a eu la mauvaise idée de publier la photo de l’objet du délit sur le  Facebook d’un collectif contestataire. Affolement dans les poulailler du pouvoir ! Les cocottes en furies se déchaînent.  Tout le monde s’y met, des socialistes outrés de l’injure faite à leur ministre et  jusqu’à EELV ! (1)

C’est tellement con, qu’il faudrait en rire.

Il n’y aurait pas des sujets plus importants, plus graves en ce moment qu’une fresque de carabins ??

Pourtant il y a une remarque que vous vous faites peut-être également :

Faire une caricature de Mahomet sur une « une » exposée sur les kiosques et dans n’importe quel distributeur de presse,  se faisant violer à quatre pattes, (là il n’y a pas de doute)  c’est de la liberté d’expression, c’est de l’humour qu’il faut défendre envers et contre tout. C’est peut-être même pas du viol, ou c’est symbolique, ou ce sont deux mecs alors c’est pas grave.  Nous en connaissons les suites, nationales et internationales.

Par contre, dessiner une ministre qui partouze dans une salle de garde d’un hôpital, ce n’est pas de l’humour, c’est de l’apologie du viol, c’est scandaleux et « attire les foudres de l’opinion publique » (surtout de la ministre en question  et des féministes – moins regardantes d’ailleurs sur les exhibitions provocantes des Femens, ). 

Là, c’est TRÈS  grave. Si il n’y a pas mort d’homme, il y a atteinte à l’égo d’une femme de pouvoir. Intolérable !

C’est moi qui me fait vieille, qui ne comprend rien ou il y a vraiment quelque chose qui est entrain de déraper ? 

Galadriel

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Ils pensaient probablement faire de l’humour, mais ils se sont surtout attiré les foudres d’une partie de l’opinion publique. Pour dénoncer la loi santé de Marisol Touraine, des médecins ont affiché dans la salle de l’internat du CHU de Clermont-Ferrand une fresque représentant une Wonder Woman violée par plusieurs «supers héros» avec des dialogues salaces et violents tels que: «Tiens, la loi santé», «prends la bien profond».

Une photo de cette fresque a été publiée ce week-end sur la page Facebook du collectif «Les médecins ne sont pas des pigeons», puis retirée. Trop tard, car l’image a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux. D’après l’avocat du syndicat des internes de Clermont-Ferrand, cité par La Montagne, la fresque «existait depuis plusieurs années sur l’un des murs de la salle de repos des internes», mais les bulles auraient été rajoutées ce week-end.

La fresque en sursis

Interrogé lundi matin par 20 minutes, le CHU de Clermont Ferrand a confirmé l’existence de cette fresque sans vouloir commenter l’information plus en amont. Mais dans l’après-midi, il a publié un communiqué indiquant que le président des internes clermontais avait été convoqué par le directeur général de l’hôpital, le Doyen de la faculté de médecine et le président de la Commission médicale d’établissement. «Il lui a été enjoint d’effacer dans la journée cette peinture murale et de publier un communiqué condamnant sans réserve sa diffusion», précise le communiqué.

Mais l’affaire pourrait ne pas en rester là. Car des «suites juridiques adéquates, disciplinaires, voire judiciaires sont engagées à l’encontre du ou des auteurs présumés de ces agissements inacceptables et condamnables», poursuit le communiqué.

Des sanctions réclamées

Une réaction ferme en réponse à l’indignation que cette fresque a suscitée dans une partie de l’opinion publique. Dès dimanche, la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, Laurence Rossignol, a ainsi manifesté sa réprobation sur Twitter:

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Ces médecins super-zéro qui se prennent pour des super héros et font l’apologie du viol collectif http://eepurl.com/bbOijT 

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Les associations féministes ont aussi vivement fustigé la fresque. Dans un communiqué publié dimanche, Osez le féminisme a dénoncé le fait que des futurs médecins «utilisent la représentation d’un viol pour montrer leur mécontentement vis-à-vis d’une ministre et de sa loi. Les bulles ajoutées sur la fresque sembleraient indiquer que la femme violée, habillée en Wonder Woman, symbolise à leurs yeux la ministre de la Santé.»

