Ça va mal : Allemagne, Europe, Bulles…. Pour y voir un peu plus clair

L’Allemagne et sa politique d’austérité  nous est présentée comme une réussite et un modèle par les tenant du libéralisme. Ce n’est pas tout à fait l’analyse du journal  économique belge L’Echo  :

 

La dégradation économique de l’Allemagne se confirme

Le climat des affaires s’est dégradé en avril en Allemagne pour le deuxième mois consécutif, avec un indice Ifo en-deçà des estimations les plus pessimistes, confirmant que la première économie européenne peine à sortir de la contraction qu’elle a connue à la fin de 2012.

La chancelière allemande Angela Merkel - AFP Photo

La chancelière allemande Angela Merkel – AFP Photo

L‘indice du climat des affaires calculé par l’institut Ifo a reculé à 104,4 en avril, contre 106,7 en mars. L’estimation médiane de 45 économistes interrogés par Reuters était de 106,2, le pronostic le plus bas étant de 104,8.

Dans les secondes qui ont suivi, l’euro a reculé à son plus bas niveau depuis trois semaines face au dollar tandis que les Bunds remontaient brièvement.

L’enquête de l’institut munichois est réalisée chaque mois auprès de quelque 7.000 entreprises.

L’économie allemande, après avoir bien résisté à la crise de la dette dans la zone euro, s’est contractée au dernier trimestre 2012 et les derniers indicateurs montrent qu’elle a du mal à se redresser, notamment à cause du ralentissement de la croissance en Chine – pays qui faisait office de débouché alternatif pour les exportations allemandes.

« La forte baisse de l’indice Ifo enfonce un nouveau clou dans le cercueil de la reprise cette année« , juge David Brown chez New View Economics. « Compte tenu de l’enquête Ifo, mais aussi de l’indice ZEW (qui mesure le sentiment des investisseurs) et des enquêtes PMI (auprès des directeurs d’achat), l’Allemagne aura de la chance si elle évite la récession sur les deux derniers trimestres. »

La dégradation du climat des affaires, annoncée au lendemain des enquêtes PMI qui montrent une contraction du secteur privé allemand en avril, renforce l’hypothèse d’une baisse des taux de la Banque centrale européenne à l’occasion de sa prochaine réunion monétaire le 2 mai.

 

L’EUPHORIE DU DÉBUT 2013 A DISPARU

De récentes annonces de grandes entreprises confirment la dégradation des conditions économiques. BASF a annoncé 500 suppressions d’emplois, Bosch a fait état d’un ralentissement de ses ventes au premier trimestre et le bénéfice de Daimler s’est réduit de plus de moitié sur ces trois mois.

L’enquête Ifo montre que les entreprises sont plus pessimistes quant à leurs perspectives. Le sous-indice qui mesure leurs anticipations a reculé à 101,6 contre 103,6, tandis que celui des conditions actuelles s’affaissait à 107,2 contre 109,9.

Après une accalmie de plusieurs mois, la crise de la zone euro s’est rallumée en mars avec le plan de sauvetage controversé de Chypre et les élections italiennes indécises – deux facteurs qui ont contribué à la dégradation du climat des affaires.

« L’euphorie du début de l’année s’est évaporée », relève Andreas Scheürle, chez Dekabank. « Cela est dû aux derniers développements en Europe : l’impasse politique italienne, puis le sauvetage difficile de Chypre et l’invalidation de certains pans du plan d’austérité portugais.

« En période favorable, l’économie mondiale aurait permis de compenser mais la croissance chinoise ralentit, il y a des bruits de bottes en Corée du Nord et même les indicateurs américains commencent à faiblir. Pas étonnant, dans ces conditions, que les entreprises ne croient plus à une reprise dynamique. »

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ASSEMBLÉE EUROPÉENNE :

La politique d’austérité va « trop loin » selon le président du Parlement européen

 

Les gouvernements des pays de l’UE vont « beaucoup trop loin » dans la politique d’austérité, juge le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, dans un entretien avec le quotidien belge L’Echo samedi 27 avril.

