Les Johnson : un couple, deux enfants et un minimum de déchets depuis trois ans

Béa Johnson et sa famille sont connus Outre Atlantique pour un défi qu’ils relèvent depuis trois ans : vivre sans générer de déchets.

Pourquoi ce choix ? Comment s’organise leur quotidien ?

Une consommation vide de sens

Béa Johnson Zero Waste Home

Béa Johnson est française. Originaire d’Avignon, elle est arrivée aux Etats-Unis en tant que fille au pair. Elle y a rencontré son mari et n’est jamais repartie, adoptant alors le mode de vie américain : grosse maison, 4×4, chien, etc. Pendant sept ans, la jeune femme s’est bercée d’illusions dans le soi-disant bonheur offert par l’hyperconsommation : « au bout d’un moment j’ai ressenti un grand vide, un profond malaise et une immense insatisfaction, comme si une partie de moi mourrait » m’a-t-elle confié il y a plus d’un an.


Zero Waste HomeC’est alors qu’elle persuade son mari de déménager
, d’aller vivre à l’extérieur de cette immense agglomération qu’est San Francisco : ils choisissent Mill Valley, dans la banlieue nord, à côté de Sausalito. Tout est plus proche mais aussi plus cher, dans cette bourgade aisée, si bien que les Johnson mettent deux ans avant de trouver une demeure à leur goût. Deux ans pendant lesquels ils vivent en appartement, en laissant la majorité de leur mobilier dans un garde-meubles. Ils constatent alors à quel point le strict nécessaire leur suffit au quotidien. « L’expérience nous a plu, le reste s’est révélé superflu : on a tout vendu pour s’installer dans une maison deux fois plus petite qu’avant, on a donné tout ce dont nous n’avions plus l’usage, et nous avons entamé une nouvelle vie, avec peu de choses« , se souvient-elle.

Avec le temps, Béa Johnson s’enrichit de ce dont elle s’allège. Son mari, Scott, ne ressent pas le changement de la même manière : pour lui, c’est surtout le temps retrouvé qui compte. « Le moins on a, le plus on passe du temps ensemble, à faire ce que l’on a envie de faire« , analyse la jeune femme.

 

Un quotidien sans déchet

Forts de cette prise de conscience, les Johnson commencent à s’informer et à se documenter sur l’écologie, le désencombrement, la sobriété heureuse. Béa ouvreun blog pour partager leur expérience et échanger avec d’autres sur leur changement de mode de vie. Aujourd’hui, ils ne génèrent que quelques poignées de détritus par an.

Cuisine Zero Waste HomeAu quotidien, ils revoient leurs habitudes, scrutant chaque détail, évaluant chaque besoin, raisonnant chaque envie. Pour faire les courses, Béa s’approvisionne dans des magasins où il est possible d’acheter les produits en vrac (grains, céréales, farines, quelques goûters). Elle a confectionné des sacs en tissu sur lesquels elle a inscrit le poids du sac : lors du passage en caisse, il suffit alors de peser et de déduire le poids du contenant. Elle utilise aussi des bocaux en verre de un litre dans lesquels elle met du fromage, de la viande, du poisson, de la charcuterie, et réserve le dernier pour les envies du moment (olives, miel ou huile). Depuis, sa cuisine est remplie de bocaux en verre dans lesquels sont entreposées les denrées alimentaires.

Les cosmétiques font partie, avec les médicaments et le nécessaire de bricolage, des éléments les plus difficiles à gérer sans déchets : tout est sur-emballés, alors il faut ruser.

Salle de bain Zero Waste HomeDans la salle de bain, le plus dur fut de supprimer la poubelle. Béa a remplacé les cotons par des lingettes lavables. Elle produit elle-même les cosmétiques et produits d’hygiène, et n’utilise plus qu’un produit de beauté issu du commerce : une crème de protection solaire. Pour les joues, un peu de chocolat en poudre suffit; pour les lèvres, elle fabrique son propre baume à base de cire d’abeille et d’huile de sésame, « qui ne sent pas et concentre beaucoup de vitamine E« . Naturellement, shampoing, démêlant et savon sont achetés en vrac.

