Environnement : Que sera Fukushima dans 30 ans ? L’exemple de Tchnernobyl
Les arbres morts ne pourrissent pas à Tchernobyl, et c’est un vrai danger
Une nouvelle découverte qui fait froid dans le dos en provenance du site tristement célèbre de Tchernobyl. Près de trente ans après cette catastrophe nucléaire, l’une des plus grosses de l’histoire avec Fukushima, des chercheurs ont constaté que «les arbres morts, les plantes et les feuilles sur le site contaminé ne se décomposent pas à la même vitesse» que les plantes poussant ailleurs dans le monde, résume NBC.
Publiés dans le journal Oecologia, ces résultats prouvent que l’ensemble des êtres vivants situés à proximité du funeste site ont été affectés par la radioactivité: humains, animaux, végétaux mais aussi insectes, microbes ou fungi, un champignon impliqué, à l’instar des insectes ou des microbes, dans le processus naturel de pourrissement de la matière.
Comme l’explique le site The Smithsonian, ces «décomposeurs» ont aussi souffert de la catastrophe. Pour le vérifier, les deux chercheurs à l’origine de l’étude, Tim Mousseau, de l’université de Caroline du Sud aux Etats-Unis et Anders Møller de Paris-Sud, ont rempli 600 petits sacs de feuilles non-contaminées, pour les déposer à différents endroits, avec ou sans radiation.
Les résultats sont saisissants, à en croire le Smithsonian:
«Dans les zones sans radiation, 70% à 90% des feuilles avaient disparu après un an. Mais dans des zones avec plus de radiations, les feuilles gardaient près de 60% de leur poids d’origine.»
Une différence qui constitue la preuve, pour les chercheurs, que «la radiation a inhibé la décomposition microbienne» des feuilles qui jonchent le sol du site contaminé. Une découverte qui pourrait aussi expliquer la très lente croissance des arbres aux alentours de Tchernobyl –autre découverte scientifique abondamment relayée par la presse à l’été 2013.
Elle pourrait avoir un autre effet, autrement plus dangereux: favoriser des feux de forêts dévastateurs.
L’accumulation de cette matière végétale non décomposée constitue un parfait combustible, expliquent les chercheurs.
«C’est sec, ça s’allume et ça brûle assez facilement, commente ainsi Tim Mousseau, et rend donc plus probable le départ d’un feu de forêt catastrophique.»
La forêt du site de Tchernobyl, connue sous le nom de «forêt rouge» depuis que les radiations ont vidé les pins de leur chlorophylle, a déjà connu de graves incendies. Comme le raconte un reportage sur zone du Monde en date de 1998, «en 1992 un incendie a détruit des centaines d’hectares». Problème: il a aussi propulsé «dans l’air des éléments radioactifs contenus dans les plantes et le sol».
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En clair, un feu de forêt est le meilleur moyen de «diffuser la radiation dans la région», écrit NBC. Et d’ajouter une nouvelle anecdote sordide à la catastrophe de Tchernobyl, qui en compte déjà beaucoup, suscitant pour certaines la controverse. Outre sa forêt rouge, ses arbres qui ne grandissent ni ne pourrissent, il a été aussi question de la taille plus petite des cerveaux de ses oiseaux, ou de malformations animales et humaines –ce dernier point faisant l’objet de rapports contradictoires.
De même, les scientifiques s’opposent sur le scénario d’un Tchernobyl devenu un havre du règne animal depuis la catastrophe et la désertion humaine, comme nous l’expliquions en 2013, dans l’article intitulé «Est-ce que les animaux de Tchernobyl brillent dans le noir?»
Source : Slate.fr