Journal d’un jardin du bassin parisien : De l’art de faire une mare

…Le voile brumeux s’est dissipé. Une lumière froide hivernale accompagne notre route jusqu’au jardin.

Nous avons finalement démarré le chantier de la mare, là où nous imaginions qu’il y en avait une dans le passé, parce que le terrain y marque un creux prononcé. C’est un bon endroit, au plus haut point de déclivité de notre jardin. Elle pourra recueillir les eaux de ruissellement provenant de la prairie en surplomb et permettra d’arroser quelques semis exposés bien au sud.

Avec sa bêche, mon compagnon a tracé ses contours, assez sinueux pour augmenter la surface de berges propices à l’accueil de nombreuses espèces végétales et animales. Puis, méthodiquement, il a découpé une bande de la largeur de la bêche et commencé à enlever la terre, pelletée après pelletée, bande après bande. À la fin de la journée, près d’un mètre cube de terre forme un tas à proximité.

Nous recouvrons de feuilles de chêne cette précieuse terre de surface, la plus riche en matière organique. Nous avons pris soin de laisser suffisamment de place au bord pour réaliser des contreforts à l’aval avec la terre que nous décaisserons encore, lesquels permettront d’égaliser le niveau des bordures tout en les rehaussant, réduisant ainsi la nécessité de creuser plus.

En effet pour que la vie puisse s’installer, disent les spécialistes, une mare doit avoir une profondeur minimale de quatre-vingt centimètres sur au moins trois mètres carrés. Mais comme il faudra remettre une trentaine de centimètres de terre sur la bâche d’étanchéité et qu’une couche de vase de vingt centimètres viendra naturellement tapisser le sol, il faudrait en théorie creuser jusqu’à au moins un mètre trente de profondeur !

Nous y planterons du nénuphar blanc, de l’achillée millefeuille, du plantain d’eau, des espèces natives du bassin parisien dont on peut trouver des graines ou des plants. Pour les autres, elles viendront avec le vent ou les oiseaux des berges de la Juine, douce rivière qui coule à quelques centaines de mètres en contrebas et qui nous amènera sans doute, si l’on patiente, libellules et crapauds.

Source : Chronique d’un jardin sans pétrole –  (Fev 2014) Reporterre

En savoir plus : http://www.terrevivante.org/70-creer-une-mare.htm