Garde Robe Zero Waste HomePour les vêtements, Béa s’est inspiré de son passage dans une école de mode pour choisir des habits utilisables d’une saison sur l’autre, d’une occasion à l’autre. Aussi possède-t-elle exactement deux robes, deux jupes, trois pantalons, un short, trois pulls, sept hauts, six paires de chaussures (dont une paire de chaussons), sept culottes, quelques paires de chaussettes et collants, et un soutien-gorge. « Ma robe peut être mise sur un jean, ou sans rien, avec un t-shirt ou non« , explique-t-elle.

master Zero Waste HomeLes séances de shopping se déroulent deux fois par an : « à la mi-avril par exemple, la saison change et j’en profite pour renouveler ce qui doit être remplacé. Je vais généralement dans un magasin de fripes où je trouve tout ce qu’il faut pour les enfants, trois quart de ce qu’il me faut et la moitié de ce qu’il faut pour Scott. » Pour les costumes, elle achète du neuf de bonne qualité. Idem pour son jean et ses chaussures, qu’elle maximise pour un usage en toute saison. Sans oublier les couleurs, choisies pour être facilement assorties.

Salon Zero Waste HomeLa moitié de l’ameublement est issue de récup’, le reste a été acheté neuf et de qualité, pour durer. « Nous avons une télévision pour regarder des films, les photos et écouter la radio. Il n’y a pas de console, mais un ordinateur. Les enfants, Max et Léo, trouvent ça mieux de vivre avec moins: c’est moins dur à nettoyer et ranger. Ils ont progressivement réduit les jouets, et cela est devenu naturel pour eux« . Ils louent beaucoup de films et de livres à la bibliothèque.

Refuser avant tout

Aussi Béa insiste-t-elle en permanence sur le besoin de refuser et réduire un maximum de superflu à la source. Sa devise est d’ailleurs la suivante: « refuse, reduce, reuse, recycle, rot » (refuser, réduire, réutiliser, recycler, composter). Le recyclage n’est pas LA solution pour elle, ni même le principe d’éco-conception d’un produit « qui finira encore trop souvent en déchetterie« . Par son choix de vie, elle souhaite montrer à quel point il est facile de désencombrer et vivre pleinement.

Avec le temps, elle a prouvé à ses proches que ce mode de vie permettait de réaliser des économies : un tiers des dépenses pour la nourriture ont été réduites. « Les gens se disent qu’ils n’ont pas le temps et se disent que cela va coûter trop cher. Bien sûr, il faut être organisé pour y arriver. Mais après, cela prend moins de temps : on réfléchi en deux fois avant d’acheter, cela réduit les dépenses et le temps investis dans le superflu », résume-t-elle.

Le mieux pour en être convaincu est d’essayer, de tester pour approuver. « Le hic, c’est que les gens sont un peu flemmards et ont du mal à changer leurs habitudes« , estime-t-elle. Durant l’été 2011, elle a mené l’expérience « zéro déchet » pour sa mère, qui habite dans le sud-est de la France. « Ce fut facile car il y a plus de marchés en France, mais la fraîcheur du vrac n’est pas toujours optimale et je n’ai guère vu de liquide type shampoing à disposition« .

Aux Etats-Unis, son mode de vie a été largement relayé dans les médias. Béa Johnson intervient fréquemment pour expliquer les rudiments d’une « vie simplifiée » et travaille actuellement sur un livre à paraître en avril 2013Zero Waste Home: The Ultimate Guide to Simplifying Your Life by Reducing Your Waste.

Source : http://alternatives.blog.lemonde.fr

 

Et toi chère lecteur, des idées à partager ??? 😉

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