Réfléchir : Loi Macron, affaire Le Paon… Il y aurait-il un rapport ?

Magnifique ! Dans un grand élan populaire soutenu par les élites mondialiste, la France a démontré qu’elle était le phare de la liberté et de la démocratie occidentale.

Ceci  nous sera sans aucun doute prouvé pas tard par des lois liberticides réclamées par le peuple (j’attends les sondages) puis votées d’une seule voix, ou presque, par un pouvoir trop content de le satisfaire.

Monsieur et Madame Dupondt, (pardon aux Dupondt) la conscience apaisée, vont pouvoir reprendre le fil de leurs petites occupations.

Pendant ce temps, le rouleau compresseur néo-libéral continue ses manœuvres.

Lui n’a pas besoin de bombe, juste de serviteurs serviles aux postes clefs.  Les victimes, chez nous vont se compter par milliers, certains mourront :  car la misère aussi tue.

Mais je doute que ces morts fassent descendre grand monde dans les rues.

Le ministre Macron, le néo- Lancelot du Graal de la croissance a présenté un projet de loi,  auquel les libéraux les plus convaincus de l’époque Sarkozienne n’auraient osé rêver. Sous le prétexte que là encore, « nécessité fait loi », nous allons assister au démantèlement de ce qui faisait notre honneur : Le droit du citoyen de travailler et vivre dans un minimum de sécurité  et de dignité. Les quelques socialistes convaincus qui restent protestent, mais cela n’empêchera pas les sociaux-traitres au pouvoir de faire voter ce qu’ils ont décidé (1) (2)

Nous savons parfaitement qui est derrière : Bruxelles,  complice des banksters internationaux qui nivelle par le bas et prépare une « harmonisation » compatible avec le futur Traité Transatlantique. La mondialisation est en marche.

Pour que les choses se passent avec douceur, il fallait museler l’opposition.

Et l’opposition, lorsqu’il s’agit du Code du Travail, ce sont les syndicats. Ils sont déjà en lambeaux, me direz-vous. J’ai trouvé ce tableau qui montre très bien comment le syndicalisme a évolué, s’est corrompu, et a insidieusement perdu ses dents : (4)

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Restait tout de même un petit caillou dans la chaussure du MEDEF : la CGT qui risquait de profiter de ces atteintes programmées à la protection du travail pour reprendre du poil de la bête. La grogne populaire pouvait fournir un ferment à sa réhabilitation.

Comme par hasard, voilà l’affaire Le Paon qui surgit,   pile au bon moment ! Exit la CGT. A moins d’une révolution interne foudroyante, la voilà muselée sinon agonisante.

C’est balot, tout de même, non ?

Galadriel

CGT 2015, l’offensive ou l’implosion par Nicolas Tandler

Jamais la situation à la CGT n’a été plus grave, depuis 1895, date du congrès qui lui donna naissance. Même en 1939,  lorsqu’à l’automne, la fraction stalinienne de la Confédération syndicale fut mise hors-la-loi: à ce moment, les deux tiers de la CGT subsistèrent légalement, et le tiers communiste favorable au Pacte germano-soviétique se réfugia dans la clandestinité, malgré l’arrestation de ses principaux dirigeants.

Début 2015, l’organisation dirigée –si peu- pour quelques jours encore par le secrétaire général Thierry Lepaon, apparaît dépourvue de toute capacité d’action.

Des luttes intestines la secouent, plus de personnes que d’oppositions entre stratégies, pour l’heure manifestement inexistantes.  Certes, des augures comme Raymond Soubie, qui donne le la de la politique sociale des gouvernants depuis des décennies, évoquent, de même que le quotidien officieux Le Monde, une lutte sourde entre « réformisme » et syndicalisme de « lutte de classes ».

C’est faire beaucoup d’honneur aux factions en cause, qui ne se préoccupent que d’intérêts de fédérations professionnelles –l’opposition la plus marquée se décèle entre fonction publique et secteur privé-; depuis 1948, la CGT avait une ligne dictée à la fois de l’extérieur –le Parti Communiste-, et de l’intérieur, les représentants du PC dans sa direction. Louis Vianney et Bernard Thibault, les deux prédécesseurs de Thierry Lepaon, ont œuvré, d’abord discrètement, puis de manière plus ouverte, à la séparation entre le parti et le syndicat.

Le PC traversant une longue crise, à savoir l’impossibilité, depuis l’abolition effective (et non plus seulement de forme) du « centralisme démocratique », de faire régner une discipline d’action dans ses rangs, a plaqué son désarroi sur ses membres cégétistes, de façon beaucoup délétère que dans son fonctionnement propre.

                                                 Des grèves pour des indemnités de départ 

Chaque fédération professionnelle a agi sans se soucier d’une vision générale, chaque dirigeant a pratiqué une politique de boutique.

Avec des résultats variés, les succès, modestes au demeurant, et souvent temporaires, se payant par des compromissions plus ou moins discrètes avec les gouvernements en place. Bernard Thibault était passé maître dans cette façon de faire, et il en fut récompensé par sa promotion internationale, à Genève, au Bureau International du Travail/OIT. Au détriment d’ailleurs de Force Ouvrière, mais ceci est une autre histoire.

Si l’on suit dans leurs détails les grands conflits sociaux depuis le début du nouveau siècle, les « victoires » syndicales ont été remportées devant les tribunaux, beaucoup plus que par des grèves militantes.

La CGT est devenue la grande spécialiste de « luttes » pour des indemnités de licenciement dépassant de loin les obligations légales. Le revers de la médaille a consisté dans le fait que les licenciés en cause, pour la partie éloignée de la retraite, n’ont pas retrouvé de travail, dans une proportion écrasante.