« Concernant le niveau national, nous sommes engagés beaucoup trop loin dans la politique d’austérité. L’argument qui consiste à dire qu’avec la réduction des budgets publics la confiance des investisseurs revient est manifestement faux », affirme M. Schulz au moment où le débat entre austérité et relance fait rage sur fond de récession et de chômage massif en Europe. Pour lui, « aucune économie nationale ne se redresse sans une relance économique avec des investissements stratégiques ».

 

A propos de la position de la chancelière allemande, qui défend l’orthodoxie budgétaire et dont les socialistes français ont fustigé « l’intransigeance égoïste », M. Schulz estime qu’« on ne peut pas accuser Angela Merkel de décider seule, alors qu’il y a 26 autres dirigeants autour de la table » au Conseil européen et que l’Allemagne « n’a qu’une voix ».

« Le seul qui a contredit cette approche, c’est François Hollande, qui a demandé un paquet croissance. Mais où sont restées ces mesures ? Je vais le répéter, le 22 mai, à nouveau aux dirigeants européens » lors du prochain sommet, promet M. Schulz.

« L’UE EST DANS UN ÉTAT LAMENTABLE »

Concernant le projet européen dans son ensemble à l’approche des élections européennes de 2014, il dit « comprendre les gens qui sont déçus » et juge que « l’Union européenne est dans un état lamentable ». « Il faut aller chercher les citoyens là où ils se trouvent. Et ils se trouvent actuellement dans une situation de scepticisme compréhensible : il y a l’inefficacité de l’Union européenne, le manque de transparence dans les décisions, une troïka qui impose certaines mesures aux pays, relève-t-il. La Banque centrale européenne, quelle est sa responsabilité démocratique ? Le FMI, quelle est sa responsabilité démocratique ? Il faut qu’on admette que les gens ne comprennent plus le fonctionnement de l’UE. »

M. Schulz, interrogé pour savoir s’il sera le candidat des socialistes à la présidence de la Commission européenne, juge qu’« il est trop tôt pour répondre à cette question ». Mais « je prends note que mon nom est souvent mentionné, tout comme celui de [l’actuel président de la Commission José Manuel] Barroso », dit-il.

SOURCE : lemonde/économie

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ILS FONT DES BULLES, ILS FONT DES BULLES CES FINANCIERS QUI DANSENT  SUR NOS TOMBES..

(L’article est un peu long, mais  simple. Il permet de mieux comprendre les analyses du Cassandre hebdomadaire de BFM, Olivier Delamarche)

Les lois économiques sont têtues

 

On a appris récemment que la Banque centrale du Japon allait émettre une importante quantité de monnaie sur les deux années à venir, équivalente à la base monétaire actuelle. Voilà une opération peu banale ! Imaginez cela en France. Tous les économistes attestés ou improvisés feraient tourner leurs calculettes pour juger de la pertinence d’une telle opération en essayant d’en évaluer les effets à moyen et long terme. Comment imaginer une telle fantaisie sans que quelques inquiétudes puissent naître en Europe ou ailleurs avec une BCE encore hésitante à suivre les traces de ses semblables aux accents de faux-monnayeurs. Je reviendrai sur cet aspect.

 

Eh oui c’est la mode du moment : la banque centrale des États-Unis (la FED) imprime depuis fin 2008 des quantités phénoménales de monnaie à travers ses opérations de Quantitative Easing (QE). La banque centrale d’Angleterre fait à peu près la même chose. La BCE n’est pas en reste. A présent c’est le Japon. Ce nouveau jeu monétaire international a l’air très excitant à première vue mais j’ai bien peur qu’il révèle à terme quelques addictions avec effets secondaires.

 

L’image souvent employée pour qualifier ces initiatives est celle de « faire tourner la planche à billets  ». Cette métaphore évoque bien entendu les ateliers de fabrication des billets de banque, les vrais, ceux que vous avez dans votre porte-monnaie. Rappelons que la valeur d’une monnaie tient essentiellement sur le pilier de la confiance et que le jour où la confiance est rompue, nos petits billets ne valent plus tripettes. Or joue-t-on aujourd’hui avec cette confiance qui est le fondement même de la stabilité monétaire ?

