De la voiture robot au vélo : les transports du futur…

Ce sont les deux hypothèses développées par Terra Eco. Il semblerait que les projets soient déjà dans les tuyaux :

1) Grâce à la voiture sans les mains, bye-bye la bagnole pour chacun

Rouler sans conduire, c’est du confort et du temps en plus. C’est aussi l’occasion de créer un service de véhicules aux trajets optimisés et moins coûteux. Certains constructeurs se penchent sur ces autos-robots du futur.

Il est 18h, vous sortez du boulot. Une simple commande sur votre smartphone et voilà qu’une voiture pointe son nez, prête à vous reconduire dans vos pénates. Pas de chauffeur au volant. Le véhicule qui vous embarque est de ceux qu’on appelle « autonome ». Scénario de science-fiction ? Pas vraiment. Les constructeurs automobiles – PSA, Renault-Nissan ou encore Daimler prévoient l’avènement de ces véhicules-robots pour 2020. Un prolongement logique aux technologies déjà installées (régulateur de vitesse, assistance aux embouteillages, au stationnement…) notamment sur les véhicules haut de gamme.

Des économies pour tous

Une suite oui, mais qui pourrait tout changer. En effet, ne plus avoir les mains figées sur le volant, c’est à coup sûr l’occasion de gagner en confort et en temps. C’est aussi potentiellement des sous gagnés pour la société. Le cabinet d’audit KPMG a publié, en 2012, une étude sur les bénéfices que pourraient apporter la généralisation d’un système de véhicules sans chauffeur. Le bilan est pour le moins alléchant. D’abord parce qu’éliminer le vecteur humain, c’est s’approcher de l’accidentalité zéro et économiser potentiellement 23 milliards d’euros chaque année en frais de santé et de secours (1). Mais aussi parce que ces véhicules sans chauffeur pourraient permettre de fluidifier le trafic, donc d’éviter les embouteillages – coût estimé à 100 milliards d’euros dans l’UE (2) –, de limiter le besoin de construction de nouvelles infrastructures et de gestion des anciennes (entretien, police). De réduire aussi les émissions de polluants et de gaz à effet de serre puisque les robots aux commandes de ces véhicules devraient – sans jamais s’énerver – conduire de manière plus économe donc brûler moins de carburants.« Passer du rêve à la réalité suppose de résoudre un puzzle compliqué et il est difficile de prédire quand nous serons certains que les pièces s’assemblent correctement. (…) [Mais] je pense que l’arrivée sur le marché de véhicules autonomes est inéluctable, et que ce changement façonnera de façon déterminante l’industrie automobile d’ici vingt ans », expliquait Laurent des Places, associé KPMG secteur automobile dans le communiqué de presse diffusé au moment de la sortie du rapport.

A chacun son tour

Chiffrer ainsi les atouts d’un tel système, Gabriel Plassat, expert du service Transports et mobilités de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et auteur du blog Les Transports du futur n’y croit guère. Il est en revanche convaincu qu’une révolution de nos modes de transports se profile. La voiture autonome ? C’est grosso modo « un service de sièges roulants, estime l’expert. Ils seront disponibles partout et gérés par des services de mobilité. On peut imaginer par exemple qu’un client qui aura un abonnement premium devra attendre 5 minutes sa voiture, tandis que dans le cas d’un service moins cher, il s’agira de compléter une voiture qui circule. L’abonné acceptera alors d’attendre son véhicule ». On n’est pas loin des voitures en libre-service de type Autolib’, sauf que la responsabilité de la conduite n’incombe plus à personne. « Votre voiture pourra vous conduire au boulot le matin et, plutôt que de rester inutilisée sur une place de parking, pourra transporter un membre de votre famille ou quelqu’un de votre quartier ou de votre ville », soulignent, dans un article de Project Syndicate, Carlo Ratti et Matthew Claudel du laboratoire Senseable City du MIT (l’Institut de technologie du Massachusetts) à Singapour. De quoi réduire la flotte de véhicules par trois selon les deux chercheurs. « Dans un paysage sous contraintes économiques et écologiques, avec des personnes âgées toujours plus nombreuses, avoir un chauffeur numérique, ça peut avoir des avantages », souligne encore Gabriel Plassat.

La fin de la possession

Mais le système n’aura pas des avantages pour tout le monde. Dans ce futur-là, « la voiture devient une commodité. Mais alors, qui a le contact avec le client ? Qui opère le service ? C’est un tout autre métier que celui de constructeurs de voitures. Dans ce système, les fabricants deviennent de simples sous-traitants », précise Gabriel Plassat. Pas étonnant, souligne encore l’expert, que celui qui s’affiche en avance dans ce domaine ne soit ni un PSA, ni un Renault mais « un industriel qui n’a rien à voir avec le secteur des transports ».Avec sa voiture équipée d’une panoplie de capteurs, Google a en effet déjà parcouru 800 000 kilomètres sur les routes du Nevada et de Californie. Le géant de l’Internet a tout à gagner de cette nouvelle technologie « parce que les voitures utiliseront son outil de cartographie, un outil que les véhicules en circulation permettront, à leur tour, de mettre à jour. Google a investi énormément dans Streetview pour extraire du monde physique, de la connaissance », souligne Gabriel Plassat, qui développe davantage cette idée dans un post de son blog. Et comme le nombre de véhicules en circulation risque aussi de chuter avec l’optimisation des trajets, « ce n’est pas impossible que même s’ils annoncent que les véhicules seront disponibles en 2020, les constructeurs jouent en arrière scène pour que les choses n’avancent pas. Ajoutons à cela qu’il y a des difficultés juridiques à régler. »

