Et si vous construisiez votre éolienne (en bois) ?

Rien n’échappe à la mode du do it yourself (faîtes-le vous-même), pas même l’énergie. Une association propose à M. et Mme tout le monde d’apprendre à construire eux-mêmes leur propre éolienne. Ainsi, tout un chacun peut être acteur de la transition énergétique.

La dépendance française à l’énergie nucléaire n’est pas une fatalité. C’est ce que démontre l’association Tripalium en organisant des stages d’autoconstruction d’éolienne en bois. Plusieurs fois par an, pendant une semaine, une quinzaine de curieux apprennent à construire un engin de 12 mètres de haut capable de couvrir environ la moitié des besoins en énergie d’un foyer, hors chauffage. Taille et équilibrage des pâles en bois, mise en place du rotor et du système électronique, soudure des pièces… les stagiaires font tout de A à Z.

L’éolienne que les candidats à l’émancipation énergétique apprennent à construire est un modèle conçu par l’écossais Hugh Piggott, vivant sur une île isolée non raccordée au réseau électrique. « Le mécanisme est simplifié au maximum pour que ce soit robuste, facile à fabriquer et reproductible avec un minimum d’outillage. Le fait que ça soit simple permet à un maximum de personnes de s’y mettre et de se réapproprier leur outil de production », explique Gillou, un des membres de l’association installé à Valence.

« Je peux être autonome »

Olivier, qui a participé à un des stages il y a deux mois a décidé d’acquérir, moyennant 8 000 €, l’éolienne fabriquée pendant la formation. En une journée l’engin était monté et raccordé au réseau. « Je cherchais un apport énergétique différent de ce qu’on nous propose. Au départ, je voulais acheter une éolienne sans trop m’y connaître. Quand je suis tombé sur Tripalium, j’ai été séduit par l’idée de produire soi-même. Je voulais savoir comment c’était fait , notamment en cas de souci ».

Des formations sont organisées un peu partout en France par les différents membres de l’association. Et si la majorité des stagiaires sont des bricoleurs curieux, la diversité des profils étonne : « J’ai vu débarquer deux garagistes à la retraite dans un coupé Mercedes et deux autres sont arrivés à pied avec leurs dreads et leur sac à dos, s’amuse Lilian, un autre membre du réseau Tripalium. Et même s’il viennent pour des choses différentes, l’idée est qu’ils repartent en se disant : je peux être autonome ».

La poésie de l’éolienne

Si à l’issue du stage, une personne a besoin de retravailler un point particulier, elle peut assister gratuitement à une autre formation. « Le but est qu’à terme, ils n’aient plus besoin de nous », indique Gillou qui explique que l’autoconstruction permet à la fois la transmission du savoir et la quête d’autonomie : « En fabriquant toi-même, tu décides de rentrer dans un rôle de producteur. Tu n’es pas juste un consommateur, un client qui râle. Tu es producteur de la machine mais aussi de ton énergie ».

Il met aussi en avant le caractère politique du Do it Yourself (faites-le vous-même) : l’autoconstruction permet un « niveau minimum d’intervention des institutions » et contribue ainsi à la « décentralisation de la production d’énergie ». Certes, les éoliennes qu’ils fabriquent ne permettent pas une autonomie totale, surtout dans les régions peu venteuses. Pour y remédier, Gillou prône la complémentarité et « la synergie des énergies ».

Hydrolienne, panneaux solaires, biomasse… les sources d’énergie alternatives sont nombreuses. Mais si Gillou et ses compères ont choisi de se spécialiser dans l’éolienne, c’est parce qu’avec ses pâles majestueuses, « c’est le moyen le plus poétique de produire son énergie ». Sans compter que le bois qui constitue les pales est à la fois local et renouvelable.

SOURCE : le tour de France des initiatives, via Reporterre.net

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NDLR : Un petit truc si vous voulez explorer ce sujet, consultez « éolienne en bois » sur google images. Plein de projets apparaîtront et il vous suffira de cliquer deux fois sur l’image choisie pour accéder à l’article…