 

 

Bien entendu, les planches à billets ne tournent pas plus qu’avant l’annonce de ces décisions, la monnaie fiduciaire ne représentant qu’une petite part de la monnaie en circulation. Lorsque les banques centrales créent de la monnaie, elles font davantage tourner les ordinateurs que les ateliers. Le mécanisme est simple : il suffit par exemple de réaliser une opération comptable consistant à créditer ex-nihilo un compte d’une banque commerciale. Aucune opération de débit n’existe en contrepartie. C’est la magie de la finance ! En espérant que cet argent venu de nulle part soit affecté à bon escient et qu’il lubrifie les circuits économiques quelque peu grippés en ces temps.

 

Pour revenir au Japon, rappelons que ce pays est en déflation depuis 15 ou 20 ans, avec en traduction un PIB qui ne cesse de reculer en nominal. La banque centrale achètera donc massivement des emprunts d’Etat espérant que cet argent irriguera l’économie tout en cassant la spirale infernale de la déflation. C’est le pari qui est pris !

 

(La déflation est le pire scénario pour une économie : pour faire simple, pourquoi acheter aujourd’hui un produit qui sera moins cher demain ; l’économie se grippe !)

 

En procédant ainsi, elle compte doper l’activité économique par la baisse du yen avec comme corollaire une augmentation des exportations. Notons aussi que la dévaluation du yen profitera allègrement aux nombreux retraités qui disposant de grandes quantités d’avoirs libellés en dollars pourront ainsi par une augmentation de leur niveau de richesse contribuer à résoudre l’énorme problème de dette. La politique des taux bas (voire nuls) n’ayant pas suffi à relancer son économie, elle a donc décidé d’employer les grands moyens.

 

En économie les choses sont à la fois simples et compliquées. La création monétaire déconnectée de la réalité économique fait baisser mécaniquement la valeur d’une monnaie. C’est tout simple, si vous inondez un marché de pommes de terre, vous faites baisser les prix. Mais toute médaille a son revers. N’oublions pas que le Japon a un besoin énorme de ressources énergétiques non disponibles sur son territoire. Les centrales nucléaires étant à l’arrêt, il doit importer davantage de pétrole et de gaz. Il devra donc payer son énergie environ 50% plus cher si le yen baisse de 30% (et il a déjà baissé de 20 à 25% selon les monnaies). Comme tout pari, il peut être gagnant ou perdant. Si les prix de l’énergie viennent à augmenter rapidement, la facture risque d’être salée !

 

 

Vous avez déjà entendu parler mille fois des politiques non conventionnelles pratiquées par la BCE ou autres banques centrales. Si politiques non conventionnelles il y a, effets non conventionnels il pourrait y avoir ! Et comme ils seront non conventionnels, on a quelque peine à les deviner, les dessiner, les caractériser : explosion de la zone euro, (hyper)inflation, constitution de bulles géantes avec géantes explosions de bulles (les supernovæ de la finance), défaut partiel des états ? Personne ne sait, personne ne comprend, personne n’est préparé ou se prépare. C’est la grande inconnue de cette nouvelle équation monétaire sortie des cerveaux fertiles de nos banquiers centraux.

 

Jusqu’à présent la BCE laisserait débranchée sa planche à billets ! C’est partiellement vrai, car elle a fortement fait gonfler son bilan avec des actifs que l’on qualifiait de toxiques il n’y a pas si longtemps (tels les rachats de dettes de pays en difficulté). Pourra-t-elle un jour assainir ce bilan en revendant à bon prix ces actifs qui aujourd’hui n’offrent guère plus d’assurance quant à leurs valeurs futures. Rien n’est moins sûr. De ce fait elle crée quand même par des détours sinueux une certaine quantité de monnaie en court-circuitant les mécanismes standards du marché. Elle l’a fait aussi en injectant des liquidités à hauteur de 1000 milliards d’euros environ, fin 2011 et début 2012, mais de manière temporaire puisqu’il s’agissait de prêts sur 3 ans que les banques commencent à rembourser (on détruit donc la monnaie qui fût crée). Ces opérations avaient pour objectif à la fois de fluidifier le système bancaire et permettre aux banques de prêter aux états à des taux plus bas que le marché. Entre parenthèse les banques se refaisaient une santé par des marges significatives en empruntant à la BCE à des taux réduits.