Restera en effet à revoir le code de la route, le régime d’assurance (qui est responsable quand personne ne conduit ?), à assurer le respect de la vie privée (si tous les trajets sont connus d’avance, comment se protéger ?) ou de désigner l’opérateur idéal du service (un acteur privé ? Les collectivités locales ? L’Etat ?). Une fois ces difficultés surmontées, restera aussi à faire adopter ce système aux utilisateurs. « La jeune génération, de plus en plus connectée, entretient avec l’automobile des rapports différents de ceux des baby-boomers qui considéraient l’obtention du permis de conduire comme un rite de passage. La conduite est vécue comme une obligation et non comme un plaisir », assure KPMG dans son communiqué. « L’automobile a toujours un certain attrait, nuance Gabriel Plassat. Mais les gens qui sont sous contrainte économique expérimentent autre chose et se disent que ce n’est pas si mal. Ils diffèrent le renouvellement ou l’achat d’un véhicule. Et observent qu’ils peuvent faire sans. » 

(1) Les coûts humains des accidents (secours, hospitalisations…) et matériels pour 2011 ont été estimés à 23 milliards d’euros par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. (Voir PDF->http://www.securite-routiere.gouv.f…].

(2) Une autre étude cosignée par l’institut de recherche britannique CEBR (Centre pour la recherche économique et commerciale) et la société américaine d’infotrafic Inrix et publiée en décembre estimait, elle, à 5,9 milliards d’euros le coût financier des embouteillages dans 13 grandes zones urbaines françaises.

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Le vélo pourrait rapporter 188 millions d'euros à la France

2) Le vélo pourrait rapporter 188 millions d’euros à la France

Moins de décès prématurés, moins de pollution, moins de nuisances. Le vélo pourrait permettre à la société d’économiser des millions si plus de Français acceptaient de s’y mettre pour aller au boulot.

Pour se rendre au travail, les Français optent très massivement pour la voiture. Un drôle de choix quand on sait que le coût de ce transport est tout bonnement exorbitant, selon une étude orchestrée par la Fédération nationale des associations d’usagers de transport (Fnaut) et mise à jour récemment : 27 centimes le km pour les trajets courts (moins de 80 km) contre 10 centimes pour les transports en commun.

Mais si abandonner sa titine est bénéfique pour le portefeuille, c’est aussi bon pour le corps. En tout cas, si on choisit d’enfourcher son vélo en échange. C’est la conclusion d’une autre étude réalisée par la Coordination interministérielle pour le développement de l’usage du vélo, publiée en décembre. Ceux-là ont étudié les effets individuels (amélioration de la condition physique, exposition à la pollution atmosphérique…) et collectifs (réduction du bruit, de la pollution, des accidents) sur un trajet classique domicile-travail de 3,5 km et en ont tiré trois scénarios. Dans le scénario médian dans lequel la part modale du vélo passerait à 3,6% (contre 2,4% aujourd’hui), 145 décès seraient évités chaque année, surtout en zone urbaine.

« Ce bénéfice très important en faveur du vélo est essentiellement dû aux bénéfices de l’activité physique qui l’emportent largement, à la fois sur les autres bénéfices et sur l’ensemble des risques », souligne le rapport. Si on ajoute la baisse du nombre d’affections longue durée (diabète de type 2, maladies coronariennes, cancer du sein…) et donc d’hospitalisations mais aussi les bénéfices pour l’environnement (l’émission de 7 000 tonnes de CO2 et 1 000 kg de particules fines évitée) et la réduction des nuisances sonores, le bilan économique s’avère très positif : entre 151 à 188 millions d’euros, soit un gain sanitaire de 38 à 47 centimes d’euros par kilomètre parcouru. De quoi justifier peut-être le versement d’une indemnité kilométrique pour les salariés venant au boulot à vélo ? Portée par les associations de promotion de la bicyclette, elle a été examinée en novembre dernier dans un rapport gouvernemental. Résultat : une indemnité entre 15 et 30 centimes d’euros le kilomètre « constituerait, en plus d’une juste prise en charge des frais engagés par le cycliste, une forme d’assurance contre le vol de son vélo, ou contre les autres imprévus qu’il rencontrera dans la petite aventure qu’est la transition depuis un mode de transport “conventionnel” vers le mode de transport plus confidentiel qu’est le vélo.  » , souligne le rapport.

SOURCE : Terra Eco