L’association a demandé au Conseil de l’ordre des Médecins «de faire supprimer cette fresque et de sanctionner ceux qui en sont responsables». Elle suggère aussi  «de mener un travail visant à sensibiliser les médecins, les étudiant-es en médecine et à effacer les fresques représentant des violences faites aux femmes qui existeraient dans d’autres internats liés à des hôpitaux publics ou dans des salles de garde».

Contacté lundi midi par 20 Minutes, l’Ordre des Médecins a affirmé «condamner la réalisation et la diffusion de cette fresque» et devait publier un texte en ce sens sur son site dans la journée. Il a précisé que le conseil départemental de l’Ordre des Médecins a rencontré le doyen du CHU de Clermont-Ferrand et le Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé pour décider des mesures à prendre après cette affaire.

«L’esprit carabin ne peut pas la justifier»

Interrogé aussi par 20 minutes, l’entourage de la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Marisol Touraine a rapporté qu’elle avait trouvé cette fresque «choquante» et qu’elle estimait que «l’esprit carabin ne peut pas la justifier». Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, a également condamné  cette fresque «mettant en scène le viol collectif de la loi».

Y voyant une «nouvelle dérive odieuse de la campagne menée contre Marisol Touraine», il a demandé «à ce qu’il soit mis un terme au lynchage médiatique et aux campagnes immondes menées çà et là à l’occasion de la future loi santé».

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Interview de Patrice Josset, professeur d’histoire de la médecine, qui  a écrit un livre* sur les salles de garde, où sont traditionnellement peintes ces fresques peuplées de phallus et de coïts en tout genre. Il revient sur leur histoire ancienne et leur signification.

Les fresques comme celle du CHU de Clermont-Ferrand recouvrent toutes les salles de garde. Pour autant, comprenez-vous pourquoi cela peut choquer?

Oui, je comprends tout à fait. Mais les gens ne connaissent pas l’histoire des salles de garde. Cela remonte au XIIIe ou au XIVe siècle. Ce sont des lieux clos où les fresques représentent des forces de vie. D’où le fait qu’on y voie, sur les murs, des phallus ailés se promenant tout seuls –des représentations existant depuis l’Antiquité– ou de trois mètres de long. Ces salles sont en lutte contre la mort. Par exemple, à l’hôpital pédiatrique Trousseau (Paris 12e), au siècle dernier, 1.500 enfants mouraient chaque année, soit 3 à 5 par jour ! Les internes devaient vivre continuellement avec cela. Dans cet univers de mort, les salles de garde exprimaient au contraire une force de vie. Même si, en apparence, c’est pornographique, il s’agit d’une vision sacrée et symbolique très forte. D’un point de vue profane, ce sont des sas de décompression pour les internes.

Les personnages représentent-ils souvent des personnalités politiques ?

Oui. Plus largement, ils représentent toutes les figures d’autorité, que ce soit des chefs de service, des ministres ou autre. Sur une fresque à l’hôpital Trousseau, j’ai moi-même été peint en train d’enculer Tintin. L’autorité est toujours bafouée dans ces représentations.

Que vous inspirent la réaction d’Osez le féminisme et celle de la ministre de la Santé ?

Elle est inappropriée car cela n’a rien à voir, on est là dans un autre univers. C’est un monde symbolique très étrange, sans équivalent. Le fait d’avoir balancé cette fresque sur les réseaux sociaux sans expliquer n’est pas très judicieux. Le décalage entre ce qui est représenté et la société civile est énorme. Mais cette polémique à côté de la plaque, qui est le fruit de l’ignorance, est surtout révélatrice de l’époque actuelle, où l’on assiste à un retour de la pudibonderie. Le terme de «viol» [employé par l’association féministe] est également surprenant, car cela n’a jamais été représenté ou imaginé. Il s’agit souvent d’une ambiance «partouze sans limite», mais pas de viol.

Les deux articles sont publiés ici :

http://www.20minutes.fr/societe/1520035-20150119-loi-sante-fresque-representant-viol-collectif-fait-polemique-clermont-ferrand

(1)

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/19/la-fresque-du-chu-de-clermont-ferrand-fait-un-tolle_1183939