 

Revenons aux Etats-Unis. La FED poursuit ses opérations de Quantitative Easing qui avoisinent les 85 milliards de dollars par mois (rachat de dettes immobilières et achat d’obligations). Une coquette somme ! Pour donner une idée cela correspondrait à près de 140 milliards d’euros annuel pour la France toute proportion gardée (rapporté au PIB). Notre déficit est de 90 milliards d’euros. Alors ferait-on du Qantitative Easing sans le savoir ? Pas tout à fait : la France pour financer son déficit emprunte sur les marchés (donc pas de création monétaire en théorie, quoiqu’il faille parfois nuancer) et l’état fédéral américain emprunte à la généreuse FED qui a ce pouvoir de créer de la monnaie en quantité illimitée. La différence n’est pas mineure car les marchés n’ont certainement pas les mêmes vertus.

 

Ces opérations visent à maintenir des taux d’intérêts bas sur la dette américaine, à faire progresser la valeur des actifs (actions, immobilier, avec risque évident de voir naître de nouvelles bulles), pour créer ce qu’on appelle un effet de richesse et redonner confiance à la fois aux investisseurs et aux ménages qui consommeront davantage. Auraient-ils déjà oublié la crise des subprimes et l’explosion des bulles boursières de 2000 et 2007 ? La politique des taux bas ne peut qu’engendrer des bulles. C’est assez facile à comprendre : si l’argent est bon marché vous pouvez en acheter autant que voulez (c’est ce que fait l’état fédéral). La facture sera présentée plus tard !

 

Prenons un exemple de la vie de tous jours. Si demain l’essence devient gratuite (subventionnée par l’état !), les automobilistes vont rouler davantage et d’ailleurs pourquoi se priver d’une telle opportunité. Mais au lieu de parcourir 10000 km par an, ils en parcourront 30000, la facture d’une voiture neuve leur sera vite présentée, avec quelques réparations entre temps ! J’oubliais les nouveaux impôts pour financer la demande en carburant gratuit 3 fois plus importante. Résultat : la gratuité de l’essence dans cet exemple engendre pour l’automobiliste un coût final 3 fois plus élevé ! La gratuité d’un produit peut coûter très cher. Le bon sens de la rue ne dit-il pas « ben tu sais, ya rien d’gratuit dans la vie ! »

 

Que penser alors d’une monnaie quasi gratuite et abondante ?

 

Pourquoi ai-je fait allusion aux faux-monnayeurs ? Non pas que ces banques centrales soient dans l’illégalité. Elles sont libres d’imprimer autant de billets qu’elles le souhaitent. Elles émettent tout simplement de la monnaie au-delà de ce qu’une économie exige comme ajustements. Si par exemple le PIB d’un pays augmente en nominal de 5% (croissance en volume à laquelle on ajoute l’inflation) il est logique d’augmenter la masse monétaire de 5%. Augmenter la masse monétaire très au-delà du taux de croissance revient à doper artificiellement une économie, à créer des bulles spéculatives, ou créer de l’inflation.

La richesse d’un pays dépend moins de la monnaie créée que de ses capacités à innover, à être compétitif, à posséder des ressources naturelles (matières premières, énergie, terres cultivables), à disposer d’une force de vente à l’étranger.

Une question que je me pose : si on pouvait enrichir un pays ou faire décoller une économie en créant de la monnaie, pourquoi les pays pauvres ne l’ont-ils pas déjà fait ? Pourquoi ne créditent-ils pas l’équivalent 1000, 5000 ou 10000 euros sur tous les comptes bancaires de leurs citoyens pour doper leur pouvoir d’achat et les exportations par la baisse de la monnaie ?

Si les opérations de Mr Ben Bernanke directeur de la FED sont si géniales, pourquoi n’injecte-t-il pas davantage de monnaie encore. Les tuyaux où coule l’argent sont sûrement trop étroits. Toujours plus de monnaie, toujours plus d’activités, toujours plus de croissance, toujours moins de chômeurs et toujours plus de richesses ? Pas si simple … l’économie a cette propriété incroyable, celle du rééquilibrage, du rattrapage ; elle déploie quand nécessaire ses forces de rappel. Tout excès est condamné à être annihilé d’une manière au d’une autre. Toute bulle (financière ou immobilière) ne demande qu’à éclater. Personne ne sait quand, ni l’ampleur, ni en combien de temps. La magie n’existe pas en économie ; il n’y a que des processus initiés par des hommes jouant parfois aux apprentis-sorciers et des citoyens qui libres encore de leur choix décident de consommer ou d’épargner, d’acheter des produits Made in France ou Made in China.

