US : Le déclin économique programmé de l’empire n’améliore pas le contexte

La Une du Times en mars 2011 (Si c’est eux qui le disent…)

Les Etats-Unis, derrière une reprise qui n’est que le mirage créé avec des chiffres bidouillés, sont en récession. Enfin, c’est ce que répètent certains économistes, depuis un certain temps déjà. Notre système occidental est fissuré, c’est un colosse au pieds d’argile. Dans un contexte international hautement inflammable, tous les éléments sont à prendre en compte. Obama n’est que l’arbre qui cache la forêt de lobbies puissants dont les seules références sont l’argent et le pouvoir le second étant étroitement lié au premier. Si ces dernier considèrent qu’il y a plus de profits que de pertes à terme à engager un conflit, ils « travailleront » dans ce sens sans état d’âme. L’histoire nous l’a prouvé. D’ailleurs, une âme, savent-il qu’ils en ont une ?

Les 2 analyses d’un site dédié à l’analyse économique :

Des lambeaux de vérité qui laissent entrevoir une réalité sordide

Parfois, les journaux laissent échapper des lambeaux de vérité. Dans ces colonnes, nous soutenons que les manoeuvres des banques centrales sont vaines et que la prospérité ne s’achète pas en fabriquant de la fausse monnaie, en rajoutant de la dette à la dette, en feignant de croire que les mauvaises créances seront un jour payées.

Mais de grands économistes ayant pignon sur rue commettent des éditoriaux pour nous démontrer que les banques centrales oeuvrent pour notre bien, que ce qui a été fait va dans le bon sens, que les statistiques sont “meilleures” à défaut d’être “bonnes”.

Que peut faire un individu contre des chiffres qui gouvernent le monde ?

Il est très difficile de se battre contre des statistiques. Que peut faire un individu contre des chiffres qui gouvernent le monde ? La statistique ne ment pas et si vous ne la vivez pas (comme, par exemple, celle de l’inflation), c’est vous, misérable individu, qui avez tort. Votre “inflation ressentie” ne colle pas avec les chiffres officiels ? Allons donc, vous n’avez qu’à consommer ce qu’il convient.

Cependant, la vraie vie – celle qui n’est pas forcément dans les statistiques – reprend de temps en temps le dessus. Le 6 février, le Financial Times publiait un article intitulé “les détaillants ressentent la pauvreté des Américains”.

47 millions d’Américains utilisent des tickets d’aide alimentaire (officiellement Supplemental Nutrition Assistance Program) pour leurs achats d’épicerie. Ces aides vont être réduites de 8,6 milliards de dollars et Walmart a déclaré qu’une coupe budgétaire déjà réalisée l’année dernière avait pesé sur ses ventes. Chez Target, 17% des clients utilisent ces tickets alimentaires et chez Costco, c’est 13%.

Mais le plus extraordinaire n’est même pas là. Le plus étrange est que ces mêmes chaînes de distribution emploient du personnel qui utilise ces tickets. Des travailleurs pauvres. Ainsi 300 employés d’un magasin Walmart du Wisconsin ont reçu des aides sociales (entre 3 015 $ et 5 815 $) y compris ces tickets alimentaires d’une contrevaleur de 29 $ à 61 $ par mois.

Lorsque l’Amérique était un “pays émergent”

Dans l’Amérique qui était alors un “pays émergent”, Henry Ford voulait que ses employés puissent être ses clients. Et il y parvint

Dans l’Amérique qui était alors un “pays émergent”, Henry Ford voulait que ses employés puissent être ses clients. Et il y parvint. Les ouvriers du secteur automobile purent rouler en Ford Model T. Nous étions en 1909, ces employés étaient payés 5 $ la journée de 9h00 (contre 2,25 $ ailleurs). Henry Ford s’était rendu compte que le turn over lui coûtait cher alors que les chaînes se spécialisaient et voulut fidéliser sa main-d’oeuvre. Lorsqu’un employé avait suffisamment économisé, il s’offrait une Ford. Cash, sans crédit. La Federal Reserve n’existait pas, le dollar était une pièce en argent et les rares banquiers qui faisaient faillite se suicidaient proprement pour échapper au déshonneur (ce mot a-t-il encore un sens ?).

Évidemment, toutes les entreprises ne peuvent pas fonctionner ainsi et il est improbable qu’un employé de Boeing puisse s’offrir un jet. Mais on pourrait penser qu’un siècle après Ford, dans les pays développés, le personnel des entreprises proposant des produits grand public puisse se les offrir. Ce n’est pas le cas et cela me semble symbolique de la vanité de cette reprise.

Un autre lambeau de vérité s’est aussi récemment échappé, toujours du Financial Times, le dimanche 23 février. L’enquête du fixing de l’or progresse et il semble que “le comportement des prix de l’or est suspect dans 50% des cas”. Vous ne trouverez plus cet article sur le site du Financial Times, il en a été retiré le jour même. Mais grâce à l’aspirateur de Google, vous le retrouvez dans le cache du moteur de recherche.

Rappelons la procédure du fixing de Londres : elle est auto-déclarative et cinq banques communiquent deux fois par jour le prix auquel l’or se serait échangé, échanges dont ces banques seraient le témoin. De plus en plus de gens suspectent que le marché de l’or est manipulé. Il suffit que A vende à B qui vend à C qui vend à D qui revend à A de l’or à un pris très bas et, hop, le tour est joué, le cours de l’or baisse si le prix de vente est faible.

Où est la reprise ? Nous y croirons lorsque les employés de Walmart pourront eux-mêmes acheter ce qu’ils vendent.

