Consommation responsable : quand acheter rime avec militer


Des campagnes de boycott aux éco-labels, « consommer responsable » emprunte des chemins variés dans notre monde globalisé.

Cette mouvance existe déjà depuis plus de deux siècles, mais aujourd’hui elle cible tout particulièrement les pratiques des grandes entreprises. Cependant, si les commerces équitables et biologiques tendent à prendre une ampleur quasi-industrielle, leur impact reste encore marginal.
Consommer – ou non – peut être un acte politique ou engagé. Et c’est une forme d’action relativement ancienne, même si, à ses débuts, elle prend surtout la forme de boycotts. Le boycott du thé anglais joue ainsi un rôle important au début de la guerre d’indépendance américaine. En Inde, Gandhi mène le boycott des produits textiles anglais et la marche du sel -deux moments forts du mouvement du pays vers son indépendance.

Aux USA, en 1955, la campagne de boycott des bus qui marque le mouvement pour l’abrogation des lois racistes commence lorsque Rosa Parks refuse de céder son siège à un blanc dans un bus. Même si certains boycotts plus politiques existent encore (produits sud-africains ou israéliens, …), le mouvement pourtant à changé. Il vise désormais davantage les pratiques des grandes entreprises. Et il prend désormais des formes différentes, et en particulier celle du commerce équitable.
Mouvements de consommateurs
Les mouvements de consommateurs trouvent leur origine dès le XIXe siècle, mais prennent leur essor après la Deuxième guerre mondiale. En France, l’Union fédérale des consommateurs (UFC) – appelée initialement Union fédérale de la consommation – est créée en 1951. Dans les années 60, on assiste à un changement d’attitude face à l’acte de consommer : on pourrait consommer moins, et surtout différemment, sans modifier, voire en améliorant, notre niveau de vie. (voir Fiche Décroissance). Aux USA, Public Citizen et l’avocat Ralph Nader mènent de grands procès collectifs contre les entreprises.
Le commerce équitable
Lancé après la deuxième guerre mondiale, le commerce équitable a été fondé sur un cahier des charges assurant aux producteurs une rémunération plus élevée et donc plus juste de leur production. En échange de cette rémunération, les producteurs s’engagent sur un certain nombre de points : interdiction du travail des enfants, santé et sécurité au travail, interdiction du travail forcé, non-discrimination entre hommes et femmes, entre personnes de races, de religions différentes, contrôle des heures de travail, liberté syndicale… [Débat]
Le commerce équitable n’est pas exclusivement un commerce Nord-Sud. Il trouvé sa déclinaison dans les pays du Nord, avec de le développement de filières alternatives comme les circuits-courts (directement du producteur au consommateur, sans passer par la grande distribution, comme les AMAP), ou dans des démarches solidaires vis-à-vis de populations défavorisées.
Grande distribution
Les filières équitables étaient à l’origine de petites structures chargées de l’importation et de la vente directe aux consommateurs, en dehors des circuits classiques de distribution. Mais depuis une dizaine d’années, un nombre croissant d’acteurs est distribués dans les grandes surfaces. [Débat]
En conséquence, leurs ventes ont augmenté considérablement : au niveau mondial, elles atteignent plus de 1,6 milliard d’euros en 2006, soit une croissance de plus de 42 % par rapport à 2005. Cette croissance engage le commerce équitable sur la voie de l’industrialisation. Certains contestent cette démarche et se demandent si elle reste compatible avec les objectifs initiaux.
Accès à l’information
Un consommateur ne peut exercer un choix responsable que s’il dispose d’informations sur les conditions sociales et environnementales de la production. C’est pourquoi, les différents mouvements impliqués dans le commerce équitable et la consommation responsable insistent sur la nécessité de transparence des entreprises et la traçabilité des produits. Une partie importante de leur activité consiste à informer ou à sensibiliser le public.
Les labels
Afin de faciliter la décision des consommateurs, toute une série de labels ont été créés, qui sont autant de repères. Toutefois, cette multiplication des labels finit par brouiller la situation. Pour compliquer le tout, les labels sont souvent différents d’un pays à l’autre. Pire, certains labels que se décernent eux même les producteurs ne sont que des outils marketing. [Débat]
Pour s’y repérer, mieux vaut préférer les labels attribués par un tiers garantissant le respect des engagements, en toute indépendance. En France, le label ‘AB’ (Agriculture biologique) est décerné par ministre de l’agriculture. Le label FSC (Forest Stewardship council) pour le bois durable a été mis en place par les principales organisations écologistes. [Voir fiche thématique normes et labels]
Le système du label écologique européen, mis en place en 1992, a été précédé par des programmes tels que l’Ange bleu allemand (1977) et le Cygne nordique (1989).
Equitable ou bio
Les consommateurs responsables sont parfois confrontés à un choix difficile : acheter bio [Débat] OU équitable. En effet, les produit équitables viennent souvent de l’autre coté de la planète : il a fallu dépenser de l’énergie pour les transporter jusqu’au lieu de leur consommation et donc dégager beaucoup de gaz à effet de serre. Vaut-il mieux des haricots bio produits dans la région (consommer local) ou bien des haricots produits dans une ferme équitable du Kenya ? Il n’y a pas de réponse simple à cette question : cela dépend de la nature précise des produits, de leurs conditions exactes de production et de la sensibilité du consommateur.
Efficacité
La question de l’efficacité réelle du commerce responsable peut être posée. Même si celui-ci croît rapidement, il ne représente encore qu’un partie extrêmement marginale du commerce : quelques pourcents au maximum sur quelques produits phares, comme le café. Si l’usage de bois certifiés se développe, cela n’arrête toujours pas la déforestation.
Reste que des centaines de milliers de personnes bénéficient de ce commerce.
Par ailleurs, si les pouvoirs publics introduisaient des critères bio ou équitables dans leurs appels d’offres, ils pourraient modifier profondément le fonctionnement des filières : cantines bio ou bois labélisés dans les bâtiments publics pourraient représenter des marchés considérables. Mais si la demande venait à augmenter considérablement, le secteur équitable aurait beaucoup de mal à augmenter sa production. Et il n’est pas sûr qu’il puisse le faire en restant fidèle à ses engagements de base.

 

source: http://www.goodplanet.info/Economie/Consommer/Consommation-responsable/(theme)/277