Personne ne peut prévoir le comportement des citoyens en temps de crise. François Hollande a cru que la croissance reviendrait en imaginant les épargnants puiser dans leur matelas d’épargne ! C’est le contraire qui se produit : les citoyens épargnent encore davantage de peur du lendemain (accentuée par des hausses récurrentes d’impôts et une légendaire instabilité fiscale). Ils ont peut-être trop bien compris le message si souvent répété « préparez votre future retraite par une part de capitalisation ».

 

Les trapézistes de l’extrême (comprenez la troïka : BCE, FMI, Europe) ont-ils déployé des filets de sécurité pour amortir les possibles chutes ? Difficile de le croire, pétris de certitudes qu’ils sont ! A croire que leurs numéros sont bien rodés ; le problème est qu’aucune expérience de cette nature n’a été menée dans le passé (pas même durant la crise de 1929) ; l’apprentissage n’a donc pas fait son œuvre. Par conséquent on ne peut envisager sérieusement la forme que prendront les résultats à venir ni les conséquences. En France nous avons nos fameux amortisseurs sociaux qui adoucissent les grosses secousses, mais sont-ils dimensionnés pour subir des chocs plus importants ? Si les amortisseurs cassent, c’est la voiture qui casse, donc tout le système.

Les décisions prises par les banques centrales ou les gouvernements sont peut-être dictées par la gravité et l’ampleur de la crise. Pourquoi pas, et pour garder un peu d’espoir, raccrochons nous à l’expertise de nos banquiers centraux et de nos ministres des finances. Néanmoins derrière ces décisions on pointe le refus de l’évidence, je veux dire de l’acceptation des grands cycles macro-économiques. Pendant 35 ans, juste après les trente glorieuses (de 1945 à 1975) la France a toujours voté des budgets déficitaires pour essayer de maintenir la croissance qui montrait des signes de faiblesse. Ces déficits cumulés nous amenant tranquillement à la dette que l’on connaît aujourd’hui, ont dopé artificiellement notre économie. Nous arrivons maintenant au bout de ce processus ; l’état français poussé par l’Allemagne et les instances européennes (et peut-être demain par les marchés) a désormais le devoir impératif de revenir à une meilleure gestion et initier un cycle de désendettement salvateur. C’est le processus inverse de celui qui a prévalu de 1975 à nos jours. Il ne peut que conduire à une récession que l’on doit malheureusement intégrer dans nos esprits. Remarquons cependant que les idées changent vite et que les discours de ces derniers jours ont des accents différents.

Les grandes lois de l’économie nous rappellent à l’ordre. Elles sont têtues, et c’est bien là le problème posé à nos gouvernants. Face à la crise, ils sur-réagissent. Lors du précédent quinquennat, le gouvernement a laissé filer les déficits en faisant progresser une dette comme jamais expérimenté dans le passé : rappelons que la dette a augmenté de plus 500 milliards d’euros en 5 ans (une belle facture pour nous et nos enfants !). Les plans de relance n’ont rien relancé ou si peu ; la croissance de 2013 sera encore proche de 0 ou négative, celle de 2014 à peine meilleure selon les prévisionnistes.

Bon, tout cela ne me paraît pas très rassurant. La mondialisation ne vise plus uniquement les échanges de produits, de capitaux, et de personnes. Elle s’installe désormais de manière plus marquée dans des opérations monétaires de grande envergure (guerre des monnaies) à échelle planétaire où chaque pays joue sa propre carte, un jeu plutôt dangereux dont on ignore l’issue et le score final. En attendant les ordinateurs tournent à fond pour créer des dollars, des yens, des livres, et demain peut-être des euros (mais chuuutt … il ne faut pas le dire la BCE le fait déjà !).

Alain Desert pour Agora Vox