Où est la reprise ? Nous y croirons lorsque les employés de Walmart pourront eux-mêmes acheter ce qu’ils vendent. Pourquoi l’or monte-t-il alors qu’il n’y a pas d’inflation et que plus personne ne s’offusque des manoeuvres des banques centrales ? Et si c’était parce que de moins en moins de gens sont dupes de cette reprise bidon achetée avec de l’argent bidon qui fait que les banques américaines ont affiché en 2013 des bénéfices records de 155 milliards de dollars, le meilleur chiffre depuis 2006 ? Comme aime le dire Bill Bonner, une correction est toujours à la mesure de la tromperie qui l’a précédée.

Simone Wapler

Rédactrice en Chef de L’Investisseur Or et Matières et de La Stratégie de Simone Wapler
Ingénieur de formation, Simone Wapler a quitté depuis plus de 13 ans le secteur de l’ingénierie aéronautique pour se concentrer sur les marchés boursiers. En 2001, elle entre aux Publications Agora — groupe de presse et d’édition spécialisé dans la recherche et les conseils financiers – dont elle prend la direction éditoriale en 2011. Son expertise sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.

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Gaz et pétrole de schiste : une reprise qui coûte plus d’argent qu’elle n’en rapporte

▪ Que nous disent les marchés financiers ? Les actions montent, l’or baisse. MtGox a explosé comme le Krakatoa. Quant à Janet Yellen, elle soutient mordicus que c’est la météo qui ralentit l’économie américaine, rien de plus. Sauf que ce n’est pas nécessairement le cas.

Officiellement, le PIB US a grimpé de 1,9% l’année passée. Officieusement, les chiffres sont tellement bidouillés qu’une chèvre n’y retrouverait pas ses petits. Les Etats-Unis pourraient très bien être en récession, pour autant que nous puissions en juger. Il y a moins de gens au travail qu’à n’importe quel moment depuis les années 70. Les ventes des entreprises du S&P 500 n’ont grimpé que de 1,8%. Une telle proportion de cette croissance provient des ventes étrangères qu’on peut se dire que les ventes US à elles seules n’ont même pas suivi la croissance démographique.

D’ici 10 ans, il est probable que les Etats-Unis ne seront plus n°1 ni même n°2.

▪ Qu’est-ce qui ne va pas ?

Lorsque le 21ème siècle a commencé, il y a seulement 13 ans, les Etats-Unis représentaient 25% du total de la production mondiale. A présent, ce chiffre a été nettement réduit — à 17% du PIB mondial. D’ici 10 ans, il est probable que les Etats-Unis ne seront plus n°1 ni même n°2. Ils devront plutôt se contenter de la médaille de bronze — à la troisième position derrière l’Union européenne et la Chine.

Pourquoi ? C’est en partie dû à un retour normal à la moyenne… mais c’est aussi dû à de monumentales erreurs de politique. Les autorités américaines semblent penser :

– Qu’on peut emprunter jusqu’à se sortir d’un problème de dette.

– Qu’on peut maintenir les taux d’intérêt artificiellement bas sans endommager l’économie réelle.

– Qu’on peut gaspiller la précieuse production du pays dans des activités zombies — dont des guerres, un système fiscal inefficace, des subventions, des renflouages et des programmes que personne ne comprend…

Nous avons parlé d’un exemple de distorsion économique causée par des taux ultra-bas — les robots. Avec un taux zéro, une entreprise peut emprunter de l’argent et remplacer un employé par un robot. Les coûts de main-d’oeuvre baissent. Les profits grimpent. La dette grimpe aussi… mais qui se soucie de ça ?

La presse parle d’une nouvelle “révolution énergétique” aux Etats-Unis, censée donner à l’empire un second souffle.

Autre exemple, avec des taux ultra-bas, les producteurs d’énergie peuvent forer dans des régions difficiles pour une production marginale de pétrole et de gaz. Tant que les coûts du capital sont maintenus sous contrôle par les taux bas, quasiment n’importe quel retour sur investissement semble avantageux. Suite à quoi la presse parle d’une nouvelle “révolution énergétique” aux Etats-Unis, censée donner à l’empire un second souffle.

Le problème… c’est que ce n’est pas nécessairement le cas. Selon Bloomberg :

“Le chemin vers l’indépendance énergétique américaine, rendue possible par un boom du gaz de schiste, sera bien plus difficile qu’il n’y paraît.

Voici seulement quelques-uns des obstacles qui barrent son chemin : les producteurs indépendants vont dépenser 1,50 $ en forage cette année pour chaque dollar qu’ils récupèrent.

La production de ces gisements chute plus rapidement que la production de méthodes conventionnelles. Il faudra 2 500 nouveaux puits par an rien que pour soutenir la production d’un million de barils par jour dans le gisement de Bakken, dans le Dakota du Nord, selon l’Agence internationale de l’énergie, basée à Paris.

L’Irak pourrait parvenir au même résultat avec 60 puits.

Les foreurs poussent pour qu’on maintienne le rythme sans précédent des 39% de gains de production pétrolière américaine depuis la fin 2011. Cependant, atteindre l’indépendance énergétique américaine dépend du crédit facile et de prix pétroliers assez hauts pour couvrir les coûts des puits.

Même avec le brut à plus de 100 $ le baril, les producteurs de pétrole de schiste dépensent de l’argent plus rapidement qu’ils n’en gagnent”.

Un second souffle pour l’empire ? Une reprise aux Etats-Unis ? Peut-être pas.

Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Inc., une maison d’édition publiant des lettres d’information confidentielles – probablement l’une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs… ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

SOURCE DES ARTICLES : http://la-chronique-agora.com

Et si vous êtes prêts à faire encore un petit effort de lecture, je vous recommande cet article d’un historien  qui date de décembre dernier sur le même thème :

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-declin-de-l-empire-americain-a-32172