Ce n’est pas par hasard, au demeurant, que Thierry Lepaon est devenu N° 1 de la CGT, avec comme titre de gloire d’avoir mené les opérations d’indemnisation des licenciés chez Moulinex. Un genre de combat dépourvu d’avenir réel à terme, même s’il contribue à augmenter « l’armée de réserve du capital » (Marx), annonciateur en principe de la fin du capitalisme.

Mais plus on avance vers cet horizon, plus il recule. En tout cas, en France, depuis quarante ans, le chômage de masse a surgi, et a subsisté. La crise française, sous cet angle, ne s’est jamais interrompue. 

Quant au malaise cégétiste présent, il convient de revenir à sa genèse, fin 2014.

Des « révélations » sur des dépenses du secrétaire général Thierry Lepaon sont parvenues à un hebdomadaire parisien, puis sont reprises par toute la presse. Malgré leurs imprécisions, et leurs erreurs factuelles, en particulier sur le montant des dépenses.

Deux mois après, même scénario, toutes les publications sous-entendant, ou affirmant, que toutes les « fuites » viennent de l’intérieur de la CGT, à coup sûr de Montreuil, siège de la confédération. T. Lepaon finit par reprendre à son compte cette version. Mais il ne prononce jamais un seul nom, fût-ce par allusion.

En fait, il faut revenir à l’adage latin, « cherche à qui le crime profite ». La grève SNCF de l’été 2014 avait été très mal jugée par le gouvernement Valls. Lepaon avait été considéré comme ne « tenant pas ses troupes »,  incapable de comprendre les appels du pied, « l’intérieur supérieur du politique », etc. Une opération dénigrement s’enclenchait dans la presse, aussi bien de droite que de gauche.

Enfin, se produisent les attaques ad hominem. En se défendant, Lepaon tombe dans le piège, il confirme des informations d’abord floues, aide involontairement à les préciser, s’enfonce.

A noter qu’à aucun moment, il ne désigne les auteurs possibles de la manœuvre, censés se trouver autour de lui. Parce qu’il n’y en a pas. Si l’initiative relevait de l’interne, une équipe de rechange se serait aussitôt profilée. Or, il n’en existe pas à ce jour.  

                                                        L’offensive ou l’implosion 

On peut penser, sans risque de démenti, qu’un « service » a reçu instruction, de haut, de s’occuper du cas Lepaon. Vite. 

Les fonctionnaires impliqués ont fait avec ce qu’ils avaient au départ, peu de choses, mais la boule de neige a entraîné l’avalanche. But de l’opération: créer suffisamment d’ennuis internes à la direction cégétiste, pour la détourner de grandes manœuvres sociales. Objectif atteint.

La réussite a dépassé ce qu’elle recherchait. Aujourd’hui, et le PC a rappelé subtilement et néanmoins clairement le syndicat à l’ordre (L’Humanité du 7 janvier dernier), si la CGT ne se lance pas, et vite, dans des offensives revendicatrices audacieuses, elle marche tout droit à l’implosion.

Les petits responsables l’ont compris plus vite que les hiérarques des fédérations professionnelles. Les conseillers sociaux du pouvoir s’interrogent ces derniers jours: si la CGT tourne en roue libre, ne va-t-on pas à des épisodes anarchiques dans maintes entreprises vitales? Et pas seulement dans les transports.

Le climat général est mauvais, les salariés à qui l’on parle de déflation constatent des vagues de hausse de prix, et pas seulement dans les services publics. Une CGT livrée au combat des chefs n’assurera pas, moyennant quelques concessions plus ou moins consistantes, les apaisements nécessaires.

Malgré sa place de premier syndicat français, la CFDT, surtout structure de cadres, ne peut jouer le rôle cégétiste d’encadrement de grèves dures. Pas plus d’ailleurs que les autres confédérations, ni les trotskistes de SUD. Ceux qui ont lancé la machine infernale ne contrôlent plus la situation. C’est tout le paysage social français qui peut basculer dans les semaines à venir.

Nicolas Tandler Le 11 Janvier 2015

Pour :  http://leblogalupus.com/2015/01/11/cgt-2015-loffensive-ou-limplosion-par-nicolas-tandler/

(1)  http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20150109tribf27c6364a/loi-macron-un-empilement-de-mesures-destructeur-du-tissu-economique.html

(2)  http://www.crashdebug.fr/index.php/actualites-france/9991-la-loi-macron-prefere-les-patrons-delinquants-aux-representants-du-personnel

(3) http://www.mediapart.fr/journal/france/091214/loi-macron-le-grand-fourre-tout-cense-amadouer-bruxelles

(NB : Ce lien donne accès à un article abonné. Je ne suis pas certaine que vous puissiez y accéder. Si vous voulez le lire, il vous faudra sortir 1 euro de votre poche. Sinon, vous pouvez nous demander le texte par courrier, il nous a été aimablement envoyé par Jean-Michel, un de nos guetteurs)

(4)  http://www.istravail.com/article372.html

 

PS : Je me relis et souris. Voilà un article que ne renierait pas un gauchiste… Pour une vieille dame ex-bourgeoise repentie qui ne s’est jamais engagée et qui n’a pas voté pendant des années, le chemin parcouru me surprend moi-même.

Ne vous y trompez pas. Je suis contre toute idéologie. L’histoire nous en montre les dégâts. 

Seul compte pour moi l’humain. Mon idéal social et politique est celui de la République :  Liberté Égalité Fraternité, dans le sens profond de ces mots. J’ajouterais « éducation » au sens de conscience.   Je me bats donc avec les brindherbes contre tous ce qui nous semble être des irrespects, toutes les atteintes à ces valeurs.

G.