Le Japon au bord de la récession
Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a reculé de 0,9% entre juillet et septembre, affecté par un repli des exportations sur fond de mauvaise conjoncture mondiale et par une baisse de la consommation des ménages, ont confirmé lundi des données révisées du gouvernement. En rythme annualisé, le repli a atteint 3,5% par rapport à la période d’avril à juin, comme l’avaient aussi indiqué des chiffres préliminaires publiés mi-novembre.
Selon les nouvelles données publiées lundi, le PIB a en outre été stable au deuxième trimestre, ce qui signifie que la troisième puissance économique mondiale est au bord d’une récession, caractérisée par une baisse lors de deux trimestres de suite. L’archipel serait même déjà entré en récession lors du quatrième trimestre toujours en cours, estiment d’ores et déjà de nombreux économistes.
Au troisième trimestre, l’économie japonaise a pâti d’une chute de 5,1% de ses exportations par rapport au deuxième, les groupes industriels nippons subissant le contrecoup du ralentissement économique mondial. Les livraisons ont particulièrement fléchi à destination de Chine en croissance moins forte, qui constitue le premier client de l’archipel, et vers l’Europe endettée en cure d’austérité.
Dans l’Empire du milieu, les produits nippons ont en outre été parfois boudés à cause d’un différend diplomatique entre le Japon et la Chine autour de la souveraineté sur des îles de mer de Chine orientale. La consommation des ménages a aussi fléchi de 0,5%, les Japonais se montrant prudents au vu de la fragilité de l’activité et inquiets pour leurs revenus. En fin de période, ils ont de surcroît limité leurs achats d’automobiles qui avaient bénéficié jusqu’au début septembre de subventions publiques.
Confrontées à ce marasme tant à l’étranger qu’au Japon, les entreprises ont nettement réduit leurs investissements productifs (-3,0%). La demande a certes été tirée par une progression de 0,8% des commandes publiques, dopées par les besoins de reconstruction du nord-est dévasté par un séisme, un tsunami et un accident nucléaire en mars 2011. Ce soutien gouvernemental n’a cependant pas été suffisant pour empêcher la contraction générale de l’activité.
Encouragée par ces aides publiques, la croissance nippone avait été robuste au premier trimestre mais s’est essoufflée depuis, une mauvaise nouvelle pour le pouvoir de centre-gauche qui affronte le 16 décembre des élections législatives en position très difficile. Le principal parti de la droite japonaise, le Parti Libéral-Démocrate, est le grand favori de ce scrutin. En cas de victoire, son chef Shinzo Abe, qui deviendrait Premier ministre, a promis d’amplifier la dépense publique pour soutenir l’activité et d’exiger une politique monétaire plus souple de la Banque du Japon pour sortir de la déflation.