Des chiffres finaux sont sortis cette semaine. Le différentiel de mortalité entre 2010 et 2011 pendant les quatre mois après l’accident est de +2.63%, contre +1.54% pour le reste de l’année. La différence correspond à 9 158 morts ; elle est donc inférieure aux 13 983 que nous avions estimées mais c’est tout de même un pic non négligeable.

Encore une fois, il n’est pas question ici de conclure que seul l’accident de Fukushima est responsable de ces morts mais certaines données interpellent. Par exemple, les plus importants différentiels concernent les cinq États de la côte ouest (Océan Pacifique), qui ont reçu les plus fortes retombées de Fukushima aux États-Unis, ainsi que les cinq États voisins (Arizona, Idaho, Montana, Nevada et Utah) qui ont également reçu des retombées importantes, quoique dans une moindre mesure que le premier groupe.

L’accroissement de la mortalité au printemps 2011 a touché pour l’essentiel des personnes âgées de plus de 80 ans. Un grand nombre de ces personnes avaient une santé fragile ; l’exposition accrue aux radiations pourrait avoir avancé la date de leur mort.

Les radiations de Fukushima sont similaires à celles de bombes atomiques, rejetant plus de 100 substances chimiques non présentes dans la nature. Les radionucléides pénètrent dans l’organisme à travers les précipitations qui aboutissent dans la chaîne alimentaire. Une fois dans l’organisme, ces particules endommagent ou détruisent des cellules, entraînant des maladies ou la mort.

Des responsables de santé publique, auparavant sceptiques, admettent maintenant que les radiations, même à très faibles doses, peuvent être dommageables. Par exemple, des études ont montré que des rayons X passés sur l’abdomen de femmes enceintes augmentent le risque de cancer mortel pour l’enfant, ce qui a conduit à abandonner ces pratiques ; les retombées des essais atomiques au-dessus du Nevada ont entraîné jusqu’à 212 000 cancers chez les Américains ; les travailleurs du nucléaire sont exposés à des risques élevés pour un grand nombre de cancers.

Aussi, plutôt que de tirer des conclusions non étayées par des enquêtes scientifiques comme le fait le comité des Nations Unies, il faut conduire des recherches médicales sur l’évolution des taux de morbidité et de mortalité au Japon. Des enquêtes similaires devraient être menées également dans des pays comme la Corée, la Chine, l’est de la Russie et les États-Unis.
Ne pas connaître les conséquences sanitaires de Fukushima ne fait qu’augmenter le risque de voir de nouveau un tel désastre se produire à l’avenir.